Cet oeil-là est l’un des hologrammes créé dans l’Holo-Booth du collectif Babel Event invité par Vidéoformes en 2016
Cette année, sur l’affiche du festival Vidéoformes, festival d’arts numériques de Clermont-Ferrand, des dizaines de paires d’yeux nous regardent: une façon de montrer que l’art vidéo est encore capable d’observer, de donner sa vision du monde et de notre environnement le plus proche.
Le festival Vidéoformes, c’est d’abord une série de projections qui nous donne un bel aperçu de l’activité des vidéastes du monde entier. L’art vidéo se porte bien et les idées ne manquent pas visiblement puisque les programmateurs ont reçu précisément 687 vidéos venues de 50 pays différents.
Les vidéastes tournent 7 fois la langue dans leur bouche avant de filmer
Comme d’habitude, le festival propose plusieurs expositions dans la ville: la Tôlerie réunit plusieurs artistes dont le vidéaste français Pascal Lièvre qui a eu l’idée d’ôter toute trace de présence humaine de la série aux multiples saisons Lost. L’histoire de ces rescapés d’un avion qui s’est crashé sur une île a priori déserte mais qui, au fil des épisodes se révèle plus peuplée que n’importe quel autre endroit de la planète. Il en tire un film de 28 minutes qui cumule un nombre incalculable de plans toujours en mouvement: même sans personne sur l’image, le spectateur n’arrive pas à s’ennuyer devant ce qu’il reste de cette série américaine. Là où le spectateur risque de trouver le temps long, c’est devant le film du suédois Anders Weberg. Ce dernier présente cette année à Vidéoformes la bande annonce d’un film qu’il ne présentera au public qu’en 2020. L’an dernier, le vidéaste avait présenté un teaser du film qui durait 72 minutes. En ce moment, Ambiancé, la bande annonce que le public est invité à découvrir à la Tôlerie dure 7h20 et le film qu’elle annonce aura une durée totale de 720 heures, ce qui ôte toute possibilité à qui que de soit de voir le film en entier. Seul celui qui l’aura filmé soit Anders Weberg lui-même, aura la possibilité de le voir. D’autant qu’après sa première diffusion, le réalisateur promet de détruire le film pour que personne excepté lui, ne puisse se targuer de l’avoir vu dans son intégralité. La scène présentée dans la bande-annonce Ambiancé a été tournée sur une plage qui avait déjà inspiré Igmar Bergman et reprend la scène de la partie d’échecs dans Le Septième Sceau. Une performance dans laquelle les artistes suédois Stina Pehrsdotter et Niclas Hallberg interprètent la scène en question en jouant sur les sept thèmes – la vie, la quête, le pouvoir, la mort, la fuite, le repos, l’amour.
Vidéoformes 2016 garde un oeil sur nous
Une nuit avec Ko Nakajima
Le festival proposait plusieurs performances cette année et mettait le japon à l’honneur et notamment le vidéaste Ko Nakajima, artiste qui revient régulièrement au festival Vidéoformes depuis 29 ans.
Ko Nakajima fait partie des artistes japonais pionniers de l’art vidéo. L’essentiel de son travail se concentre sur la nature comme le film Mt Fuji (1984), vidéo qui mêle images de synthèse et photographies. Point culminant du Japon, le volcan est toujours considéré en activité même s’il n’y a pas eu d’éruption depuis 1707. Après une succession de photos qui rendent hommage à la beauté du site tant célébré par les Japonais, Nakajima simule une éruption en images de synthèse.
Cette vidéo fait partie des vidéos projetées pendant le festival après une performance de l’artiste, Requiem Dance, avec la participation de Marion Arnoux (danse), Véronique Giraud, membre du duo VoCello (violoncelle) et Jean-Philippe Mangeon (lecture): « Voici la fin de l’ère du tube cathodique. Le tube cathodique et les cassettes vidéo se meurent. C’était mon amour le tube cathodique, c’était ma vie. Au revoir cassettes vidéo, au revoir tube cathodique. »
Ko Nakalima Night, Vendredi 18 mars à 20h30 , Maison de la Culture, Salle Boris Vian.
Soirée de Clôture, Samedi 19 mars, 20h30, Maison de la Culture, Salle Boris Vian
Expositions jusqu’au 2 avril 2016 (La Tôlerie, Chapelle de l’Hôpital Général, Galerie Claire Gastaud)
