Pour voir les photos, passez la souris sur la carte…
6h27 et déjà des pêcheurs prêts à sortir leur canne.. La règle est respectée, la pêche ouvre une demi-heure avant le lever du soleil. Le temps agréable a été propice à une bonne affluence ce matin. Dans le Territoire-de-Belfort, un arrêté préfectoral limite à six truites par jour et par pêcheur le nombre de prise pour préserver le cheptel. Le garde pêche Marc Vauthier a constaté que les prises tournaient autour de deux poissons en moyenne.
Comme dans de nombreux autres endroits, le niveau de l’eau des rivières monte en raison de la fonte des neiges du Ballon d’Alsace. Le courant est assez fort, de quoi désorienter les truites d’élevage relâchées en début de semaine. 300 kilos de ces truites ont été versées dans la Savoureuse et 250 kilos dans la Rosemontoise. Ces truites Arc-en-ciel n’aiment pas le courant, elles qui ont grandi en bassin alors les pêcheurs les plus malins les cherchent dans les endroits tranquilles de la rivière.
Isabelle Brunnarius
Carte et animation : Xavier Beisser et Pascal Sulocha
Le fils de Nicolas Germain et sa belle prise en no-kill sur la Franco-Suisse
Cette année pour l’ouverture du 9 mars, France 3 Franche-Comté vous invite à participer à la rédaction d’un article pour notre site internet sur ce jour important pour les pêcheurs et les amis des rivières.
Nous souhaitons publier vos photos prises ce 9 mars racontant
-La rivière où vous aimez vous rendre ( en meilleure ou en pire état…)
-Votre première prise si vous êtes pêcheurs
Nous préparons des cartes des rivières importantes des 4 départements de Franche-Comté pour localiser à peu près vos photos ( les pêcheurs pourront ainsi garder leur coin secret…) L’objectif est de montrer la diversité des situations et de tenter de se rendre compte de l’état des lieux des rivières et de l’état d’esprit des hommes et des femmes qui les côtoient.
L’ideal, pour nous, est d’identifier avant le 9 mars une liste de personnes d’accord pour participer à cette initiative. Il faut juste pouvoir envoyer une ou plusieurs photos avant 15 heures le jour même avec un petit commentaire et le nom de la rivière pour pouvoir publier l’article le soir même…
Voici l’adresse mail : loue@francetv.fr ou si vous préférez vous pouvez m’envoyez vos photos au 06 22 69 33 46 .
Je compte sur votre participation et je vous en remercie par avance !!
L'ouverture 2013 sur la Franco-Suisse. Photo : Patrice Malavaux
C’est comme cela chaque année. Les pêcheurs de la Franco-Suisse ont toujours une longueur d’avance. La pêche ouvre le 1 er mars. Cette année, le garde pêche de l’association a le sourire aux lèvres. Il fait beau, les pêcheurs sont venus nombreux le long du parcours. Même si ce n’est pas le jour de l’ouverture où l’on fait les meilleurs prises, c’est toujours une sortie à ne pas manquer. Il fait encore froid, la neige est toujours là, les poissons se font plutôt discrets. Un pêcheur a tout de même sorti une truite de plus de 2 kilos !
Philippe Mauser et Gérard Piquard ont fait également l’ouverture. Un vrai régal apparemment pour ces adeptes du no kill . Voici le lien pour voir la video de Gérard Piquard :
La Franco-Suisse a le moral. « Le dernier poisson malade que j’ai vu, c’était en juin ! Ici, le Doubs est en rémission » m’a précisé Patrice Malavaux, l’auteur de ces photos. La récente prise de position de la préfecture au sujet des éclusées donne également le sentiment d’avoir, enfin, été entendu. De quoi être de bonne humeur !
Les pêcheurs nombreux à l'ouverture 2013 de la Franco-Suisse. Photo : Patrice Malavaux
Une bonne humeur partagée par le célèbre pêcheur Nicolas Germain. Sur son blog, il raconte joliment sa première journée de pêche à la truite sur le parcours Mouche-no kill du Moulin du Plain. Cet expert de la pêche à la mouche le confirme : cette année, les pêcheurs et les poissons sont au rendez-vous dans ce secteur au décor naturel somptueux.
Mes confrères de France 3 Franche-Comté, eux, se sont intéressés aux retombées économiques de cette passion qu’est la pêche. Là aussi, l’optimisme est de mise.
Deux semaines avant l’ouverture de la pêche à la truite sur les rivières première catégorie, le collectif SOS Loue et rivières comtoises publie une video sur l’état des rivières de notre région. Pour que l’on oublie pas qu’il y a toujours des poissons malades. Cette fois-ci, le collectif publie également quelques images d’endroits préservés… C’est à la fin de la video. Une autre façon pour eux de dire que leur combat est encore utile à condition d’agir vite !
L’autre adresse que je vous recommande est la nouvelle page facebook du blog Hydrobioloblog tenu par Marie Mezière-Fortin. Une manière de se tenir informer des dernières publications de ce blog. Je vous recommande l’article du 18 février : c’est la troisième partie d’une publication intitulée « Restauration, renaturation, est-ce possible ? »
Un travail intéressant en particulier pour ceux qui s’intéressent au projet de restauration de la basse vallée de la Loue…
Voici en guise de mise en bouche un premier extrait du documentaire de Jean-Philippe Macchioni : une truite qui joue ! L’image est magnifique et elle va parler aux pêcheurs à la mouche… Et oui, une truite peut s’amuser, elle nargue en quelque sorte le pêcheur en lui laissant croire qu’elle va gober pour de bon sa mouche. Que cela soit un vrai insecte ou une mouche, le résultat est le même; la truite ne gobe pas à tous les coups. Personnellement, j’ai une version qui déplairait certainement à Séverin Ménigoz et ses amis : la truite est tout simplement maladroite.
Comment fait-on pour réussir une telle image? « Il faut de la patience…me répond Jean-Philippe Macchioni. Tu longes la Loue, tu t’installes et tu restes là un après-midi entier à observer jusqu’à ce que la truite commence à s’amuser! ».
Pendant les jours qui viennent, le blog de la Loue vous fera découvrir d’autres extraits de ce film qui retrace les histoires croisées de ces deux rivières.
Bien sûr, vous êtes invités à l’avant-première de ce documentaire prévue le jeudi 7 février à 20 heures à la Saline d’Arc-et-Senans. Il vous suffit juste de confirmer votre présence à clemence.baverel[@]francetv.fr !
Quant à la diffusion, elle est prévue le samedi 9 février à 15h20 sur France 3 Franche-Comté
Les deux romans de Philippe Koeberlé, lui même pêcheur à la mouche.
Les 500 premiers exemplaires de ce roman sorti il y a deux mois ont tous été vendus… Leurs lecteurs ont pu se plonger avec délectation dans la nouvelle enquête de Séverin Ménigoz, le guide de pêche franc-comtois issu de l’imagination de Philippe Koeberlé et Nicolas Robert.
Cette fois-ci, Philippe Koeberlé écrit en solo cette histoire campée dans la vallée de la Loue. Meurtres, suspens, humour… le trio gagnant est au rendez-vous pour vous assurer de bons moments de lectures mais, personnellement, ce qui me fascine, ce sont les descriptions de l’univers de la pêche à la mouche.
Déjà dans le premier roman «Autopsie d’une truite», Philippe Koeberlé détaillait pendant deux chapitres les relations entre Séverin et «sa» grosse truite :
«Le lendemain il était là, à la même heure, canne à la main, idéalement placé, les nuées de mouches de mai faisaient l’ascenseur et voletaient en tout sens, mais pas de truite. Une crue subite le tint éloigné de la rivière pendant plusieurs jours, mais dès que l’eau s’éclaircit et baissa il attendit tous les soirs une apparition de sa truite. Elle sortit enfin de son repère, au cours d’une éclosion massive de phryganes.»
Moi qui ne pêche pas, j’ai l’impression d’apprendre les bases de cet art rien qu’en lisant ces lignes. Dans le «Sorcier d’Ornans», la rencontre entre Aimé Besson et Séverin Ménigoz révèle la profondeur de ce type de pêche. Lors de leur rencontre, le maître adoube le jeune guide. Le personnage d’ Aimé Besson est inspiré d’Aimé Devaux et de Henri Bresson, deux pêcheurs à la mouche admirés de tous et inventeurs de plusieurs ces appâts si particuliers.
«-C’est parfait et tu le sais, dit Aimé Besson. Ce sont des mouches d’ensemble qui flotteront dans la pellicule superficielle de l’eau, c’est ce qu’il faut actuellement puisqu’il paraît que les détergents retardent l’émergence des insectes ailés. Et puis la lumière, il faut que la mouche artificielle capte la lumière, c’est la lumière qui la rendra vivante, prête au mouvement, pas la simple imitation de la nature.»
Et plus cette nouvelle énigme avance, plus le lecteur pénètre dans l’univers si particulier de la vallée de la Loue. Une vallée scindée en parcours privés, chics et chers et des parcours publiques autrefois ignorés par les pêcheurs à la mouche…
Je ne vous en dit pas plus et rassurez-vous, Philippe Koeberlé vient de faire imprimer 300 nouveaux exemplaires…
Voici un tout premier extrait de ce documentaire « Doubs Loue, histoires croisées » qui promet d’être passionnant. Ce film de 52 minutes sera diffusé sur France 3 Franche-Comté et France 3 Bourgogne le samedi 9 février à 15 h20. Attention, cet extrait est encore une version de travail; le commentaire de Jean-Philippe Macchioni n’est pas encore enregistré. Le réalisateur a choisi de raconter les histoires à la fois liées et distinctes du Doubs et de la Loue. Après avoir rappelé la spécificité karstique des sols et raconté le lien qui unit le Doubs et la Loue avec la fameuse découverte de 1901 grâce à l’incendie de l’usine d’absinthe, Jean-Philippe Macchioni rentre dans le vif du sujet avec des images de truites malades…
Malgré la dégradation des milieux, ces rivières demeurent magnifiques…Les images du film montrent également le Doubs et la Loue dans leur splendeur. Cela sera l’objet d’autres extraits. Jusqu’à la diffusion de février, nous tacherons de vous présenter des extraits de ce documentaire.
Le Doubs en crue près de Goumois. Photo : Patrice Malavaux
En regardant la Loue et le Doubs en crue, je me suis posée une question de néophyte : comment les poissons vivent ces moments de fortes turbulences ? N’étant pas encore bilingue en français-truite, je me suis tournée vers ceux qui observent si bien les rivières. « C’est comme si vous étiez dans une tempête de sable, m’explique Thomas Perrine, garde pêche de la fédération du Doubs. Les sédiments sont soulevés, l’eau est trouble, cela peut gêner la respiration des poissons et ils perdent une partie de leurs repères. Alors, ils se réfugient dans les bras morts des cours d’eau, au calme ». Des refuges qui ont tendance à disparaître quand les rivières ont fait l’objet d’endiguement.
Patrice Malavaux, le garde pêche de la Franco-Suisse me rappelle qu’ « une crue régulière est de toute façon indispensable pour la bonne santé de la rivière, c’est une grosse « opération de décrassage », un fort renouvellement de l’eau jusque dans les zones d’ordinaire plus calmes, qui emporte tous les résidus animaux et végétaux morts, les algues, dilue les accumulations de polluants, etc… Enfin elles participent à ce que les scientifiques appellent la « dynamique fluviale », c’est à dire le renouvellement et l’évolution des bancs de graviers, des îlots, des bras morts, autant de zones parmi les plus riches et indispensables à la biodiversité dans la rivière et sur les berges. »
Les truites de l'Ain sont en place pour frayer, les couples se forment… Photo Nicolas Germain
« Tout dépend du niveau de la crue, précise le pêcheur et créateur de mouches Nicolas Germain.Si le niveau est quinquennal (probabilité de se produire tous les cinq ans) et que c’est la période de reproduction des truites, cela peut avoir des conséquences. Cette année, sur l’Ain, on voyait bien que les truites sentaient que ce n’était pas le moment de frayer ».
Patrice Malavaux est souvent interrogé sur l’impact des crues sur la fraye des truites . « Même si une quantité d’oeufs se font emporter, répond-il, cela fait partie de la perte naturelle et il vaut mieux peut être moins d’oeufs qui vont se développer sur un substrat propre que plus d’oeufs dans un milieu encrassé, colmaté et désoxygéné comme on l’a beaucoup vu ces dernières années. De toute façon, l’incubation des oeufs de truites dans les graviers dure tout l’hiver, le alevins n’en sortiront que vers le mois d’avril. Dans un cycle normal, une rivière comme le Doubs devrait être en crue au mois une fois par an. Si cela devait ne pas convenir aux truites, je pense qu’il y a longtemps qu’il n’y en aurait plus… ou alors elles auraient changé de façon de se reproduire! » conclut Patrice Malavaux.
Les crues jouent même un rôle dans la reproduction de certaines espèces. Thomas Perrine m’a raconté que le brochet profite des crues pour se reproduire. « Quand l’eau envahit pendant plusieurs mois, les prairies au printemps, il y dépose ses œufs. Maintenant, le brochet est en régression car il n’arrive plus à se reproduire faute de longues crues douces ». Tout ces spécialistes partagent le même constat : l’aménagement des rivières bouscule le cours naturel des crues. Aujourd’hui, l’eau monte très vite et descend très vite et si c’est un bien pour les hommes, ce n’est pas forcement le cas pour les poissons.
Voici une vidéo tournée récemment par Patrice Malavaux montrant le Doubs en crue dans les environs de Goumois.
Daniel Berthet, le président de la société de pêche de Morez, prépare méticuleusement les truites mortes prélevées la semaine dernière dans la Bienne. Ces prélèvements vont partir ce jeudi dans un laboratoire d’analyse de Valence dans la Drôme. Ces analyses révéleront peut-être le nom du produit toxique à l’origine de la mort d’au moins 300 truites la semaine dernière à Morez. Mais il se peut que plus de poissons soient morts car les fortes pluies de ces jours là ont augmenter le débit de la Bienne; des poissons ont pu être entraînés loin rapidement. Avantage de cette météo, la pollution a été diluée.
Le président de cette AAPPMA souhaite déposer plainte à la gendarmerie, mais, pour l’instant, les gendarmes n’ont pas voulu prendre sa plainte en expliquant qu’ils attendaient le procès-verbal de la police de l’eau, l’Onema. Mais Daniel Berthet ne s’avoue pas vaincu, il retournera à la gendarmerie pour tenter de déposer plainte. Les enquêtes sur les pollutions aquatiques aboutissent difficilement car il est compliqué de prouver l’origine du déversement.
Marc Goux a promptement répondu au courrier de Nicolas Jachet. Ce membre actif de SOS Loue et rivières comtoises estime que les politiques n’agissent pas là où il faudrait agir en priorité : « Oui les responsables politiques se mobilisent et les intentions sont bonnes, des décisions vont dans le bon sens. Mais une fois de plus de nouvelles études sont décidées et seront utiles à terme mais elles repoussent des décisions très importantes sur des domaines où les éléments sont parfaitement connus, et des corrections sont indispensables à l’inversion des processus de dégradation. Je note qu’aucun élu n’aborde de front la responsabilité du Comté».
Marc Goux soulève la délicate question de la filière Comté , délicate car c’est sur ce point que l’équilibre entre enjeux environnementaux et enjeux économiques est plus difficile à trouver.
C’est aussi un dossier pour lequel les élus ont peu de marge de manoeuvre. D’après Marc Goux, qui au passage reproche aux médias de ne pas relayer ses interventions sur la question, aucun espoir n’est envisageable pour les rivières, malgré tous les investissements qui seront consentis, si les pratiques agricoles des plateaux karstiques ne sont pas totalement repensées. « Le Comté s’engage dans une double impasse agronomique et de critères de sélection de la race montbéliarde qui le condamne à brève échéance à des lendemains très douloureux. L’effondrement de la biodiversité floristique et l’eutrophisation totale des prairies en sont les symptômes profonds.»
C’est vrai que dans les mois qui viennent, l’avenir de la filière comté va être largement débattu car la fin des quotas laitiers est annoncée pour 2015. Dans un récent reportage diffusé dans notre JT de France 3 Franche-Comté, Claude Vermot-Desroches, président du comité interprofessionnel du Comté affirmait qu’il «fallait trouver d’autres marchés pour pouvoir produire plus donc notre ambition est de pouvoir produire ce que le marché est capable d’absorber. Donc c’est le travail des entreprises, des affineurs, des fruitières, c’est tout cela qui permettra de savoir si oui ou non on peut pas produire du lait. Mais si on obéit pas à ces règles là, c’est un risque d’effondrement d’un système qui marche». Donc la production n’augmenterait que si il y a des débouchés… Le monde est vaste et les hommes gourmands !
Selon Marc Goux «Ne pas avoir le courage de poser ce problème publiquement est une faute grave vis-à-vis des obligations de la DCE eau 2015 et vis-à-vis de tous ceux qui veulent garder l’espoir de revoir ces rivières au niveau de leur réputation hélas ancienne. C’est aussi laisser le comté, autre fierté comtoise, s’enfoncer dans ses impasses ».
Lors d’un précédent entretien , Claude Vermot-Desroches me confirmait son engagement pour tenter de sauver la Loue, lui qui a son exploitation à Cademène, tout près de la rivière. Maintenir la bonne santé de la filière Comté tout en diminuant l’impact de la filière sur l’environnement, c’est la quadrature du cercle à résoudre dans les années à venir.