Les séances se succédaient à un rythme infernal, souvent très courtes, parfois sans rien, parfois pour parler de lui, de la dédicace que lui avait écrite ce psychiatre de télé Gérard Miller, un de ces amis intimes! (et dire qu’il déteste Ruffo le vulgaire) .
Une anecdote fumante! Un jour, au détour de la séance, je lui demandai de m’excuser car je ne pouvais pas venir vendredi. Je devais aller à Genève pour un congrès de phlébologie. Il se mit une fois de plus dans une colère énorme, hurlant que je n’avais pas le droit, que de toute façon je devais payer cette séance et celle où j’étais absent et que c’était la dernière fois qu’il acceptait cela. J ‘avais déjà entendu qu’en psychanalyse le patient doit payer les séances qu’il annule au dernier moment, mais là j’étais surpris. Mais, avec lui ….
La véritable surprise arrive le lendemain. Il me téléphone sur mon portable personnel à 22h.
» Docteur ??? Vous partez bien à Genève vendredi ?
– Oui.
– Alors ramenez moi une boite de cigares, les xxxx, ceux que fumait Jacques Lacan. Ils ont une forme tordue !
– D’accord ….. à lundi.
– C’est ça à lundi ! »
Je résume : il me fait payer une séance où je ne peux pas venir mais il m’appelle pour lui ramener une boite de cigares. Il me parle de Jacques et moi dans tout cela, qu’ai-je fait ? Je lui ai ramené une boite de 20 cigares très chers et je me suis bien juré d’en parler à personne vu la honte de mettre fait avoir comme cela.
Le lundi suivant j’ apporte les cigares que je dépose sur son bureau, pas un regard, pas un mot, juste un signe de la main m’indiquant de m’allonger.
J’ai envie de lui en parler, je ne peux pas, je ne dis rien et lui non plus. Deux minutes comme cela! C’est long, très long… puis il me sort: » Bien, on en était où ? »
Cette séance fut atroce pour moi, j’avais l’impression que tout s’écroulait. Tous les progrès s’arrêtaient net. J’avais honte de ma faiblesse. Bon dieu, Antoine quand auras- tu des ….. ?
Lui, imperturbable, « alors on en était ou ???? »
– Je vous parlais de mes malaises.
– Vous en avez refait ?
– Non !
– Bon, c’est génial la psychanalyse ! J’ai psychanalysé un de nos confrères, docteur Untel.
Là, une sueur froide me traversa le dos !! Il vient de me dire le nom d’un de mes amis intimes que je côtoie souvent, mais où est le secret médical ? Peut -être fait il de même avec moi ?
» Et j’ai soigné ses maux d’estomac ! Je me permets de vous le dire car je sais que nous sommes entre nous et que vous ne dévoilerez pas cela .
– Non mais j’espère que vous ne ferez pas de même avec moi !
– Bien ! 45 et en liquide svp !
En sortant de là je n’avais qu’une envie c’était d’aller voir mon copain qui avait donc été comme moi défragmenté par le docteur Mie. Pas facile d’aborder cette relation! Aussi je me suis dit que l’occasion se présenterait un jour et que cela serait mieux.
Il ne fallut pas longtemps. Invité chez un réalisateur de cinéma je retrouve le psychanalysé de dr frisette. Après quelques verres j’aborde la discussion de façon très hypocrite mais néanmoins subtile.
» Comment vas- tu, Vincent ?
– Super et toi ?
– Ecoute, j’étais pas loin du « burn out » et, pour éviter de cramer, je suis allé me faire refroidir chez un analyste Lacanien.
– Chez qui, si ce n’est pas trop indiscret ?
– Pas du tout , chez Philippe Mie .
– Ce mec est fou, arrête ça tout de suite.
– Tu le connais ?
– Oui, j’ai subi ses travers pendant 6 mois.
– Eh bien, moi cela fait deux ans et c’est bizarre mais mon avis est partagé.
– Comme tu veux mais ne deviens pas comme lui.
Je suis content de partager avec un très bon ami ce docteur Mie mais je suis très perturbé qu’il pense que cet homme soit fou.