12 Oct

« Une famille de héros, trois frères morts pour la France » titre le journal Le Petit Béthunois

Le journal est jauni, abîmé, comme marqué par les blessures de l’histoire et du temps. « Le Petit Béthunois » du 16 novembre 1928 a pourtant été précieusement conservé par la famille Mortreux. Pourquoi ?

Parce qu’en page 3 du journal, dans la colonne « Béthune Lens », un article a réveillé les souvenirs douloureux de la famille. Cela fait déjà 10 ans que la Grande Guerre est terminée. Cela fait 12 ans que Léon, Pierre et Jules Mortreux ont perdu la vie lors de la Première Guerre mondiale de 1914-1918.

12 ans après, dans « Le Petit Béthunois », journal local du Pas-de-Calais, un article rend hommage à « Une famille de héros » et « aux trois frères morts pour la France » Jules, Léon et Pierre Mortreux.

« Le Petit Béthunois » est à l’époque un des journaux locaux les plus lus dans le Pas-de-Calais. Le journal se présente comme « l’hebdomadaire républicain de l’arrondissement de Béthune.

Médaille militaire à titre posthume pour Léon Mortreux « belle attitude au feu »

En novembre 1928, 10 ans après la fin de la Grande Guerre, la rédaction du « Petit Béthunois » repère une information dans « Le Journal Officiel » où sont consignés tous les événements, les lois, les déclarations et publications légales de la France.

« Le Journal Officiel » annonce qu’à la suite d’un décret du 5 novembre 1928, la médaille militaire est conférée à Léon Mortreux à titre posthume. Le sergent Léon Mortreux a été tué le 12 septembre 1916 lors de la bataille de la Somme.

Le journal reprend l’information dans ses colonnes et ajoute quelques commentaires supplémentaires.

La nomination parle de « belle attitude au feu » et rappelle les actes militaires du Sergent Mortreux. Cette information est publiée intégralement dans « Le Petit Béthunois ».

« 3è Régiment mixte de zouaves et de tirailleurs : Mortreux Léon Paul , matricule 01536, sergent, excellent officier, chef d’une section de canon de 37. Belle attitude au feu.

Blessé mortellement à Forest, au cours de la bataille de la Somme, en portant son canon dans les tranchées ennemies qui venaient d’être conquises »

Commentaire un peu critique ou ironique, « Le Petit Béthunois » souligne que « l’Officiel » est « incomplet ». Le journal rappelle que Léon Mortreux avait été grièvement blessé au début de la guerre, en septembre 1914, à la bataille de la Marne… ce que ne dit pas le Journal Officiel.

« Le destin s’est acharné sur la famille »

Pour illustrer son article, « Le Petit Béthunois » montre une photo-montage de Léon Mortreux en uniforme et casque, décoré de la croix de guerre. A ses côtés, son frère aîné Jules Mortreux tué le 15 mars à Vauquois en Lorraine. Entre les deux, le plus jeune, Pierre Mortreux tué à 25 ans dans « l’enfer de Steinbach » en Alsace.

Le journal commente « il semble que le destin se soit acharné sur la famille Mortreux-Bar ». Une famille connue et estimée à Béthune rappelle « Le Petit Béthunois ».

La famille Mortreux a conservé cette photo, marquée par le temps. La photo est dédicacée à Martial Mortreux, le plus jeune de la fratrie de 8 enfants. Martial avait 15 ans quand ses frères aînés sont « morts au champ d’honneur » sur le front en 1915 et 1916.

« Un peu de gloire … un peu trop tardivement peut-être »

« Le Petit Béthunois » rappelle que les trois frères avaient fait leur service militaire au 73è régiment basé à Béthune.

Plus anecdotique, on peut lire dans l’article que Jules était un dessinateur habile. « Il avait même décoré de panneaux la salle d’armes de la caserne Chambors à Béthune. » précise « Le Petit Béthunois »

Au-delà des faits, le journal « ose » un commentaire à cette actualité…

Un peu de gloire idéalise la mémoire – un peu trop tardivement peut-être – écrit « le Petit Béthunois »

… une pointe de critique adressée à l’Etat qui met 10 ans à rendre hommage, en quelques lignes, à ses hommes « morts pour la France. »

« Le Petit Béthunois » conclut cet hommage en adressant ce 16 novembre 1928 un message aux jeunes générations … un devoir de mémoire pour préserver l’avenir.

 

01 Oct

« L’héroïsme des troupes » dans la Somme en 1916 raconté par le journal « Le Matin »

Cela fait maintenant 3 semaines que Léon Mortreux a été tué le 12 septembre 1916 dans une des batailles les plus meurtrières de la Somme.

Fin septembre 1916, toute la famille à Paris et à Béthune apprend la terrible nouvelle.

Après les décès de Pierre en janvier 1915, de Jules en mars 1915 et aujourd’hui de Léon en septembre 1916, la famille veut comprendre.

Comment Léon a été tué au combat ? Dans quelles circonstances ? A quel endroit ? Dans quelle bataille ?

Bien sur, les lettres et le témoignage du caporal de Léon Mortreux ont permis d’en savoir davantage. Mais jusqu’à fin septembre, la famille n’a rien trouvé dans la presse sur cette sanglante bataille … jusqu’à ce jour du dimanche 1er octobre 1916 dans le journal « Le Matin ».

LM-Matin

Dans « Le Matin » du dimanche 1er octobre 1916, le journal fait le récit de la bataille de Rancourt, le secteur où Léon Mortreux a été tué.

Le récit de la bataille des « joyeux »
dans le journal Le Matin

La famille Mortreux a conservé précieusement plusieurs coupures de presse sur la Grande Guerre. Et particulièrement un article d’un des grands quotidiens de l’époque « Le Matin ».

En page 3 du journal « Le Matin » du dimanche 1er octobre 1916, un reportage est titré :  » Zouaves, tirailleurs et « joyeux » les journées des 12 et 14 septembre ».

Ce jour-là « Le Matin » du dimanche 1er octobre 1916  fait sa Une avec deux articles titrés « Un chantage : la menace alllemande de guerre sous-marine » et « Le dernier acte, le mouvement national grec ». Pas une ligne, en « Une », sur les combats dans la Somme.

LeMatin-Une

« Le Matin » du dimanche 1er octobre 1916 – source : Gallica de la Bibliothèque nationale de France

Il faut ouvrir le journal à la 3ème page du journal « Le Matin », sous le bandeau « DERNIERE HEURE », pour lire l’article titré : 

Zouaves, tirailleurs et joyeux
les journées des 12 et 14 septembre

Cet article du 1er octobre 1916, reprend un communiqué officiel. Le reportage ne parle pas de Léon Mortreux. Pas de photo. Mais le journal raconte la bataille dans laquelle Léon est mort le 12 septembre 1916.

« l’héroïsme des troupes qui le 12 puis le 14 septembre, atteignirent et dépassèrent la route nationale de Péronne à Bapaume »

L’article découpé, a été précieusement conservé par la famille. En quelques annotations de la main de Fernand Bar, on peut lire sous le titre :

Léon Mortreux
12 septembre à midi
« Le Matin » 1er octobre 1916

Ci-dessous quelques extraits et l’intégralité de l’article du journal Le Matin

… C’est aux zouaves, aux tirailleurs et aux « joyeux » que revient l’honneur d’accomplir ce jour-là  le principal effort. …

Devant le Colonel Chardonnet qui commandait le 3è Régiment mixte, composé de zouaves et de tirailleurs, les troupes qui partent à l’assaut défilent. Et sitôt que le combat est engagé, le colonel s’avance dans un chemin creux battu par les mitrailleuses. Près de lui son capitaine adjoint tombe, frappé d’une balle

… une compagnie allemande et un peloton de mitrailleuses sont entourés par nos soldats. Les ennemis se défendent avec acharnement … il faut les passer à la baïonnette …

Recit-12-14-09

Combien de tués ? Combien de blessés ? L’article du journal « Le Matin » ne donne pas de chiffres sur les victimes.

Derrière les mots « héroïsme », « honneur », « violent barrage d’artillerie », on comprend que les journées des 12 au 14 septembre ont été très sanglantes et meurtrières.

Les joyeux ont été admirables

En vérité, les journées des 12 au 14 septembre font de très nombreuses pertes.

Pour le seul régiment de Léon Mortreux, le 3è Régiment Mixte des Zouaves et Tirailleurs : 47 tués, 214 blessés et 7 disparus, selon le journal de marche du 3è Régiment Mixte des Zouaves et Tirailleurs.

Côté allemand, la bataille a été tout aussi terrible et les victimes pas moins nombreuses.

Censure militaire

Ce 1er octobre 1916, le journal Le Matin n’a pas ces informations et ne publie pas de chiffres. C’est la loi du 5 août 1914, « réprimant les indiscrétions de la presse en tant de guerre ».

Censure militaire, il est interdit de publier des informations sur la guerre et les combats autres que celles communiquées par le gouvernement ou le commandement. Interdiction de parler des pertes militaires, des mouvements de troupes, ou encore des renseignements stratégiques. Donc pas de chiffres.

Après cette victoire des troupes françaises, l’article du Matin préfère souligner « l’héroïsme » et « la bravoure » des poilus du régiment des Zouaves et Tirailleurs.

Le Matin conclut :

Les joyeux sont souvent bien ennuyeux au cantonnement : le 14 septembre, ils ont été admirables.

Le Matin est un des 4 grands quotidiens nationaux de 1910 à 1920. Tirage autour du million d’exemplaires.

27 Sep

Les dernières paroles de Léon Mortreux tué à la bataille de la Somme en septembre 1916

Après la disparition de Léon Mortreux, la famille est « accablée, affligée ». Le 12 septembre 1916, Léon Mortreux a été tué à Leforest dans la bataille de la Somme.

Le samedi 23 septembre 1916, Berthe, la soeur de Léon et Georges Mortreux son père ont la visite à Paris d’un certain Mr Sergent. C’est lui, Yves Sergent, le caporal de Léon, qui a écrit « la terrible lettre » annonçant la mort de Léon.

Yves Sergent rencontre la famille, respectant la mémoire de Léon.

 « je suis bien atteint, j’étouffe, fais ce que je t’ai recommandé.

Léon avait exprimé ses dernières volontés à Yves Sergent, lui demandant de remettre quelques objets personnels à ses proches.

 

Les dernières heures de Léon Mortreux
sur le front de la bataille de la Somme

Dans cette nouvelle lettre du 27 septembre 1916 envoyée à Fernand Bar à Béthune, Berthe rapporte avec précision les propos du caporal sur les circonstances de la mort de Léon Mortreux 

Yves Sergent raconte. « On gagnait du terrain et le canon sur roues était poussé de l’avant en rase campagne par conséquent sans aucun abri. Ces pièces de 37 développent beaucoup de fumée. L’ennemi les repère facilement. »

« Léon a été frappé d’un éclat d’obus dans la région du coeur. Poumon gauche perforé. »

Léon Mortreux - chef de pièce canon 37

Léon Mortreux, chef de pièce de canon 37 – 3è Régiment de Zouaves Tirailleurs

Yves Sergent poursuit. « Léon a été emporté sur un brancard sans aller jusqu’au poste de secours. Les soins étaient inutiles. La nature même de la blessure ne laissant aucun espoir. »

Sur les 9 servants du canon, Léon fut le seul tué. 4 autres grièvement blessés. La pièce mise en hors d’usage fut abandonnée.

Léon a été inhumé à 2 heures, à l’endroit appelé : « Passe de la ferme de l’Hôpital », près du village de Maurepas.

Sur sa tombe, une croix de bois, sa plaque d’identité et sa chéchia.

Berthe Mortreux, soeur de Léon, Pierre et Jules

Berthe Mortreux, soeur de Léon, Pierre et Jules

Fernand Bar

Fernand Bar, l’oncle de Léon

Dans sa lettre, Berthe écrit qu’elle conserve « précieusement ces souvenirs chéris, tous à la louange du vaillant soldat ». En pensant aussi à ses 2 autres frères Pierre et Jules tués depuis 1 an, Berthe rappelle les mots prophétiques de Léon :

« quand j’irais rejoindre mes frères, mon titre de sous-officier de zouave prouvera à lui seul que je suis mort en brave ».

Paris, le 27 septembre 1916

Mon cher Oncle,

Nous avons reçu samedi ta lettre qui s’est croisée avec celle de Papa apportant la terrible nouvelle.

Tu as su pourquoi Mr Boden s’est trouvé averti par pneu et nous regrettons cette coïncidence de la visite de Mr Laithiez.

Tu nous excuseras certainement d’avoir mis un jour d’espace pour recommencer à gravir pour la troisième fois ce calvaire d’annoncer à tous la triste cérémonie.

C’est une mission bien lourde après une secousse si grande et notre accablement était immense.

Hier, nous avons eu la visite de Mr Sergent, le caporal de Léon qui nous avait dit écrit. Yves n’était que son prénom.

Il est arrivé samedi à Paris pour passer, à Vitry-sur-Seine où il habite, les 6 jours de permission que l’on vient d’octroyer à tous les combattants qui ont pris part aux dernières attaques dont principalement celle du 12 septembre.

C’est une faveur bien vue à tous ces braves et notre cher zouave aurait eu lui aussi ses 6 jours. Avec quelle joie, il serait arrivé nous surprendre, sans crier gare, lui qui aimait à le faire même ici quand il aurait du succomber un jour, quelle tristesse encore de penser qu’il n’a pas profité de cette permission. 

Il parlait tant de celle de novembre après 6 mois de front.

Voici ce que le caporal a pu nous dire encore.

Léon a été frappé d’un éclat d’obus dans la région du coeur, et qui a perforé le poumon gauche. Cela se passait le 12, vers midi et demie.

Il a survécu encore quelques instants et tout en respirant avec de grandes difficultés, il a dit à son caporal

 « je suis bien atteint , j’étouffe, fais ce que je t’ai recommandé.

Ce furent ses dernières paroles, on l’emporta sur un brancard sans aller jusqu’au poste de secours, jugeant que tous les soins étaient inutiles. La nature même de la blessure ne laissant aucun espoir.

D’une assez grande dimension , l’éclat d’obus était resté dans la plaie, d’où il faisait saillie.

On l’inhuma à 2 heures, à l’endroit appelé : « Passe de la ferme de l’Hôpital », à la hauteur des tranchées de 3è ligne, à gauche du village de Maurepas.

Sur sa tombe, une croix de bois, avec plaque d’identité et sa chéchia.

Le caporal était lui même bien ému en nous donnant tous ces renseignements, il s’est mis à notre disposition pour nous conduire un jour à l’endroit où notre pauvre frère dort son dernier sommeil.

Dans toutes ses correspondances que je relis sans cesse, Léon s’efforçait de nous donner du courage, en demeurant jovial et confiant. Comme cela le dépeignait bien, lui si bon, si prévenant.

Il avait vu cependant bien clair le jour où il écrivait ces paroles prophétiques en nous annonçant son passage aux zouaves.

Dans cette armée d’élite, on ne moisit pas dans les tranchées, on est vite fixé sur son sort.

Tu constates l’injustice du destin, c’en était une aussi, le jour où Léon fut versé dans les zouaves. Nul n’ignore que ce sont les premiers sacrifiés. La meilleure preuve est qu’ils étaient devenus tous bien peu nombreux.

Léon aurait mérité après sa blessure et la perte de ses frères, d’être mis dans une arme moins éprouvée comme le génie ou l’artillerie. Bien loin d’en être ainsi, on lui a procuré le maximum de chances d’être tué …

Comme chef de pièce, Léon rectifiait le tir au canon de 37 en examinant avec une jumelle, les positions ennemies.

L’on gagnait du terrain et le canon sur roues était poussé de l’avant en rase campagne par conséquent sans aucun abri. Il paraît que ces pièces de 37 développent beaucoup de fumée, et que l’ennemi les repère facilement.

Sur les 9 servants du canon, Léon fut le seul tué, mais 4 autres furent en même temps, grièvement blessés. La pièce mise en hors d’usage fut abandonnée.

Enfin toutes ces explications données par le caporal ne change hélas rien au terrifiant résultat en ce qui nous concerne. Il nous a aussi remis la montre, le portefeuille et une volumineux paquet de lettres que Léon avait conservées.

Il s’en trouve des tiennes, des nôtres et un peu de toute la famille.

Nous conservons précieusement ces souvenirs chéris, tous à la louange du vaillant soldat. Te rappelles tu ce qu’il t’écrivit : 

« quand j’irais rejoindre mes frères, mon titre de sous-officier de zouave prouvera à lui seul que je suis mort en brave »

Les petites ont fondu en larmes à l’annonce de l’affreuse nouvelle. Léon avait toujours pour elles quelque gentillesse et les chères enfants sentent bien qu’une grande affection est disparue.

Mon oncle Auguste ne serait-il pas à Saint-Omer, nous n’avons pas de réponse à la lettre envoyée depuis quelques jours.

J’ai reçu une lettre aimable de Mme Babin qui suppose Léon en bonne santé et pas trop exposé. Je vais lui écrire …

J’étais bien contente d’être rentrée aux Finances, mais ma joie fut de courte durée, puisque le 1er soir, je trouvais la lettre fatale. Mon service est bon, je t’en reparlerai.

Adieu mon cher Oncle.

Pense beaucoup aux affligés que nous sommes.

Nous t’embrassons de tout coeur.

Berthe

 

 

 

20 Sep

« Nous sommes anéantis » après le décès de Léon Mortreux dans la Bataille de la Somme

Il aura fallu 8 jours pour que la famille apprenne « la fatale nouvelle »Léon Mortreux a été tué le 12 septembre 1916 dans la bataille de la Somme.

Une semaine plus tard, le 20 septembre 1916, Berthe, la soeur de Léon, reçoit à son domicile à Paris la terrible lettre annonçant la mort de Léon.

Effondrée, elle court rejoindre son père Georges Mortreux. La famille est « anéantie ». Léon Mortreux est mort sur le front à Leforest dans la Somme.

Cette lettre a été envoyée par un des soldats qui combattait sous les ordres de Léon Mortreux.

j’ai la douleur de vous apprendre la mort glorieuse de votre fils Léon Mortreux sergent au 3ème Régiment Mixte de Zouaves Tirailleurs le 12 septembre 1916. Moi, j’étais son Caporal.

Pierre, Jules, aujourd’hui Léon. En un an, Georges Mortreux perd ses 3 fils.

Les frères Mortreux

Pierre Mortreux 25 ans, Jules Mortreux 32 ans et Léon Mortreux 31 ans

Pourtant quelques jours avant …

Georges Mortreux avait reçu une lettre de son fils Léon.

La lettre de Léon Mortreux datée du matin du 12 septembre 1916, témoignait de la violence des bombardements dans le secteur de Leforest.

Elle témoignait aussi du moral et de l’état d’esprit de Léon Mortreux à quelques heures de sa mort.

Si je fais encore partie de ce monde, j’espère bien être hors de cet enfer sous 3 ou 4 jours.

Déjà dans sa lettre du 12 septembre 1916, Léon Mortreux s’attendait au pire.

Léon ne donnait pas de détails, par crainte de censure militaire. Entre les lignes, on comprend que les combats étaient très violents. Ce matin du 12 septembre, Léon écrit : « le bombardement est sans merci » dans le secteur de Leforest

Après cette très violente et sanglante bataille de Leforest, Léon espérait obtenir une permission à l’approche des fêtes de la Toussaint.

Léon Mortreux est mort dans « l’enfer » de la Bataille de la Somme.

Georges Mortreux, le père de Pierre Mortreux tué au combat le 4 janvier 1915 à Steinbach en Alsace

Georges Mortreux à Paris, père de Léon, Pierre et Jules

Fernand Bar

Fernand Bar à Béthune, l’oncle de Léon, Pierre et Jules

 

Lettre envoyée le 20 septembre 1916 par Georges Mortreux à Fernand Bar

« Nous espérons que les obus ont cessé de pleuvoir sur Béthune …. Berthe et moi t’embrassons avec l’immense douleur que comporte le triste événement. »

Paris, 20 septembre 1916

Mon cher Fernand, 

Nous sommes anéantis.

En entrant le soir du Ministère es Finances où elle est réintégrée, Berthe a trouvé trois lettres.

L’une d’elles portait le cachet du secteur de Léon, mais l’enveloppe n’était pas de sa main.

Toute tremblante, elle l’a ouverte et a lu ce qui suit :

Aux Armées !

Monsieur Mortreux

J’ai la douleur de vous apprendre la mort glorieuse de votre fils Léon Mortreux sergent au 3ème Régiment Mixte de Zouaves Tirailleurs le 12 septembre 1916. Moi, j’étais son Caporal.

J’ai fait le nécessaire pour lui et suis en possession de ses papiers et de quelqu’argent qu’il avait sur lui que je tiens à vous envoyer aussitôt que je serai au repos dans quelques jours.

Veuillez agréer, Monsieur, …

Sergent Yves
3è Mixte Tirailleurs Zouaves
1ère Compagnie Mitrailleuses Canon 37 secteur 68

Berthe qui me savait au petit bureau de poste y courant effarée, la scène de désespoir qui s’est passée a été on ne peut plus pénible. Tu le vois ?

Quelques jours avant, nous avions reçu un mot de Léon daté du 12, jour de son décès. En voici la teneur :

Cher Papa,

Rien de changé, toujours le bombardement sans merci.

Je suis un peu fatigué mais les nerfs sont solides.

Si je fais encore partie de ce monde, j’espère bien être hors de cet enfer sous 3 ou 4 jours.

As-tu fait ta commande à ton ami Leforest ?

Tu dois être très affairé en raison de l’approche des fêtes de la Toussaint.

Peut-être obtiendrai-je permission à cette époque !

Quel temps avez-vous à Paris, ici il pleut un peu, pourvu que cela n’empire pas !

Je t’écris protégé par une simple épaisseur de planche, car ici il n’y a plus de cagnats.

J’appuie le papier sur le plat de mon ceinturon pour crayonner.

A tous deux bons baisers

Léon

(La commande dont il parte était pour indiquer que l’endroit où il se trouvait dans la Somme était Leforest)

Je ne sais comment m’y prendre pour avertir Flore ( une des soeurs de Léon) et il faut bien pourtant que je le fasse.

J’écris à la Supérieure de L’Hay en lui demandant de nous envoyer les petites samedi pour leur faire part de la fatale nouvelle. Berthe les reconduira lundi et reprendra le lendemain son travail au Ministère. En ce moment, la voilà obligée de s’occuper de vêtements de deuil à nouveau …

Que te dire de plus sur cet épouvantable sujet ! Nous espérons que les obus ont cessé de pleuvoir sur Béthune et que tout danger est écarté de ce côté.

Berthe et moi t’embrassons avec l’immense douleur que comporte le triste événement.

G.Mortreux

 

Cette lettre confirme que Léon Mortreux a bien été tué le 12 septembre 1916 et non pas le 13 septembre 1916 comme indiqué sur sa tombe à la Nécropole Nationale de Maurepas dans la Somme.

13 Sep

Léon Mortreux « Mort pour la France » le 12 ou le 13 septembre 1916 ?

Léon Mortreux est mort le 12 septembre 1916 à LeForest à 12h30 dans une des batailles les plus meurtrières du Front de la Somme. Il est inhumé le même jour à 14 heures sur la terre de son dernier combat à Maurepas.

Aujourd’hui dans la Somme, à Maurepas une Nécropole Nationale rend hommage aux 3 657 soldats tués entre Maurepas et Albert. Tirailleurs sénégalais, tirailleurs marocains, fantassins du nord de la France … et la tombe de Léon Mortreux, le poilu de Béthune.

Sur la tombe 1845, celle de Léon Mortreux dans la nécropole nationale de Maurepas on peut lire :

MORTREUX LEON PAUL
SERGENT 3è R.M.Z.T.
MORT POUR LA FRANCE      le 13.9.1916

Le 13 septembre 1916 … ? En fait, il y a une erreur de transcription administrative de la date. Léon Mortreux est mort au combat le 12 septembre 1916 et non pas le 13 comme indiqué sur la tombe.

Les lettres et les témoignages reçus par la famille en septembre 1916 le confirment.

LM-croix

Sur la tombe de Léon Mortreux à Maurepas est inscrit la date du 13.9.1916. En réalité, Léon Mortreux a été tué le 12 septembre 1916.

L’erreur de date vient de l’acte de décès de Léon Mortreux rédigé à Paris par le Corps d’armée … 7 mois après la disparition de Léon.

Sur l’acte de décès, rédigé le 9 avril 1917 en Mairie du 13è arrondissement de Paris, il est écrit : Léon Mortreux mort pour la France le 13 septembre 1916.

Sur l’acte de décès, on peut lire …

Nom : MORTREUX
Prénoms : Léon, Paul, Joseph
Grade : Sergent
Corps : 3è Régiment de Zouaves et Tirailleurs
N° matricule : 01536 au Corps
Mort pour la France : le 13 septembre 1916
à : Le Forest (Somme)
Genre de mort : tué à l’ennemi
Né le : 28 Mars 1885
à : Béthune – Département : Pas-de-Calais
Léon-Mortreux-fiche

En réalité, Léon Mortreux a été tué la veille, le 12 septembre 1916. Le Caporal qui était sous ses ordres et les lettres de l’époque en témoignent.

Depuis 100 ans, le poilu de Béthune repose dans la nécropole nationale de Maurepas, sur les lieux de son dernier combat.

Alors 12 ou 13 septembre 1916 …  pour la Mémoire des hommes … ?

Pour la famille Mortreux , aucun doute !
Léon Mortreux est mort pour la France le 12 septembre 1916

 

Communiqué officiel du ministère de la guerre sur « la vigoureuse offensive » du 12 septembre 1916

Le lendemain du décès de Léon Mortreux dans les combats menés à Leforest dans la Somme, le ministère de la guerre a envoyé un communiqué à toutes les préfectures.

Ce Communiqué Officiel daté du 13 septembre 1916 décrit « la vigoureuse offensive » menée dans ce secteur entre Maurepas et Combles.

Communiqué1

Communiqué officiel

Parti de Paris le 13 Septembre à 7h
Arrivée à 8h30
Ministre Sous-préfet Béthune

La bataille a continué aujourd’hui.

Au nord de la Somme, notre infanterie a prononcé une vigoureuse offensive sur un front de 6 kilomètres depuis la région au de Combles jusqu’à la rivière.

L’attaque déclenchée vers 12h30 s’est développée très rapidement grâce à l’admirable élan de nos troupes qui ont enlevé en moins d’une heure toute la 1ère ligne de tranchées allemandes, poussant ensuite à lest avec la même vigueur, notre infanterie a enlevé successivement la côte 145, les bois Marriers, et tout le système de tranchées ennemies jusqu’à la route de Béthune à Peronne que nous bordons depuis les lisières sud de Rancourt jusqu’au sud de Bouchavesnes.

Plus au sud nous avons poussé nos lignes sur la croupe 76 située à l’ouest de Feuillancourt. Jusqu’à présent le chiffre des prisonniers atteint environ 1500 dont de nombreux officiers.

Au sud de la Somme, lutte d’artillerie violente dans les divers secteurs, sans action d’infanterie.

Canonnade intermittente sur le reste du front.

12 Sep

Léon Mortreux tué le 12 septembre 1916 dans « l’enfer » de la Bataille de la Somme

Terrible journée pour la famille Mortreux ce 12 septembre 1916. Léon Mortreux est tué à le Forest près de Maurepas lors de la Bataille de la Somme en Picardie. Il avait 31 ans.

Après Pierre Mortreux 25 ans, tué en janvier 1915 en Alsace, Jules Mortreux 32 ans disparu en mars 1915 en Lorraine, Léon est tué à son tour sur le front de la Somme, frappé par un éclat d’obus. En 1 an, les 3 frères Mortreux meurent à la guerre.

1209-LM1

Ce 12 septembre 1916, l’attaque du régiment de Léon Mortreux est fixée à 12h30. Le matin, tous les ordres, les détails des opérations préparatoires à l’attaque, sont donnés aux troupes.

L’objectif de l’armée française sur ce secteur du Front de la Somme est d’enlever « la Ferme de l’Hôpital » tenu par les troupes allemandes et de prendre les tranchées de l’ennemi.

Le journal de marche du 3è Régiment de Zouaves sous les ordres du Lieutenant-Colonel Claude Trapet, retrace le plan d’attaque.

A midi 30 le Colonel se porte en tête du 1er Bataillon qui en formation de combat diluée traverse la zone de terrain conduisant à la tranchée de la Cranière.

L’armée allemande riposte par de très violents bombardements, tirs de barrages. Grenades et obus provoquent de nombreuses pertes dans les lignes françaises.

Le bilan de la journée est lourd : 19 tués, 53 blessés et 1 disparu.

Parmi les 19 tués, Léon Mortreux.

Le récit du décès de Léon Mortreux par son Caporal Yves

La famille apprendra la terrible nouvelle une semaine plus tard, le 20 septembre 1916 par une lettre portant le cachet du secteur de Léon.

La lettre est envoyée par un certain Caporal Yves Sergent. Quelques jours après, fin septembre ce même caporal se présente à Paris, au domicile de Georges Mortreux, le père de Léon. 

Ce jour-là, le caporal Yves Sergent explique à Georges Mortreux et à Berthe, la soeur de Léon, les circonstances de la mort du Sergent Léon Mortreux.

Le caporal Yves était sous les ordres de Léon. Ce 12 septembre 1916, il était à ses côtés dans l’attaque de « la Ferme de l’Hôpital ». 

 Léon a été frappé d’un éclat d’obus dans la région du coeur, qui a perforé le poumon gauche. Cela se passait le 12, vers midi et demi.

Comme chef de pièce, Léon rectifiait le tir au canon de 37 en examinant avec une jumelle les positions ennemies.

L’on gagnait du terrain et le canon sur roues était poussé de l’avant en rase campagne, par conséquent sans aucun abri. Ces pièces de 37 développent beaucoup de fumée que l’ennemi repère facilement.

Sur les 9 servants du canon, Léon fût le seul tué, mais d’autres furent en même temps grièvement blessés.

La pièce mise hors d’usage fut abandonnée

Léon a survécu encore quelques instants et tout en respirant avec de grandes difficultés il a dit à son caporal  

« je suis atteint, j’étouffe, fais ce que je t’ai recommandé ».

Ce furent ces dernières paroles.

On l’emporta sur un brancard, sans aller jusqu’au poste de secours, jugeant que tous les soins étaient inutiles. La nature de la blessure ne laissait aucun espoir.

D’une assez grande dimension, l’éclat d’obus était resté dans la plaie d’où il faisait saillie.

On l’inhuma à 2 heures à l’endroit appelé « Passe de la ferme de l’Hôpital », à la hauteur des tranchées de 3ème ligne à gauche du village de Maurepas.

Sur sa tombe une croix de bois avec plaque d’identité et sa chéchia.

Le caporal était lui bien ému en nous donnant tous ces renseignements, il s’est mis à notre disposition pour nous conduire un jour à l’endroit où mon pauvre frère dort son dernier sommeil.

La lettre de décès de Léon Mortreux envoyée à la famille

Le témoignage du caporal Yves a été noté par Berthe Mortreux dans une longue lettre envoyée le 27 décembre 1916 à Fernard Bar.

Cette lettre de décès entourée d’un bord noir raconte les propos du Caporal Yves.

Voilà les principales pages.

Après la mort de Léon Mortreux la famille est « anéantie ». Pierre, Jules, aujourd’hui Léon. En un an, Georges Mortreux perd ses 3 fils.

La famille apprendra la terrible nouvelle du décès de Léon une semaine plus tard.

Après cette très violente et sanglante bataille de Leforest, Léon espérait obtenir une permission à l’approche des fêtes de la Toussaint.

Léon Mortreux est mort dans « l’enfer » de la Bataille de la Somme.

 

 

11 Sep

« Cadavres nombreux, terre souillée partout, villages anéantis, c’est la guerre ! » la dernière lettre de Léon Mortreux à la Bataille de la Somme

Cette correspondance de guerre datée du 10 au 11 septembre 1916 est la dernière lettre écrite par Léon Mortreux … son dernier témoignage sur l’horreur de la première guerre mondiale.

Depuis une semaine, le 3è Régiment de Zouaves de Léon multiplie les attaques sur le front de la Somme.

Attaques de tranchées, ripostes de mitrailleuses, tirs de barrage, les combats sont violents et très meurtriers. Léon Mortreux écrit c’est « le marmitage ». Le bombardement est dense et continu. Les allemands reculent.

Ici, ils se défendent de leur mieux mais perdent du terrain malgré la pétarade, le marmitage

Lorsque le sergent Léon Mortreux, chef de pièce de canon de 37, écrit cette lettre dans la nuit du 10 au 11 septembre, il se bat sur le front de la Somme près de Maurepas entre Amiens et Saint-Quentin.

L’objectif des troupes françaises sur ce secteur du Front de la Somme, sous les ordres du Lieutenant-Colonel Claude Trapet, est d’enlever « la Ferme de l’Hôpital » tenu par les troupes allemandes et de prendre les tranchées de l’ennemi.

Léon et les Zouaves doivent franchir des réseaux de fil de fer et de petites tranchées, dans la boue, sous le feu allemand. Selon le journal de marche du 3è Régiment de Zouaves, « le temps est très mauvais avec des pluies violentes »

Le plan des opérations du 3è Régiment de Zouaves

Le journal de marche du 3è Régiment de Zouaves présente la carte des opérations du 10 au 12 septembre 1916 et la progression du régiment de Léon Mortreux..

Sur la carte, les lignes rouges indiquent la position des troupes françaises entre le 10 et le 12 septembre. Juste en face, en noir, les lignes allemandes. Le 10 septembre Léon et sa compagnie affrontent les allemands entre la tranchée de l’Ems et le Petit Bois dans le secteur de Le Forest, près de Maurepas. 

Les bataillons avancent d’ouest en est, de Maurepas vers le Forest. Objectif, s’emparer du secteur « la Ferme de l’Hôpital »

Carte-10-09-LM

Carte des opérations du 10 au 12 septembre 1916 – Extraite du Journal de Marche du 3è Régiment de Zouaves

Les bombardements s’enchaînent nuit et jour. L’artillerie allemande multiplie les tirs de barrage pour contrer l’attaque des troupes françaises.

Le journal de marche décrit la bataille, en détail au jour le jour. « De nombreux avions Boches survolent les lignes. » Près du bois de l’Hôpital, la progression du régiment est bloquée. En rampant dans la boue, les Allemands s’approchent des tranchées françaises. Ils sont repoussés par des jets de grenades et des tirs de mitrailleuses.

Depuis le lancement de cette attaque, le 5 septembre 1916, les pertes humaines du régiment de Léon Mortreux sont terribles

Mardi 5 septembre : 29 tués, 131 blessés et 62 disparus.
Mercredi 6 septembre : 29 tués, 177 blessés et 20 disparus
Jeudi 7 septembre : 9 tués, 41 blessés et 1 disparu
Vendredi 8 septembre : 4 tués, 26 blessés
Samedi 9 septembre : 24 blessés et 1 disparu
Dimanche 10 septembre : 2 tués et 31 blessés

Côté allemand, la bataille est tout aussi terrible et les victimes pas moins nombreuses.

Dans cette lettre, Léon Mortreux décrit l’horreur de la guerre et ce qu’il vit : « Triste spectacle pour un profane autour de nous »

Nous, soldats, nous n’en sentons plus la laideur. Cadavres nombreux, terre souillée partout, réseaux détruits, villages anéantis … c’est la guerre …

La Bataille de la Somme

Depuis le 1er juillet 1916, les Alliés français et anglais, mènent une grande offensive sur le Front de la Somme contre l’armée allemande.

Après les avancées en juillet et août et les succès français, les Généraux veulent poursuivre les attaques en septembre.

« La bataille des Français dans la Somme » – voir le reportage de la collection Histoires 14-18 et la playlist sur la Bataille de la Somme par France 3 Picardie – Dominique Patinec – Jean-Paul Delance

Nous restons le coeur allégé et nous sentons que leur résistance faiblit, mais elle est forte encore !

La Bataille de la Somme sera une des plus sanglantes. Lorsque Léon Mortreux écrit cette lettre le 11 septembre 1916, il ne sait pas que cette bataille sera une des plus meurtrières de la Grande Guerre.

Dans sa lettre, Léon semble ne pas avoir peur d’affronter le feu allemand. « Nous restons le coeur allegé » dit-il. Son moral reste bon malgré « la laideur de la guerre ».

Après cette dure bataille dans le secteur de Maurepas, Léon et sa compagnie du 3è Régiment de Zouaves comptent sur la relève. Du moins, ils l’espèrent.

Léon Mortreux

Léon Mortreux

Fernand Bar

Fernand Bar

Lettre de Léon Mortreux envoyée à son oncle Fernand Bar

« Je pense que tu me liras facilement à Paris puisque si j’en crois la rumeur par des camarades ici, Béthune est évacuée.Je pense toutefois que ce n’est qu’un faux bruit et que les Boches sont plus tranquilles là-bas. »

 


Correspondance de guerre, envoyée le 11 septembre 1916 …
Léon-Mortreux

10 au 11 septembre 1916

Cher Oncle,

Je pense que tu me liras facilement à Paris puisque si j’en crois la rumeur par des camarades ici, Béthune est évacuée.

Je pense toutefois que ce n’est qu’un faux bruit et que les Boches sont plus tranquilles là-bas.

Ici, ils se défendent de leur mieux mais perdent du terrain malgré la pétarade, le marmitage.

Nous restons le coeur allégé et nous sentons que leur résistance faiblit, mais elle est forte encore !

Triste spectacle pour un profane autour de nous !

Nous, soldats, nous n’en sentons guère plus la laideur. Cadavres nombreux, terre souillée partout, réseaux ??? détruits, villages anéantis, etc … c’est la guerre …

 

02 Sep

« Ici en somme, ce n’est pas Verdun » Léon Mortreux

Depuis sa dernière correspondance de guerre Léon Mortreux a vu du pays ! Depuis 5 jours Léon et le 3è Régiment de Zouaves ont quitté la Lorraine pour la Picardie.

Dans cette nouvelle lettre du 2 septembre 1916 adressée à la famille, Léon Mortreux ne donne pas le nom de la ville où il se trouve. La censure militaire ne laisserait pas passer « comme souvent paraît-il avant un combat » écrit Léon.

Comme dans ses courriers précédents, le poilu de Béthune fait juste une allusion.

je vais me faire à mon sort bienheureux encore qu’ici en somme ce n’est pas Verdun !

Car c’est bien de la Somme que Léon Mortreux écrit cette correspondance de guerre. Son régiment, le 3è de Zouaves, est rattaché au 1er Corps d’Armée.

La Bataille de la Somme

Depuis 2 mois, les Alliés, français et anglais, mènent une grande offensive sur le Front de la Somme contre l’armée allemande.

« L’offensive de la Somme » – voir le reportage de la collection Histoires 14-18 réalisé par France 3 Picardie – Dominique Patinec – Jean-Paul Delance

Après les avancées en juillet et août et les succès français, les Généraux veulent relancer des attaques en septembre. De nombreuses divisions ont été retirées du secteur de Verdun pour renforcer le front de la Somme.

Arrivé avec les renforts, Léon Mortreux paraît confiant.

nous aurons bientôt une avancée sérieuse pour ici et serons bientôt relevés

Ce que Léon ne dit pas dans sa lettre … ici, c’est la ligne de front du secteur de Maurepas. 

Ordre d’enlever « la Ferme de l’Hôpital »

Par le journal de marche du 3è R.Z., on peut retracer tout le parcours effectué ces derniers jours par le régiment de Léon Mortreux.

Après avoir quitté la Lorraine le 26 août, l’arrivée en train à Grandvilliers le 27 août 1916, le 3è Régiment de Zouaves cantonne à Oresmeaux au sud d’Amiens.

Ensuite, « les troupes sont transportées à raison d’une brigade par jour en camions automobiles dans leur cantonnement. » Les unités sont reparties par bataillon autour d’Aubigny, entre Amiens et Peronne.

Le 3 septembre 1916, Léon Mortreux et son régiment bivouaquent entre Maurepas et Cléry-sur-Somme. Le sergent Léon Mortreux est affecté à la 2è Compagnie.

Le 4 septembre au matin, les dernières unités sont en place. 

Le journal de marche du régiment présente la carte des opérations du régiment.

LeForest-5-sept

Carte des opérations du 5 septembre 1916 – Extraite du Journal de Marche du 3è Régiment de Zouaves

En ce début septembre « le temps est très mauvais avec des pluies violentes » selon le journal de marche du régiment.

Dans son courrier de début septembre, le sergent Léon Mortreux écrit qu’il « a reçu son engin ». Léon est chef de pièce de canon de 37. Le régiment se prépare à attaquer l’ennemi allemand.

Le 3è Régiment de Zouaves et la compagnie de Léon Mortreux ont ordre d’enlever « la Ferme de l’Hôpital ». 

Dans le secteur de Léon Mortreux, les tranchées allemandes sont situées au sud-est de la Ferme de l’Hôpital. La carte des opérations détaille la mission, les positions des bataillons français et de l’armée allemande. L’objectif du bataillon est de prendre les tranchées occupées par l’ennemi. 

Dans son courrier, Léon Mortreux écrit que son secteur « n’est pas un filon » … en jargon des poilus de la grande Guerre, un secteur sans danger.

En ce début septembre 1916, Léon Mortreux rappelle qu’il n’est pas « un débusqué de l’arrière » et qu’il va de nouveau affronter le feu de l’ennemi.

Correspondance de guerre, envoyée le 2 septembre 1916 …
Lettre

Le 73è n’est pas loin. J’essaierai d’aller voir des copains, ceux qui restent.

J’ai bien reçu mon engin. Ce n’est pas un « filon » enfin je vais me faire à mon sort bienheureux encore qu’ici en somme ce n’est pas Verdun !

Comment vas-tu ? De Paris, du 4è arrondissement, j’ai eu de bonnes nouvelles. 

Je t’ai écrit il y a 4 ou 5 jours. J’avais donné ma lettre à un Capitaine de la division qui je pense ne l’auras pas remise à la censure comme souvent paraît-il avant un combat on le fait.

Enfin nous aurons bientôt une avance sérieuse pour ici et serons relevés.

Je te renouvelle mes remerciements et t’embrasse cher Oncle, de tout coeur.

Ton neveu attentionné
Léon
3ème Mixte Zouaves Tirailleurs
1ère Compagnie de Mitrailleuses
SP 68

04 Juil

Pierre, Jules, Léon… retrouvez un parent tué pendant la Grande Guerre dans Générations 14

Générations 14 la plateforme participative avec Mémoires des hommes

Vous recherchez un parent tué dans la Grande Guerre ? Votre arrière-arrière grand père ? Un grand oncle ? Un arrière arrière petit cousin ? Qui était-il ? Où était-il ? Notre site Générations 14 répond à vos questions. Il suffit de taper un nom de famille dans le moteur de recherche.

Dans Générations 14 vous retrouvez des photos, documents, lettres de Pierre Mortreux, Jules Mortreux et Léon Mortreux, les 3 frères tués dans les grandes batailles en Alsace, en Lorraine et dans la Somme de la Grande Guerre.

Cette plateforme participative vous permet d’ajouter vos documents personnels pour enrichir la base de données.

Les frères Mortreux

Pierre Mortreux 25 ans, Jules Mortreux 32 ans et Léon Mortreux 31 ans … morts pour la France en 1915 et 1916

Ci-dessous par Générations 14, la fiche « Mémoires des hommes » de Léon Mortreux, tué dans la bataille de la Somme en 1916

Fiche-Léon-Mortreux

La fiche de Léon Mortreux dans Générations 14 de la base de données « Mémoires des hommes » présente de nombreuses informations, date, lieu, circonstances sur le mort de Léon Mortreux.

La fiche indique que le Sergent Léon Paul Joseph Mortreux est mort pour la France le 13 septembre 1916 à Le Forest (Somme). Elle précise « Tué à l’ennemi »

Générations 14 propose d’autres documents, photos, vidéos, lettre de poilus.

Dans Générations 14 de votre région, retrouvez un aïeul, un parent « Mort pour la France »

Sur la carte de France, vous cliquez sur le « Générations 14 de votre région » pour retrouver un aïeul mort pour la France lors de la Première Guerre Mondiale.

 

 

 

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