Philippe Deblauwe, fondateur de l’agence photographique Picturetank, présente le travail de plusieurs de ses photographes sur Israël et la Palestine. Tout cela, dans son propre appartement, au cœur du quartier gitan de Perpignan.
La rue Llucia. Une rue étroite du quartier Saint-Jacques à Perpignan. Les habitants s’y croisent, s’y interpellent. Certains s’attardent quelques instants pour parler aux femmes, assises sur des chaises en plastique au milieu de la chaussée. Des enfants jouent un peu partout, se courent après en criant. La vie ne s’arrête jamais au cœur du quartier gitan.
Des chiens aboient, dont un au numéro 20, au premier étage. Un homme lui demande d’arrêter. « Il n’est pas méchant », rassure Philippe Deblauwe, fondateur de Picturetank, une agence photographique avec « pignon sur rue » dans ce quartier qu’il affectionne particulièrement.
Sa porte entrebâillée laisse entrevoir des clichés accrochés au mur du salon. « Nous avons sélectionné une quinzaine de travaux photographiques sur Israël et la Palestine. » Quatre photographes exposés, une quinzaine projetés, principalement de Picturetank, apportent leur regard sur « les deux côtés du mur » : le quotidien dans un camp de réfugiés à Bethléem, les fêtes religieuses, les lieux désertés après l’exode des Palestiniens en 1948, les bâtiments détruits dans la bande de Gaza… Les œuvres de Bruno Fert, Mouna Saboni, Valentine Vermeil et Heinrich Voelkel sont installées jusque dans le jardin de Philippe Deblauwe.
Une exposition « à la maison » pour que les habitants du quartier puissent venir librement. « Perpignan est la ville des extrêmes. Il y a des habitants très riches, et d’autres très pauvres. Et pour qu’un échange soit intéressant, il faut que ces publics différents se rencontrent. » Pour que chacun puisse voir une exposition sur un thème absent, cette année, de Visa pour l’Image.
« J’organise des expositions depuis dix ans, pendant toute l’année, pas uniquement pendant le festival », dit Philippe Deblauwe. Avec toujours le même objectif : faire connaître les photographes de son agence au plus grand nombre, et pas seulement à une élite. « Visa pour l’Image organise beaucoup de soirées privées. Et parfois, certains habitants peuvent avoir du mal à se sentir concernés. »
« El Haal, regards collectifs sur Palestine et Israël », exposition ouverte au public jusqu’au 7 septembre (20 rue Llucia).
Laura MOREL