C’est une grande première, et c’est un symbole de la volonté d’Alain Rousset de travailler avec les élus de tous bords. Le président du Conseil régional Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes organise, ce vendredi 19 février, une réunion de travail avec les douze présidents des Conseils départementaux à l’hôtel de région à Bordeaux. Ensemble, ils aborderont les conséquences de la loi NOTRe, qui modifie les compétences de la région et des départements, en matière de développement économique, de transports, de gestion des déchets et d’infrastructures numériques.
La réforme territoriale n’a pas seulement modifié le contour géographique de la région. Elle a aussi changé les compétences des collectivités locales et renforcé le rôle de la région. Alain Rousset, bien conscient de ces bouleversements, a, dès son discours d’investiture, promis de travailler de concert avec les conseils départementaux. Seulement, six semaines, après son élection, il tient donc parole et rassemble autour de lui, des élus départementaux, qui ne sont, pourtant pas, majoritairement de son bord politique.
Sur les douze départements de la grande région, sept sont aujourd’hui, dirigés par la droite (Charente-Maritime, Vienne, Deux-Sèvres, Charente, Corrèze, Creuse, et Pyrénées Atlantiques), et le président de l’association des départements de France, n’est autre, que le député Les Républicains, et président du département de Charente-Maritime, Dominique Bussereau, qui s’est fortement engagé auprès de Virginie Calmels. Il a, par ailleurs, choisi la Vienne, pour accueillir en octobre prochain la 86ème édition du congrès des départements de France au Futuroscope.
D’autre part, beaucoup de ces présidents dénoncent aujourd’hui, la baisse des dotations de l’Etat, dans le cadre des économies imposées par François Hollande, et l’explosion des dépenses sociales, liées au RSA. Plusieurs, comme la Vienne où la Haute-Vienne, ont déjà annoncé une hausse de la taxe foncière, et d’autres comme la Creuse et les Deux-Sèvres, ont prévu des économies budgétaires significatives (20 millions en deux ans pour la Creuse, et 15 millions en 2016 pour les Deux-Sèvres). Ajouté à cela, le contexte politique, de la pré-campagne présidentielle, il y aurait donc réunies toutes les conditions d’un dialogue difficile avec un président de région, socialiste, qui est aussi, député, et qui soutient le gouvernement.
Mais, de part et d’autre, l’heure aujourd’hui, semble être de vouloir travailler en bonne intelligence dans l’intérêt des populations sur des sujets extrêmement concrets. Il sera, notamment question de développement économique, sachant que les départements ont perdu leur « clause de compétence générale », et qu’ils ne peuvent plus désormais, verser d’aides directes au PME. Le département de la Vienne a trouvé une parade, en créant une « Agence de la créativité et de l’attractivité du Poitou » présidée par Jean-Pierre Raffarin, mais cela reste une initiative limitée. La région souhaite, donc, associer les départements à sa stratégie économique pour créer des emplois.
Il sera aussi question des transports scolaires, une compétence jusqu’à présent exercée par les départements, qui revient, en théorie, à la région, mais qui devrait rester, par délégation, dans le giron des départements. Enfin, les présidents aborderont la gestion des déchets, et les infrastructures numériques et le très haut débit.
A travers cette réunion, Alain Rousset « parie sur une nouvelle gouvernance, fondé sur la concertation et la confiance, pour plus d’efficacité au service du citoyen et de l’économie ». L’avenir dira, s’il s’agit d’un vœu pieux, où réellement d’une nouvelle manière de faire de la politique à l’échelle du nouveau territoire.