C’est sûrement le groupe de rock le plus charismatique du moment et il se produisait à la Coopérative de Mai: Le groupe bordelais JC Satàn a mis le public clermontois dans une sorte de lévitation infernale pendant près d’une heure.
Alors c’est sûr, c’était court. Mais jamais l’expression « court, mais intense » n’a été aussi appropriée. Le concert des bordelais de JC Satàn à la Coopérative de Mai a démarré par un tapage à te forer les bouchons en mousse et s’est conclu par un larsen effarant qui nous a tous rendus hagards pour l’heure qui suivait. Alors bien sûr, on s’est couché avec l’oreille qui sifflait mais ce qui s’était passé devant nous valait bien un ou deux acouphènes.
Car le bruit, justement, ils en font quelque chose
La dernière fois que j’avais vu la secte satanique d’Arthur Larregle et Paula Scassa sur scène, c’était aussi à la Coopérative de Mai, en première partie de Ty Segall, et j’étais reparti absolument fan de ces girondins irrespectueux de tout, même du rock. Ces types-là se foutent bien du style tant que ça passe: lo-fi, grunge, metal, garage psyché, l’important n’est sans doute pas là. Le groupe fait feu de tout bois comme on dit et livre à qui veut l’entendre un maelström hyper attractif. Sur scène, les bordelais ne laissent personne sur le carreau y compris ceux pour qui le bruit est infernal car le bruit, justement, ils en font quelque chose. Si sur le dernier album, d’où ils ont puisé la majeure partie de la set-list du concert à la Coopé, les arrangements de cordes et de cuivres donnent un peu de classe à la violence, sur scène, les cinq démons, guitare, voix, clavier, basse et batterie, n’ont que leur énergie et leurs dons de sorciers pour vous jeter dans leurs profondeurs. Le chef d’orchestre, Arthur, qui huile tous ses solos au Jack Daniel, fait monter la pression à chaque morceau, entraîné par la basse musclée de la fluette Alice, du tapage viril de Romain à la batterie et de l’entêtant rebond des doigts du dégingandé Dorian au clavier… D’ailleurs, on a bien failli ne pas redescendre de l’interminable Waiting for you. Quant à Paula, sorte de Rosemary Woodhouse bien consciente de ce qui lui arrive et surtout de ce qu’elle donne, chante d’une voix grave en lançant des oeillades aguicheuses au vide. Il n’en fallait pas davantage pour nous donner une bonne idée de l’enfer.