Après la façade Ouest en janvier, de nouveaux éboulements se sont produits côté Est fin avril 2016. Le Mont Granier, aux confins de l’Isère et de la Savoie, est en constant mouvement. Comme un volcan, après une phase de sommeil, il entre en activité.
Il y a 4 mois, 120.000 m3 de roche se détachaient du Mont Granier dans un fracas épouvantable. Un éboulement qui laissait des traces : une immense saignée de 20 mètres de large sur 200 mètres de haut bien visible depuis la petite commune d’Entremont-le-Vieux.
Ces derniers jours, trois nouveaux éboulements importants se sont produits. Cette fois, c’est la façade Est qui a été impactée. Dans la nuit du jeudi 28 au vendredi 29 avril, dans la soirée de vendredi et de nouveau samedi matin. A chaque fois, environ 10.000 m3 de roches se sont détachés de la montagne, selon les premières estimations effectuées d’après les relevés du réseau Sismalp, et les travaux du labo Isterre Grenoble.
« On est dans une période d’instabilité massive »
Fabien Hobléa enseignant-chercheur au CNRS à l’Université de Savoie compare le Mont Granier à un volcan : » La face nord du Granier est tout le temps active. Il n’y a pas un jour sans qu’un bloc se détache. C’est comme un volcan en activité qui émet toujours des fumerolles. Ca n’empêche pas les gens de visiter de temps en temps. Et il y a des périodes d’éruption. Et là, on est dans une période d’instabilité massive liée aux conditions climatiques essentiellement. »
Les mêmes causes produisent les mêmes effets
A chaque fois, ce sont les aléas climatiques qui fragilisent la montagne. La pluie s’infiltre dans les fissures, quand il fait froid l’eau gèle et fait pression sur la paroi, et au moment du dégel, la roche s’effrite.
Cette activité n’est pas une nouveauté. Le Mont Granier est en mouvement constant et donc très surveillé. Mais si, depuis 20 ans, cette activité restait très limitée (quelques éboulis, de faible ampleur, le plus souvent stoppés par la forêt ou les reliefs naturels), ces derniers mois, la montagne semble bouger davantage.
Les scientifiques vont donc étudier de près ces mouvements grâce notamment à des « fissuromètres », installés à l’intérieur de la montagne qui permetteront de savoir si les mouvements externes trahissent des mouvements internes. Quand le temps le permettra, des géologues experts du RTM (Restauration des Terrains de Montagne) survoleront également la zone.
Reportage de Jean-Christophe Pain, Dominique Bourget et Jean-Jacques Picca
Après les éboulements du Mont Granier