Samedi soir, la Coopérative de Mai à Clermont-Ferrand fêtait ses seize ans. Pour assurer la fête d’anniversaire, les clés de la Petite Coopé ont été confiées à trois des groupes les plus enthousiasmants de la scène française en ce moment: Jo Wedin & Jean Felzine, Grand Blanc et Bon Voyage Organisation. C’était gratuit, on est entré.
La Coopérative de Mai a seize ans. La salle clermontoise est une grande ado et c’est logiquement à eux qu’elle s’est adressée samedi soir en programmant trois groupes qui devraient être bien placés dans les playlists de leur smartphone. Sauf que rares sont les ados qui se risquent à écouter autre chose que Fauve en ce moment ou pire encore, Maître Gims… Certes, il ne faut pas généraliser mais quand on voit le public réuni samedi soir à la Coopérative de Mai, on se demande si les jeunes terriens ont encore accés à la musique. Cette Birthday Party réunissait trois groupes qui parlent davantage à nos glandes surrénales qu’à notre cortex cérébral et c’est pour ça qu’on pensait y rencontrer plus de jeunes. Il y avait donc plusieurs générations de spectateurs pour cette anniversaire et ce qui fonctionnait sur les uns, marchait nettement moins bien sur les autres.
Jo Wedin & Jean Felzine: sensuels et élégants
Dans le coin, Jean Felzine est connu parce qu’il conduit plutôt bien son autre groupe Mustang. On aurait pu s’imaginer que le duo qu’il forme avec Jo Wedin était un produit dérivé mais lorsqu’on les voit tous les deux sur scène, on est forcé d’admettre que Jo Wedin & Jean Felzine, c’est un nouveau groupe très séduisant. C’est avec une élégance rare que le duo franco-suédois déploie son set: chaque chanson renferme une sacrée dose de sensualité et leur production s’effeuille un peu comme le ferait une strip-teaseuse.
Les mantras de Grand Blanc
Le groupe messin a commencé son set par une Surprise Party plutôt appropriée. « Souffle tes bougies comme les enfants terribles » et c’est bien de ça qu’on parle car, comme dans le roman de Cocteau, les enfants terribles de Grand Blanc vous attirent vers leurs mondes intérieurs à grands coups de sons distordus, de boites à rythmes qui te choppent et ne te lâchent plus jusqu’à la fin des morceaux et de phrases qui en disent longs. C’est sûr, c’est bien écrit Grand Blanc, mais en concert, ce sont les mantras qu’ils t’assènent en boucle « le temps d’un disque sombre » qui t’embarquent.
L’Organisation te souhaite Bon Voyage et te laisse sur le tarmac
Après le « Samedi la Nuit » de Grand Blanc, la petite Coopé n’était sûrement pas contre un petit déhanché et le Bon Voyage Organisation, fort d’un EP survolté et sorti l’an dernier, devait logiquement faire l’affaire. Tout dans ce groupe excite la curiosité: du bassiste sapé comme un Blues Brothers au Monsieur Loyal qui danse avec sa flûte traversière comme un Patrick Hernandez avec sa canne en passant par une jolie chanteuse qui bouge comme un Earth, Wind & Fire. On se dit que cette génération de musiciens a dû avaler une bonne dose de musique pourrie pour réussir à en retranscrire sa substantifique moelle: Ils ont été brillants du début à la fin du voyage mais la belle énergie que le groupe a donné ce soir-là n’était visiblement pas communicative car une partie du public clermontois a lâché le train en route.