24 Mai

Le saviez-vous ? Le paysage de la vallée de la Loue est protégé.

Mouthiers, un site inscrit à l'inventaire. Une photo de jean-Claude Gagnepain.

C’est en lisant le tout récent numéro de la revue « En Vadrouille » que j’ai découvert cette protection. La « haute et moyenne vallée de la Loue » ( de la source à Quingey, 19 communes sont concernées) est un site inscrit à l’inventaire depuis 1979. La source de la Loue et les gorges de Nouailles sont, elles, classées à l’inventaire depuis 1933. Dernier paysage classé en 2003, les falaises d’Ornans et de la vallée de la Brême, un affluent de la Loue peint par Gustave Courbet. Huit communes sont concernées : Bonnevaux-le-prieuré, Charbonnières-les-sapins, Foucherans, Malbrans, Ornans, Saules, Scey-Maizières, Chassagne-Saint-Denis.

Il n’y a pas que les monuments qui peuvent être protégés par ces inscriptions ou ces classements. Le paysage est « un bien commun. Sa préservation permet maintenir la biodiversité, et possède désormais une valeur indéniable pour l’économie touristique » peut-on lire sur le site de la DREAL, la direction de l’environnement.

Toujours dans « En Vadrouille », Sylvie Debras nous apprend que nous devons cette protection des sites à un député du Doubs. Charles Beauquier est à l’origine de la loi de 1906. Cette législation s’applique aux paysages « dont la conservation ou la préservation présente, au point de vue artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque, un intérêt général ».

Ainsi, si vous vivez dans le périmètre de l’inscription d’un site, vous devez faire une déclaration en préfecture quand vous réalisez des travaux : « L’inscription entraîne, sur les terrains compris dans les limites fixées par l’arrêté, l’obligation pour les intéressés de ne pas procéder à des travaux autres que ceux d’exploitation courante en ce qui concerne les fonds ruraux et d’entretien normal en ce qui concerne les constructions, sans avoir avisé, quatre mois d’avance, l’administration de leur intention (…) Dans les sites inscrits, le camping et la création de terrains de camping sont interdits, mais des dérogations sont possibles. Il en est de même pour l’installation de caravanes ». Pour le site classé, les contraintes sont plus importantes. Cette fois-ci, il faut demander l’autorisation à la préfecture pour réaliser des travaux.

Isabelle Brunnarius

13 Avr

Le rapport des experts sur la mortalité des poissons sur la Loue est en ligne

Lors de la seconde réunion du Comité des sages en préfecture de Franche-Comté, le groupe d’expert présidé par Jean-François Humbert, a remis son rapport sur l’étude du fonctionnement de la Loue et de son bassin versant. Le rapport complet est publié sur le site de l’ONEMA, l’office national de l’eau et des milieux aquatiques.

Mortel début de saison pour la Loue

Ombres à l'agonie dans la Loue à Ornans, avril 2012.

C’est habituel mais cela ne devrait pas être une habitude. Une fois de plus, les truites et les ombres meurent dans la Loue. Cette semaine, plusieurs personnes ont alerté la fédération de pêche du Doubs. Des poissons ont été retrouvés morts entre Lods et Quingey, en particulier à Ornans ( confluence de la Boneuille) et Cléron.  Pierre Braems, du lodge de la Piquette comptabilise méticuleusement les poissons morts sur son parcours. Ce mardi, il a récupéré 28 ombres. Un chiffre « normal » par rapport aux autres années mais « ce n’est pas normal ». Surtout ne pas s’habituer… Ce qui l’inquiète le plus c’est le fond de la rivière tout noir. Cet hiver, avec les crues, le fond était redevenu clair, « Dame Nature avait, elle, fait son travail ». Mais, aujourd’hui, le fond est de nouveau encrassé.
Cette nouvelle mortalité énerve les pêcheurs. Alexandre Cheval, garde pêche de la fédération ironise « C’est bizarre, c’est toujours à la même époque… il a plu, les épandages ont commencé ». Les poissons sont en période de frai, ils s’abiment sur les pierres, ils sont fatigués et donc vulnérables aux maladies. La pêche aux ombres doit ouvrir le 19 mai, les pêcheurs risquent bien de continuer à déserter les bords de la Loue.

10 Avr

Revoir l’émission « Ma région, ça me regarde » : Pollutions au long cours

Si vous n’avez pas eu le temps de regarder notre émission du samedi 7 avril sur france 3 Franche-Comté, voici deux liens ( première partie et seconde partie ) pour la regarder car cette émission est en deux parties.
Mon confrère Jérémy Chevreuil avait invité Nicolas Germain, pêcheur, blogueur et auteur d’un DVD sur les mauvaises états de santé des rivières de la région. A ses côtés, Jean-François Robert, président du comité des sages et Daniel Prieur, président de la chambre agriculture du Doubs.

« Information, formation et pourquoi pas répression » c’est le triptyque souhaité par le président du comité des sages même si il reconnaît qu’il n’y a pas assez de personnel pour verbaliser. Le plus surprenant pour ce comité des sages est sans doute la découverte des actions des uns et des autres. Visiblement l’information n’ a pas forcément circulé entre tous les acteurs qui agissent sur le bassin versant de la Loue. Car des actions sont bien entreprises, de l’argent engagé mais les pêcheurs ne voient pas la qualité de la rivière s’améliorer.

Nouvelle réunion du comité des sages Loue et Rivières Comtoises

Pour la seconde fois, les « sages » se sont retrouvés jeudi 5 avril en préfecture à Besançon. Autour d’une même table, les uns et les autres n’ont pas les mêmes priorités mais, maintenant, ils discutent ensemble. C’est un premier pas. Tout l’enjeu de ce comité des sages est d’arriver à faire travailler ensemble des mondes qui s’ignorent ou s’invectivent. Le président du comité des sages, Jean-François Robert regrette l’absence de réflexion globale, chacun travaillant encore dans son coin. Les experts ont remis leur rapport, une synthèse des données existantes mais il faudra aller plus loin pour comprendre exactement ce qui se passe dans la rivière.

La composition du comité des Sages Loue et rivières comtoises, source : préfecture de région Franche-Comté

La Loue va mal depuis une trentaine d’années et il aura fallu la forte mortalité de 2010 pour que tous les acteurs du bassin versant se retrouvent ensemble. Les 17 membres du comité sont des représentants des services spécialisés de l’Etat, des industriels, des élus, des scientifiques, des agriculteurs, des représentants des associations environnementales  mais curieusement la fédération de pêche n’est pas représentée.

Michel Lassus, membre de la Commission de protection des eaux, « ne voit pas trop le bout du tunnel ». Il reconnaît que des efforts ont été faits mais beaucoup reste à faire. En particulier pour les stations d’épurations. En cas de crues, les eaux usées sont déversées sans être traitées. Finalement, c’est toujours le même sentiment qu’il y a beaucoup à faire et qu’il reste de nombreuses incertitudes. Par exemple, il est actuellement impossible de mesurer l’impact de l’activité des scieries du bassin versant sur la qualité de l’eau. Certaines grumes, explique François Lassus, sont traitées sur place en forêt…

Daniel Prieur, le président de la chambre d’agriculture, lui, est plus optimiste. En 2010, les agriculteurs ont mal vécu le fait d’être montrés du doigt lors de la mortalité des poissons sur la Loue. Des efforts ont été réalisés avec le soutien de l’agence de l’eau et du conseil général du Jura. Aujourd’hui, 65% des exploitations du bassin versant sont aux normes pour la gestion des effluents. Et pourtant, les épandages en période interdite existent toujours même si cela ne concerne que quelques exploitations. Dans les mois qui viennent, le  développement de la filière porcine avec l’installation de nouvelles porcheries va forcément ouvrir le débat. Comment concilier le développement économique et la préservation de l’environnement. Les lieux d’implantation seront étudiés de très près et il faudra choisir des techniques d’élevage compatibles avec la qualité des sols et donc des rivières… Daniel Prieur rappelle qu’il y a 20 ans, il n’y avait aucune discussion possible entre agriculteurs et défenseurs de l’environnement. Aujourd’hui, ils discutent ensemble même si cela peut virer au dialogue de sourd.

Jean-François Humbert

Jean-François Humbert, président du groupe national d'experts du comité des sages Loue et rivières comtoises.

Je réserve le mot de la fin à Jean-François Humbert. Ce Franc-comtois d’origine a présidé le groupe national d’experts qui s’est penché sur la Loue. C’est un spécialiste des cyanobactéries, son laboratoire est à l’Ecole Nationale Supérieure à Paris. Ce scientifique a travaillé sur le lac du Bourget, victime d’eutrophisation. Des mesures ont été prises pour diminuer le rejet de polluants dans le lac. Aujourd’hui le lac va mieux. Pour la Loue, le scientifique assure que la situation est également réversible. A condition de s’en donner l’énergie et les moyens.

Une nouvelle carte d’orientation des épandages

C’est un nouvel outil qui va être mis à la disposition de tous les habitants de la vallée de la Loue. Depuis 2009, la chambre d’agriculture du Doubs et le conseil général du Doubs mettent au point une nouvelle cartographie des sols du bassin versant de la Loue.  Sur ces cartes communales d’orientation , 2500 dolines, 300 pertes, 250 sources ont déjà été répertoriées, les zones humides sont également localisées. Toutes ces zones sont sensibles et l’épandage d’effluents organiques n’est à priori pas adapté.Les sols sont classés en fonction de leur épaisseur, de leur nature.

Pour réaliser ce travail, les deux instances ont été épaulées par l’association Grape , spécialisée dans l’étude des sols depuis 25 ans (Groupe Régionale Agronomie Pédologie Environnement).  Sur les 121 communes concernées, 42 ont déjà été cartographiées. Tout devrait être fini pour la fin de l’année, les cartes seront consultables par tous en mairie. Les agriculteurs pourront ainsi mieux connaître leur territoire et améliorer l’épandage de leur effluents. Des zones seront proscrites mais tout repose sur la bonne volonté des éleveurs car ces cartes ne sont qu’incitatives.

Les agriculteurs  ne sont pas les seuls concernés par cette cartographie. Les communes pourront s’en servir pour épandre les boues des stations d’épuration. Les industriels, les artisans, les villageois devraient également utiliser cette cartographie pour améliorer leurs pratiques. Dans son rapport présenté mercredi 7 mars à Besançon, le comité des sages rappelle que les origines des pollutions sont multiples.

24 Fév

Sensibilisation et formation aux sols karstiques

Comment fonctionne un sol karstique..ce gruyère de calcaire si particulier au bassin versant de la Loue? Si les réponses à cette question vous intéressent, Franche-Comté Nature Environnement organise le 14 avril une journée de sensibilisation et de formation à la maison de la Pêche à Ornans. Une journée théorique et pratique ouverte à tous.

Le matin, petit cours en salle et l’après-midi sortie sur le terrain avec Michel Lassus, de la commission de protection des eaux, Pascal Reilé, spéléologue et hydrogéologue et Catherine Bahle de Franche Comté Environnement. Direction les sources de la Loue et du Pontet. La particularité des sols karstiques est de laisser filer ce qui pénètre dans le sol comme par exemples les pertes des stations d’épuration. La visite se poursuivra au Creux renal, une ancienne décharge municipale réhabilitée.

21 Fév

Des étudiants à la passe à poissons de Quingey.

Photo : Anne Prochazka.

Rien ne vaut le terrain pour comprendre le fonctionnement d’une passe à poisson. Des étudiants de l’université de Franche-Comté en master II  diagnostic, traitement et aménagement des systèmes aquatiques d’eau douce avaient rendez-vous il y a quelques jours avec Michaël Prochazka, ancien agent de l’ONEMA, pour voir le fonctionnement de ce système qui permet aux poissons de remonter la rivière. France 3 Franche-Comté avait tourné un reportage au moment de l’inauguration de cette passe à poissons qui permet de lutter contre le déclin de l’Apron dans la Loue. Evidemment , la période n’est pas propice à la capture de nombreux poissons puisqu’à cette période de l’année ils se déplacent très peu. L’objectif  pour ces étudiants était plutôt de voir sur place une installation pas si fréquente qui augmente le potentiel de reproduction des espèces. Sur la Loue, les poissons ne bénéficient pas de cette continuité écologique à chaque barrage , certaines ne fonctionnent pas bien, d’autres mieux. Un projet d’ascenseur à poissons est même en cours avec EDF.

Au cours d’une précédente sortie sur le terrain, ces étudiants avaient observer de nuit le fameux Apron. Ces étudiants sont assez recherchés sur le marché du travail. Ils travailleront comme « cadres opérationnels dans les domaines du diagnostic de la qualité des systèmes aquatiques continentaux, de la gestion durable de ces systèmes, du traitement préventif des eaux, des effluents, des sols et des sédiments, de la restauration des sites contaminés. » Un après l’obtention de leur diplôme, plus de 90% d’entre eux ont un travail et certains continuent dans la recherche. Leur formation est pluridisciplinaire. Ils sont chimistes et biologistes. Des compétences recherchées effectivement pour se pencher sur le paradoxe de la Loue.

24 Nov

Nouvelle mortalité de poissons sur la Loue

Cette video tournée par Stéphane Marx parle d’elle-même. Le pêcheur l’a tournée le week-end dernier au miroir d’Ornans. Des truites et même des ombres sont atteints de mycoses et se meurent… Cette mortalité est habituelle après la période de frai car les poissons sont fatigués et vulnérables après cette période de reproduction. Mais cette année, la saison est en avance et cette période démarre à peine donc cette mortalité n’est pas normale. Pour Stéphane Marx, cette mortalité pourrait annoncer une hécatombe beaucoup plus importante d’autant plus que le niveau de l’eau est très bas. Quant à la rivière, à regarder ces images, son état ne paraît pas du tout s’améliorer… La situation n’ a donc pas changé depuis deux ans malgré toutes les études entreprises… maintenant il faudrait agir sur les causes, réclament  Stéphane Marx et ses amis pêcheurs.

Une semaine plus tard, le 27 novembre, Stéphane Marx est revenu au bord de la Loue. Dans cette video, vous verrez les fonds de la Loue comme vous ne voudriez pas les voir…