Le photographe français Michel Handschumacher expose « Le Temps n’efface pas les erreurs » à la librairie Torcatis, dans le cadre du festival Off de Visa.
Sur les photos, les baraquements en ruine ont gardé les traces du passage des différentes populations qui y furent enfermées. Une croix, une gravure, des noms de capitales du monde entier. En 2013 et 2014, Michel Handschumacher, photographe amateur, architecte de formation, a marché sur les traces des internés de l’ancien camp de Rivesaltes (Pyrénées Orientales).
« C’est un lieu encore habité, à respecter. Sur place, on sent une présence, des présences. » Des graffitis représentant de jeunes enfants et des inscriptions historiques sont ancrés dans les murs. « En voyant mes clichés, une personne m’a dit qu’elle avait pris conscience que des hommes, des femmes et des enfants avaient été internés ici. »
Un petit garçon dans le camp.
21 000 « indésirables » entre 1941 et 1942
Sous le contrôle du régime de Vichy au début des années 1940, « ce camp est le symbole de la collaboration française avec le régime nazi », pour le photographe amateur. « J’ai mis plusieurs années avant d’oser y pénétrer ». Républicains espagnols, opposants au régime de Franco, Français et étrangers juifs, tziganes, harkis, plus de 21 000 « indésirables » ont été internés dans ce camp entre 1938 et 1942. « En parlant de cette histoire autour de moi, je me suis rendu compte que peu de personnes la connaissaient. »
Pour cette exposition, Michel Handschumacher a réalisé tous ses clichés en numérique, après avoir longtemps utilisé l’argentique. Les nouvelles méthodes de tirage lui permettent désormais de retranscrire l’authenticité recherchée en mettant en avant notamment un « noir profond ».
Les raisons du passage de Michel Handschumarer de l’argentique au numérique.
À travers les photos du camp de Rivesaltes, le photographe a aussi souhaité pousser un coup de gueule. « J’ai décidé de me lancer dans cette série lorsque j’ai découvert le graff « Le Temps n’efface pas les erreurs ». C’est un renvoi à l’actualité. Aujourd’hui, nous n’avons pas trouvé d’autres solutions que l’internement et la construction de camps pour régler le problème des migrants, qui ont pour seul tort de ne pas avoir de papiers. Je crois que l’on a déjà vécu cette histoire. Pour moi, le camp de Rivesaltes est un prétexte pour montrer ce qui se passe à l’échelle mondiale. »
A côté de l’exposition, Michel Handschumacher a réalisé un film qui a remporté le Prix du public lors des 5ème rendez-vous de l’image 2015 à Strasbourg. La musique de Bruno Fleutelot plonge le public dans l’atmosphère du camp.
L’exposition de Michel Handschumarer mise en musique par Bruno Fleutelot.
À Rivesaltes, la construction d’un mémorial, financé par le Département des Pyrénées Orientales, la Région Languedoc-Roussillon et l’État, est en projet. Il devrait être inauguré à l’automne.
CAMILLE HISPARD & LUDOVIC GALTIER