24 Nov

Lettre du 24 novembre 1915, Léon Mortreux dans l’attente d’une visite familiale

Dans sa carte-lettre du mercredi 24 novembre 1915, Léon Mortreux nous apprend qu’il attend la visite de Fernand Bar sur son lieu de cantonnement. Entre les lignes, on comprend que cette visite est importante pour lui. C’est bon pour le moral. Même quelques heures.

L’oncle de Béthune doit venir par train rejoindre Léon Mortreux à Dierrey près de Troyes en Champagne-Ardenne, le dimanche suivant (28 novembre 1915)

Propos moins personnels, le Sergent Léon Mortreux nous apprend qu’il effectue des déplacements entre Dierrey Saint-Julien où est basé son « peloton spécial » et la 26è Compagnie à « Fontvannes un centre de commandement où les généraux viennent fréquemment. »

Dans cette lettre, Léon Mortreux n’écrit pas davantage sur son activité militaire au sein du « peloton spécial » … dommage.

Pendant ce temps, ce mercredi 24 novembre est relativement calme sur l’ensemble du front.

Léon Mortreux

Léon Mortreux

Fernand Bar

Fernand Bar

Carte-lettre de Léon Mortreux envoyée le 24 novembre 1915 à Fernand Bar qui a quitté provisoirement Béthune pour Paris.

Depuis fin juillet 1915, le sergent Léon Mortreux est affecté à la 26è Compagnie du 41è Régiment d’Infanterie basée à Fontvannes.

 


Correspondance de guerre de il y a cent ans …
 

 

Peloton spécial
Dierrey Saint-Julien (Aube)

Cher Oncle,

Enchanté de tes nouvelles. Je passerai l’après-midi de dimanche à la gare de Fontvannes à t’attendre, car il n’y a pas de gare à Dierrey, c’est Fontvannes qui dessert.

Si tu viens lundi, comme je n’aurais pas la permission d’aller à Fontvannes car c’est un centre de commandement et des généraux viennent fréquemment. Vient donc jusqu’à Dierrey.

Je demanderai la permission de l’exercice du tantôt pour te voir plus longuement.

En tout cas avant de venir à Dierrey demande au poste de garde de Fontvannes si je suis repassé à la 26è compagnie dans ce village où si je suis resté à Dierrey, car je serais navré que tu viennes et que je n’y sois plus. 

Le peloton en effet peut être dissous d’un jour à l’autre.

A te voir donc, mille affectueux baisers.

24/11/1915

Léon

Vu à Fontvannes et Troyes
le 28 novembre

 

 

13 Nov

« Je fais partie d’un peloton spécial » Léon Mortreux

Ce 13 novembre 1915, Léon Mortreux adresse une carte-postale à son oncle Fernand Bar à Béthune. La carte illustre la Fontaine Argence, un célèbre monument de Troyes.

Dans cette correspondance de guerre Léon parle peu de lui, plus de la famille. Il écrit qu’il a reçu des nouvelles de son père à Paris. Ses soeurs vont bien.

Carte-Léon-Mortreux-14-18

Carte postale de Léon Mortreux, envoyée le 13 novembre 1915

Début novembre 1915, le sergent Léon Mortreux quitte Fontvannes pour rejoindre le cantonnement de Dierrey-Saint-Julien près de Troyes.

Je fais partie d’un peloton spécial. Il est question que cela soit pour la Classe 17

 

Léon Mortreux

Léon Mortreux

Fernand Bar

Fernand Bar

Carte postale de Léon Mortreux à Fernand Bar, envoyée le 13 novembre 1915

Léon pense à son frère Pierre Mortreux décédé en janvier 1915, « il y a un an Pierre partait pour le front »

 

Correspondance de guerre, il y a cent ans …

Carte-postale-Léon-Morteux-14-18

13 novembre 1915

Cher Oncle,

Je t’ai écrit pour le 29 octobre et pense que ma lettre t’aura trouvé en bonne santé. Comment vas-tu présentement ? Mon enveloppe te remettait aussi une lettre pour mon oncle Auguste, et une autre pour ma tante Louise. Je te demandais leurs adresses.

Papa m’écrit qu’il va bien. Berthe et les petites aussi. Il dit que ma soeur a l’air de se plaire au ministère et que la Toussaint a été commercialement assez bonne.

Vois-tu quelquefois encore notre dévoué Martial ?

J’aimerai apprendre que rien de neuf n’est venu en fait de bombardements et qu’enfin vous pouvez prendre quelque repos. Suis-je dans le vrai ?

Je reçois fréquemment les journaux anglais et te réitère mes remerciements pour leur envoi ainsi que pour les « Petits Béthunois » qui eux se font plus rares. 

Il y a au 46è un sergent Calibre cousin de Liagent. Calibre, c’est un gradé très énergique, trop quelquefois.

Je fais partie d’un peloton spécial. Il est question que cela soit pour la Classe 17. Mais cela n’est pas affirmatif.

Voici ma nouvelle adresse : 
Sergent Léon Mortreux
46è Régiment d’Infanterie – peloton spécial
Dierrey-Saint-Julien (près d’Estissac) Aube

A te lire. Je t’embrasse de tout coeur.

Ton neveu reconnaissant
Léon

Il y a un an, le 11 novembre que Pierre quittait ??? pour le front

Souvenir à Marie et Jeanne

Que deviennent Robert Plancke et Alphonse Bar ?

 

10 Nov

Le journal de marches de la famille Mortreux sur la carte interactive en novembre 1915

A la veille du 11 novembre… 1915, la famille Mortreux a déjà payé un lourd tribut à la Grande Guerre. Mobilisés dès août 1914, Jules, Léon et Pierre Mortreux ont vu leur destin basculer au cours de l’année écoulée.

Léon Mortreux reste le seul survivant des 3 frères mobilisés dans la guerre.

De lettres en cartes postales, depuis le début de l’année 1915, Léon ne cesse de penser à ses frères dans ses correspondances de guerre.

Je trouve la Mort trop gourmande, trop insatiable.
Léon Mortreux

Jules, Pierre et Léon Mortreux

Jules, Pierre et Léon Mortreux

Pierre et Jules sont morts au combat en Alsace et en Lorraine contre les Allemands début 1915. Seul Léon Mortreux a survécu à ses blessures après la bataille de la Marne en septembre 1914 … en attendant de repartir sur le front.

100 ans après, retrouvez sur la carte interactive de la famille Mortreux dans la Grande Guerre. La carte rappelle les principaux événements des frères Mortreux dans la guerre au 11 novembre 1915 … il y a cent ans.

Cette carte présente un repère au mois de novembre 1915 … dans l’attente des prochaines lettres de guerre écrites par Léon Mortreux il y a cent ans.

 

 

 

31 Oct

« Pas de permission pour les mobilisables » Léon Mortreux

Ce 31 octobre 1915, Léon Mortreux envoie à son oncle Fernand Bar à Béthune une carte postale de Troyes. La ville est située à une vingtaine de kilomètres du cantonnement de Fontvannes.

Comme dans ses précédents courriers, Léon pense à la famille, à ses petites soeurs, souhaite une bonne santé à son oncle. En cette période de Toussaint, Léon songe à ses frères Jules et Pierre morts au combat début 1915.

Je m’associe de coeur et de reconnaissance à la visite que tu vas faire prochainement au cimetière, visite plus cruelle encore cette année.

Pour le sergent Léon Mortreux, rien de nouveau depuis sa dernière lettre. Cela fait maintenant 3 trois mois qu’il officie comme sergent-instructeur de la Classe 16 dans l’attente d’un départ pour le front.

Rien de neuf ici, pas de permission pour les mobilisables.

Carte-31-10-1915-p3

La carte-postale, envoyée par Léon Mortreux, est illustrée du Monument des Bienfaiteurs de la ville de Troyes. Depuis 1900, le monument occupait la place Jean Jaurès. Il a été rasé en 1969.

Léon Mortreux

Léon Mortreux

Fernand Bar

Fernand Bar

Carte postale de Léon Mortreux à Fernand Bar, envoyée le 31 octobre 1915

Dans son courrier Léon Mortreux, anglophone et anglophile, remercie son oncle pour les journaux anglais. Le sergent Mortreux nourrit toujours l’espoir d’une affectation auprès de l’armée anglaise comme traducteur… Léon est d’autant intéressé que les anglais ont fait de Béthune leur quartier général.

Correspondance de guerre il y a cent ans …

Carte-31-101915-p1

Fontvannes
31 octobre 1915

Cher Oncle,

Je viens te remercier pour les journaux anglais que tu m’adresses si fréquemment, je les lis avec grand intérêt et les prête à des camarades causant anglais.

Berthe vient de m’écrire que les petites paraissaient heureuses dans leur nouvelle pension.

Je m’associe de coeur et de reconnaissance à la visite que tu vas faire prochainement au cimetière, visite plus cruelle encore cette année.

Je t’embrasse tendrement.
Léon

Rien de neuf ici, pas de permission pour les mobilisables.

J’espère apprendre que ta santé est bonne et que de nouveaux engins destructifs ne sont plus tombés sur la ville.

J’ai vu la citation du fils Barly dans le Petit Béthunois

Vois-tu les parents  : Oscar, Paul, Charles Bar, etc …

29 Oct

« Parisiens, journalistes … ceux qui voient la guerre de loin… » la rancoeur de Léon Mortreux

Dans sa lettre du 29 octobre 1915, le sergent Léon Mortreux s’inquiète pour sa famille à Béthune. Les obus tombent régulièrement sur la ville.

Léon Mortreux est inquiet et plus encore amer. Sa lettre laisse paraître une certaine rancoeur à l’égard de ceux « qui voient la guerre de loin » alors que les soldats et sa famille doivent subir les canonnades.

Toute autre est la situation des Parisiens qui voient la guerre de loin. Les journalistes qui dégoûtent par les histoires qu’ils racontent sur les tranchées, sur la guerre où ils n’iront jamais.

Son oncle Fernand Bar « exposé aux obus » à Béthune doit venir prochainement à Fontvannes en Champagne lui rendre visite. Mais Léon s’interroge sur un prochain départ pour le front.

Ce vendredi 29 octobre 1915, quand Léon Mortreux écrit cette lettre, un nouveau ministre de la guerre Joseph Gallieni est nommé dans le nouveau gouvernement d’Aristide Briand.

Que va faire de nous le nouveau ministre de la guerre ! Tout cela reste une énigme pour le pauvre trouffion.

Léon Mortreux

Léon Mortreux

Fernand Bar

Fernand Bar

Lettre de Léon Mortreux à Fernand Bar, envoyée le 29 octobre 1915

Plus que les autres jours, en cette période de l’année, Léon Mortreux pense à ses 2 frères, Pierre Mortreux, son cadet tué à Steinbach en janvier 1915 et Jules Mortreux, son aîné tué à Vauquois en mars 1915 .

La Toussaint me rappelle cruellement la mémoire de Jules, Pierre, … et de bien des amis qui étaient presque des frères. Leur souvenir reste impérissable.

Correspondance de guerre il y a cent ans …
 

Fontvannes (Aube)
29 octobre 1915

Cher Oncle,

J’attendais ta lettre pour t’écrire.

Les deux lettres que je t’avais adressées pour te tuyoter au sujet de ta visite projetée pour Fontvannes avaient été mises à la poste à Paris par les sœurs d’un permissionnaire. Je regrette que celle de Béthune soit arrivée trop tard.

Enfin tu as maintenant les heures des trains et j’espère avoir bientôt la joie de te voir.

Je ne sais pas si nous sommes appelés à partir bientôt d’ici. On me dit ce matin que le peloton des instructeurs désignés par le commandement du régiment est dissous ! Que va faire de nous le nouveau ministre de la guerre ! Tout cela reste une énigme pour le pauvre trouffion.

J’ai écrit à Paris et attends une réponse. Je demande à Berthe l’impression de papa sur la catastrophe de la rue Tolbiac. Je voudrais bien qu’elle me dise aussi si elle entre au Ministère (près du 8é arrondissement si mes souvenirs sont exacts).

Je me renseigne auprès de Flore et des petites de ce qu’elles deviennent.

Ce que tu me dis des bombardements de Béthune me navre. Quoi, ils ne bougent donc pas de la région ! Tu auras été à la guerre plus que moi car enfin je ne suis pas exposé aux obus tous les jours…

Quelle poignée de main on doit te donner quand on te revoit après de telles canonnades. Vous vivez vraiment et continuellement d’émotions de la guerre. C’est inconcevable comme le temps agit, comme on se fait à l’insécurité.

Toute autre est la situation des Parisiens qui voient la guerre de loin. Les journalistes qui dégoûtent par les histoires qu’ils racontent sur les tranchées, sur la guerre où ils n’iront jamais.

Je te pense toujours bien portant, mon entorse est bien guérie. Dis à Monsieur Roven que je compatis de toute mon âme à la perte cruelle qu’il vient d’avoir en la personne de son gendre tombé héroïquement.

Merci pour les Petits Béthunois reçus dernièrement. Ils intéressent toujours les fils d’Artois.

La Toussaint me rappelle cruellement la mémoire de Jules, Pierre, … et de bien des amis qui étaient presque des frères. Leur souvenir reste impérissable. La guerre sera longue encore, il y aura encore maints combats pour trouver la vengeance ou la mort.

Dans l’attente de te lire et de t’embrasser je t’envoie mes plus affectueux baisers.
Ton neveu reconnaissant,
Léon

13 Oct

« Rien ne change dans ma situation » Léon Mortreux

Dans sa carte-lettre du 13 octobre 1915, Léon Mortreux se montre peu bavard. Son courrier nous apprend juste qu’il attend avec impatience la visite en Champagne de son oncle Fernand Bar.

Pas à Troyes en tout cas. La ville, située à 14 kilomètres de Fontvannes, est un centre de commandement dans la zone des armées.

Avec la visite de son oncle, Léon espère avoir de vive voix des nouvelles de sa famille et de Béthune … c’est bon pour le moral.

Léon Mortreux

Léon Mortreux

Fernand Bar

Fernand Bar

Lettre de Léon Mortreux à Fernand Bar, envoyée le 13 octobre 1915

« Rien ne change dans ma situation » 
Pour Léon Mortreux, sergent instructeur des jeunes appelés de la Classe 16 à Fontvannes, c’est toujours l’attente d’un départ pour le front.

 

Correspondance de guerre il y a cent ans …

Fontvannes ( Aube )
26è Compagnie – 46è Régiment Infanterie

13 octobre 1915

Cher Oncle,

Ta  lettre m’est parvenue le 12 mais comme j’étais pour la journée aux tranchées au village voisin, je l’ai eue et n’y peux répondre qu’aujourd’hui.

Je ne puis aller à Troyes. Cette ville est dans la zone des armées et nous est consignée. C’est comique car Troyes n’est qu’à 14 kilomètres de Fontvannes.

Si tu venais à Fontvannes dimanche ou lundi je pourrais t’y voir au café Paris par exemple. On te dirait à la gare où il se trouve. On y loge. Ci-inclus, la liste des trains.

J’espère donc te voir, je te pense, j’espère bien portant, ainsi que Papa et Berthe que tu viens de voir.

Rien ne change dans ma situation. Il est autrement grave de regarder maintenant la question balkanique, que de considérer les cas particuliers.

J’espère que tu pourras continuer à me donner d’assez bonnes nouvelles de Béthune.

En te remerciant très vivement pour la visite que tu me rends, je t’embrasse de tout coeur.

Ton neveu reconnaissant
Léon

 

 

03 Oct

Pas de permission depuis un mois pour Léon Mortreux

Dans sa lettre du 3 octobre 1915, le sergent Léon Mortreux ne parle plus de l’offensive réussie en Champagne, comme dans son précédent courrier.

Léon Mortreux, affecté à l’instruction de la Classe 16 au cantonnement de Fontvannes en Champagne, souligne surtout qu’il n’a plus de permission depuis un mois … « ce qui enrichit les bourses ».

Sans autres nouvelles militaires à donner à son oncle, Léon se veut rassurant. Il parle de la famille et de ses soeurs en bonne santé qui font leur rentrée à l’institut Sainte Geneviève à Paris.

Léon Mortreux

Léon Mortreux

Fernand Bar

Fernand Bar

Lettre de Léon Mortreux à Fernand Bar, envoyée le 3 octobre 1915

Dans sa lettre, Léon Mortreux espère « que bientôt toute canonnade aura cessé dans la région. »

 


Correspondance de guerre il y a cent ans …

Fontvannes 3-10-1915

Cher Oncle,

Le vaguemestre m’a remis hier ton mandat que je vais toucher demain lundi. Je te renouvelle tous mes remerciements pour ta gentillesse.

Sois rassuré, je dépenserai sagement, d’ailleurs à Fontvannes, il n’y a pas moyen de faire autrement. Jamais depuis un mois environ nous n’avons de permission, ce qui enrichit les bourses, à quelque point de vue que l’on se place.

Paris m’écrit que les petites entrent à l’institution Saint Geneviève. Aujourd’hui Augustine m’écrit que Flore est venue récemment, en bonne santé. Je pense d’ailleurs que Berthe t’avait parlé de sa visite.

Je n’ai pas d’autres nouvelles à te donner que celles consignées dans la précédente. A l’instant je reçois des « Télégrammes », merci. Pourrais tu m’adresser de là-bas quelques journaux anglais venant d’Angleterre ?

J’espère que bientôt toute canonnade aura cessé dans la région. Je t’espère bien portant et t’embrasse affectueusement.

Ton neveu reconnaissant
Léon

 

29 Sep

« Après l’offensive réussie en Champagne, je suis inquiet pour notre Nord » Léon Mortreux

Dans sa lettre du 29 septembre 1915, le sergent Léon Mortreux raconte que les alliés ont réussi une offensive en Champagne.

Quelques jours plus tôt, les alliés avaient lancé la 2è bataille de Champagne à une trentaine de kilomètres à l’Est de Rems. Le début des opérations est couronné de succès

Mais au delà de ces attaques victorieuses, Léon s’inquiète surtout pour sa région natale. Il craint la réaction des allemands dans le Nord de la France après les succès engrangés dans les premiers jours de la bataille de Champagne … des offensives saluées dans les quartiers généraux.

Dans sa lettre, Léon Mortreux témoigne que malgré les victimes, le moral reste des blessés excellent

Nous aurons davantage célébré à Fontainebleau le succès récent de nos troupes plutôt qu’à Fontvannes où tout s’est borné par des commentaires plus ou moins éclairés.Vu nombreux trains de blessés et trains de prisonniers ! Moral de nos blessés : excellent.

Voir le reportage « Histoires 14-18 il y a cent ans » de France 3 Champagne-Ardenne sur « la deuxième offensive de Champagne »


14-18 : La deuxième offensive de Champagne

Fin septembre 1915, l’avancée des alliés est stoppée sur la seconde ligne allemande. Le bilan est lourd : 28 000 tués, 100 000 blessés. Les français n’auront fait reculer le front que de 4 kilomètres.

Léon Mortreux

Léon Mortreux

Fernand Bar

Fernand Bar

Lettre de Léon Mortreux à Fernand Bar, envoyée le 29 septembre 1915

Le sergent Léon Mortreux affecté à l’instruction de la Classe 16 au cantonnement de Fontvannes (Aube) pressent un prochain départ de ses troupes pour le front.

 

Correspondance de guerre, il y a cent ans …
 

Fontvannes (Aube)

29 septembre 1915

Cher Oncle,

Je suis assez inquiet pour « notre Nord » et suis anxieux que tu me rassures.

Cette offensive que nous avons réussie en Champagne n’aura pas été sans avoir sa répercussion dans nos régions d’Artois. Quel a été là-bas le sort des armées.

Nous aurons davantage célébré à Fontainebleau le succès récent de nos troupes plutôt qu’à Fontvannes où tout s’est borné par des commentaires plus ou moins éclairés.

Vu nombreux trains de blessés et trains de prisonniers ! Moral de nos blessés : excellent.

La Classe 16 pressent qu’elle n’habitera plus longtemps les dépôts. Elle profite des perm de 4 jours, lesquelles comme tu le sais sont accordées à tous ces jeunes éphèbes.

Reçu plusieurs journaux, merci. Depuis plusieurs jours, je n’en ai plus eu. Il est vrai que la correspondance semble en ce moment être retenue plus longuement par l’examen de l’autorité militaire.

D’après ma Classe (1905) je suis loin d’être dans les premiers à partir, mais s’il me fallait accompagner la Classe 16, il en serait tout autrement sans doute.

Sale temps en ce moment, pluie et boue et cela menace de durer.

Et toi là-bas, quoi de neuf ?

J’espère que ta santé est toujours bonne ainsi que celle des parents. Vous êtes à même de vous voir souvent !

L’artillerie boche s’est-elle tue définitivement ?

Je pense que tu es en possession de ma précédente te communiquant une lettre de Papa. Cela le contrarie que j’ai des galons réglementaires de 3 cm de long au lieu des 25 cm de jadis. Je ne reçois plus de lettre de Flore.

De Paris, on ne me dit pas ce qu’il advient des petites, aussi je n’écris pas à Amiens avant réception d’une lettre de Papa relative au sort de Marie et Augustine.

Viens-tu quelquefois encore dans la capitale ?

Nous, gradés, nous n’avons plus de permissions.

Compliments affectueux à Martial quand tu le verras.

Je t’embrasse bien affectueusement

Ton neveu reconnaissant

Léon

 

 

16 Sep

« Il y a un an aujourd’hui, je fus blessé à Barcy » Léon Mortreux

C’est une lettre pleine de tristesse et de douloureux souvenirs qu’écrit Léon Mortreux ce 16 septembre 1915 de son cantonnement à Fontvannes en Champagne.

Le sergent Léon Mortreux se souvient qu’il y a un an, il était blessé à la jambe lors d’une attaque début septembre 1914. Il avait été touché par un shrapnel. 2 éclats d’obus à la jambe droite.

Le souvenir de ses camarades de combats tombés lors de cette offensive à la Bataille de la Marne revient en mémoire. Un an après, Léon Mortreux aurait voulu retourner à Varreddes « pleurer sur les terres silencieuses, couvertes de croix de nos vaillants »

Vraiment ce début septembre 1915 est pour l’âme ce qu’est le printemps pour la nature.

Mélancolique, il revient d’une permission de 4 jours passée à Paris avec son père et ses soeurs. Ce 16 septembre 1915, Léon Mortreux pense à la famille.

Les moments passés avec ses 2 frères, Pierre et Jules morts au combat en janvier et en mars 1915, reviennent en mémoire, plus forts que d’habitude. 

A la maison, j’ai pensé tristement à Jules et à Pierre évoquant leurs ombres dans leurs gestes de jadis.

Léon Mortreux

Léon Mortreux

Fernand Bar

Fernand Bar

Lettre de Léon Mortreux à Fernand Bar, envoyée le 16 septembre 1915

Dans sa lettre, Léon Mortreux se montre, non pas abattu par les souvenirs des disparus, mais plus déterminé, plus fort mentalement. « Cet anniversaire me fait du bien, me fait voir que le bloc allemand est soulevable, je retournerai au front plus joyeux. »

Non plus décidé à chercher la mort, je chercherai au contraire à vaincre.

Correspondance de guerre il y a cent ans ...

Fontvannes (Aube)

16 septembre 1915

Cher Oncle,

Je rente de ma permission de 4 jours passés à Paris et ai la douleur de constater que 4 gradés de mes meilleurs amis ont été rappelés à Fontainebleau en mon absence.

Enfin de tels départs se renouvellent souvent, le pays a besoin du concours de tous ses enfants, je regrette ne pas avoir été là pour la cérémonie de « l’au revoir » à tel point que j’eusse préféré ne pas avoir eu de permission pour pouvoir embrasser ces camarades.

Combien est puissante la force de l’accoutumance, surtout quand on sent que peut-être, on sera appelé à combattre, à affronter la mort auprès de ses camarades, on appréhende alors de les quitter. Toujours les vrais amis ont désiré risquer ensemble les aléas de la bataille.

La bataille ! Il y a un an aujourd’hui, que je fus blessé à Barcy, après avoir été très secoué à Iverny.

Sans mon entorse, avec quel recueillement, quelle reconnaissance, je serais aller revoir Varreddes et surtout pleurer sur les terres silencieuses, couvertes de croix de nos vaillants. Vraiment ce début septembre 1915 est pour l’âme ce qu’est le printemps pour la nature.

Il y a un réveil de nous-mêmes, on juge mieux maintenant qu’il y a un an de quel coup de collier nous sommes capables. Les timorés n’ont plus le moindre doute sur l’issue de la lutte.

Cet anniversaire me fait du bien, me fait voir que le bloc allemand est soulevable, je retournerai au front plus joyeux. Non plus décidé à chercher la mort, je chercherai au contraire à vaincre.

Que faites-vous à Béthune ? Vous devez être plus que jamais occupés par les Anglais. J’espère qu’aucun projectile n’a osé s’approcher de la maison et que mêm les bombes ont point reparu.

Comment vas-u ? Si tu vois Martial, embrasse-le de ma part. Je vais mieux de mon entorse mais ne peut faire de marches.

A Paris, Papa va assez bien, il est très enroué chaque matin depuis plusieurs semaines. Berthe est bien portante. Elle attend les petites à la fin de la semaine. De Flore, je n’ai pas de nouvelles récentes. Je suis allé chez Bidart mais ne l’ai pas rencontré.

Pendant les heures tranquilles que j’ai passées à la maison, j’ai pensé tristement à Jules et à Pierre évoquant leurs ombres dans leurs gestes de jadis.

Dans la rue, la fièvre de lutte me reprenait, j’étais obligé de ne plus les voir en civils mais en soldats glorieux, mourant pour le pays avec la pensée que leur sacrifice contribuait à sauver la Patrie.

A te lire, cher Oncle, je t’embrasse affectueusement

Ton neveu reconnaissant
Léon

 

 

31 Août

« On nous laisse trop moisir à Fontvannes » Léon Mortreux

Dans sa lettre du 31 août 1915, Léon Mortreux se montre rassuré sur l’état de son pied. Même s’il ne participe pas encore aux manoeuvres militaires, il espère reprendre les longues marches des troupes en revenant de sa permission à Paris.

Il se souvient qu’il y a tout juste un an, Léon avait effectué de grandes marches pour affronter l’ennemi allemand à Conflans, à Roye, à Iverny.

Après avoir quitté le Dépôt de Fontainebleau fin juin, Léon Mortreux trouve qu’on les « laisse trop moisir ici » (à Fontvannes).

Léon Mortreux

Léon Mortreux

Fernand Bar

Fernand Bar

Lettre de Léon Mortreux à Fernand Bar, envoyée le 31 août 1915

Dans sa lettre, Léon Mortreux garde confiance dans la victoire bien que « peiné par le recul des Russes. » Fin août 1915, sur le front de l’Est, devant l’offensive allemande, l’armée impériale russe recule à Brest-Litovsk (en Russie)

Correspondance de guerre il y a cent ans …
 

Fontvannes (Aube)
31 août 1915

Cher Oncle,

J’espère que le présente te trouveras comme toujours en excellente santé. Je ne vais pas encore aux exercices bien que mon pied reprenne quelques forces.

L’an dernier à pareille époque, c’était pour nous les grandes marches. Nous nous étions battus le 29 à Conflans, le 30 à Roye, le 5è ce fut Iverny, le 6è Barcy.

J’espère avoir cette semaine une courte permission pour aller à Paris. Il y a en effet plus de 6 mois que je ne suis pas allé au dépôt. 

Ta dernière lettre s’est croisée avec la mienne. Je savais par nos journaux de région que le cousin Duquenne n’était. Dieu ait son âme.

J’essaierai de marcher en revenant de Paris.

Nous avons tous confiance dans la victoire bien que peinés par le recul des Russes. La classe 16 est très confiante. On trouve qu’on nous laisse trop moisir ici.

Affectueux baisers
Léon

 

 

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