29 Sep

« Après l’offensive réussie en Champagne, je suis inquiet pour notre Nord » Léon Mortreux

Dans sa lettre du 29 septembre 1915, le sergent Léon Mortreux raconte que les alliés ont réussi une offensive en Champagne.

Quelques jours plus tôt, les alliés avaient lancé la 2è bataille de Champagne à une trentaine de kilomètres à l’Est de Rems. Le début des opérations est couronné de succès

Mais au delà de ces attaques victorieuses, Léon s’inquiète surtout pour sa région natale. Il craint la réaction des allemands dans le Nord de la France après les succès engrangés dans les premiers jours de la bataille de Champagne … des offensives saluées dans les quartiers généraux.

Dans sa lettre, Léon Mortreux témoigne que malgré les victimes, le moral reste des blessés excellent

Nous aurons davantage célébré à Fontainebleau le succès récent de nos troupes plutôt qu’à Fontvannes où tout s’est borné par des commentaires plus ou moins éclairés.Vu nombreux trains de blessés et trains de prisonniers ! Moral de nos blessés : excellent.

Voir le reportage « Histoires 14-18 il y a cent ans » de France 3 Champagne-Ardenne sur « la deuxième offensive de Champagne »


14-18 : La deuxième offensive de Champagne

Fin septembre 1915, l’avancée des alliés est stoppée sur la seconde ligne allemande. Le bilan est lourd : 28 000 tués, 100 000 blessés. Les français n’auront fait reculer le front que de 4 kilomètres.

Léon Mortreux

Léon Mortreux

Fernand Bar

Fernand Bar

Lettre de Léon Mortreux à Fernand Bar, envoyée le 29 septembre 1915

Le sergent Léon Mortreux affecté à l’instruction de la Classe 16 au cantonnement de Fontvannes (Aube) pressent un prochain départ de ses troupes pour le front.

 

Correspondance de guerre, il y a cent ans …
 

Fontvannes (Aube)

29 septembre 1915

Cher Oncle,

Je suis assez inquiet pour « notre Nord » et suis anxieux que tu me rassures.

Cette offensive que nous avons réussie en Champagne n’aura pas été sans avoir sa répercussion dans nos régions d’Artois. Quel a été là-bas le sort des armées.

Nous aurons davantage célébré à Fontainebleau le succès récent de nos troupes plutôt qu’à Fontvannes où tout s’est borné par des commentaires plus ou moins éclairés.

Vu nombreux trains de blessés et trains de prisonniers ! Moral de nos blessés : excellent.

La Classe 16 pressent qu’elle n’habitera plus longtemps les dépôts. Elle profite des perm de 4 jours, lesquelles comme tu le sais sont accordées à tous ces jeunes éphèbes.

Reçu plusieurs journaux, merci. Depuis plusieurs jours, je n’en ai plus eu. Il est vrai que la correspondance semble en ce moment être retenue plus longuement par l’examen de l’autorité militaire.

D’après ma Classe (1905) je suis loin d’être dans les premiers à partir, mais s’il me fallait accompagner la Classe 16, il en serait tout autrement sans doute.

Sale temps en ce moment, pluie et boue et cela menace de durer.

Et toi là-bas, quoi de neuf ?

J’espère que ta santé est toujours bonne ainsi que celle des parents. Vous êtes à même de vous voir souvent !

L’artillerie boche s’est-elle tue définitivement ?

Je pense que tu es en possession de ma précédente te communiquant une lettre de Papa. Cela le contrarie que j’ai des galons réglementaires de 3 cm de long au lieu des 25 cm de jadis. Je ne reçois plus de lettre de Flore.

De Paris, on ne me dit pas ce qu’il advient des petites, aussi je n’écris pas à Amiens avant réception d’une lettre de Papa relative au sort de Marie et Augustine.

Viens-tu quelquefois encore dans la capitale ?

Nous, gradés, nous n’avons plus de permissions.

Compliments affectueux à Martial quand tu le verras.

Je t’embrasse bien affectueusement

Ton neveu reconnaissant

Léon