Le Prix de littérature en picard 2014 vient d’être officiellement lancé par son organisateur, l’Agence pour le picard. Une édition à la tonalité particulière : un prix spécial sera décerné cette année à la plus belle lettre d’amour. Le règlement précise qu’il peut s’agir d’une déclaration ou d’une rupture….
Des mots en picard, facilement glissés dans les conversations courantes, des échanges parfois plus nourris quand on sait que l’interlocuteur saura s’y retrouver. Le picard est encore oralement bien présent. C’est aussi une langue écrite, avec des auteurs de talent, régulièrement distingués. Jean Leclercq, Jean-Marie François, Jean-Luc Vigneux, Micheline Waquet et bien d’autres encore manient avec bonheur la plume picarde.
En 2009, l’Agence pour le Picard a créé ce Prix de Littérature, digne héritier du Saint-Quentinois Prix de la nouvelle, né au sein de l’association Tertous quinze ans auparavant. Chaque édition de ce prix mobilise en moyenne une cinquantaine d’auteurs. Les élus accèdent à une édition de leur texte, fable ou nouvelle. L’Agence pour le picard abonde ainsi un fond littéraire qui devient patrimonial.
Ces dernières années, le picard a connu des succès de librairie. Mais les traductions remarquées de Tintin et d’Astérix ne doivent pas occulter les difficultés de l’édition en langue régionale. Il faut toute la ténacité de Philippe Leleu, éditeur du Labyrinthe, à Amiens, celle de l’équipe éditoriale de la revue Ch’Lanchron, en Picardie maritime ou encore celle des éditions Engelaere pour porter aujourd’hui des projets artisanaux dans une distribution dominée par les grands groupes industriels.
Un prix littéraire distingue un auteur, mais suscite aussi une dynamique de création, assure une émulation et invite à une production régulière. Les textes ainsi livrés chaque année au jury viennent de toute la grand Picardie linguistique. Ils sont écrits en tournaisien, en ch’timi, en rouchi en picard du Vimeu ou de Thiérache, par des auteurs qui vivent ici ou qui de loin ont gardé l’écriture de leurs racines.
Il peut s’agir de contes, de de nouvelles, de fables, de poèmes ou de pièces de théâtre. Les textes proposés doivent être inédits et ne jamais avoir été publiés.
La coutume initiée par l’Agence, est de nommer président du jury le lauréat de l’année précédente. Pour cette édition 2014, c’est donc Jean-Luc Vigneux qui conduira la réflexion des jurés. Les textes sont à remettre avant le 28 février 2014.
Chaque année, la Fête de la pomme et du cidre de Lemé, dans l’Aisne, attire près de 10 000 personnes… On y mange des tripes et du boudin, on y goûte à des centaines de variétés de pommes et on boit du cidre… Cette année, c’était la 30ème édition de ce grand rendez-vous populaire.
La Fête de la Pomme et du cidre de Lemé a été créée par Henri Braillon, cidrier, diplômé de l’INRA (Institut National de la Recherche Agronomique) et spécialisé en arboriculture fruitière. Le coeur de la fête, c’est la fabrication de jus de pommes et de cidre en public.
Explications et détails des opérations avec Jean-Marie Braillon, éminent professeur de l’université picarde libre de Thiérache et fils d’Henri : « Les fruits sont d’abord broyés, on dit ici égrugés, dans le moulin à pommes. On les laisse alors un moment s’oxyder, pour favoriser la couleur orangé du cidre, mais aussi pour une meilleure stabilité de la boisson fermentée. Ils sont ensuite versés dans un pressoir, qu’on appelle pressò, en Thiérache ou pressoère dans l’ouest picard. Ecrasée, la pomme laisse partir son jus qui s’écoule entre les cloyètes.
Le gâteau de pommes broyées et pressées.
A nouveau, on laisse un peu la pomme s’oxyder, avant de monter les ablots, ces pièces de bois qui permettront d’extraire un maximum de jus. En Thiérache, la barre qui permet de démultiplier la force du presseur s’appelle la tanqueuse. Le jus extrait est ensuite mis en cuvier, un sédiment se dépose, le jus épuré est alors mis en tonneau. Une première fermentation s’opère jusqu’à la montée du chapeau brun . C’est à dire que la lie remonte sous l’effet des bulles. Une deuxième fermentation est nécessaire, et quand le degré d’alcool est suffisant, selon le cidre que l’on souhaite obtenir, sec ou doux, mousseux ou demi-mousseux, on met en bouteille. »
Pomme Sains-Richaumont B, verger communal de Lemé
Au début des années 1990, la commune de Lemé a planté un beau verger communal, pour pouvoir faire son cidre et pour contribuer à la sauvegarde des variétés anciennes. La Sains-Richaumont A et sa variante la Sains-Richaumont B y fructifient. L’une et l’autre ont Henri Braillon pour inventeur. En pomologie, on nomme inventeur celui qui a, le premier, su décrire une variété. Henri avait découvert la Sains-Richaumont dans la commune éponyme, dans un fossé qui longeait la voie ferrée. Elles ont la particularité d’être tout à la fois sucrées, amères et acides. Trois qualités requises pour faire un bon cidre. On parle alors d’un cidre monovariétal.
Un peu plus bas, dans le village, chez Claude Briatte, le verger abrite des pommiers de grand vent, des hautes-tiges. Parmi d’autres, une variété typiquement thiérachienne la Bonne Ente. A 80 ans, Claude fabrique encore son cidre. Mélangeant un peu de pomme Président, un peu de Court-pendue et un peu de Bonne Ente. Au printemps dernier, il a encore planté et greffé de nouveaux arbres, pour préparer l’avenir.
Association des Croqueurs de pommes du Nord Pas-de-Calais et Belgique
Un stand retient l’attention, celui de l’association des Croqueurs de pommes. Là, sur la table, se côtoient des variétés dont les noms déjà étonnent : la Pomme à viande, la Cabarette ou la Gueule à mouton. Au goût, Michel Religieux nous les décrit :« Si je vous fais goûter une Reinette de France, vous trouverez une astringence un peu âcre. Une vraie Golden vous fera découvrir une saveur que vous n’avez jamais sentie… Quant à la reinette étoilée… D’abord elle est belle, en forme d’étoile, mais elle vous laisse quelque chose, comme un arrière goût un peu en longueur que nous pourrions comparer à la longueur en bouche d’un vin. Chaque pomme a une maturité, une durée de conservation, une période de cueillette qui la différencie de toutes les autres. »
Reportage, à la Fête de la Pomme et du cidre, ce dimanche 15 octobre au matin…
La Fête de la pomme et du cidre, en picard :
A tous lés ins, él Fête dél Punme pi du Chide `d Élmè, dins l’In·ne, ale ratire pos lòn `d 10 000 jins. Ilå in puë minjer dés tripes pi du boudin, in puë y aprouver dés chintòn·nes éd puns éd tous `lz injhes, pi ésclaper du chide. Échl in·nèie-chile, ch’étò `l 30inme coep qu’in l-l éfzò.
Chéle Fête dél Punme pi du Chide ale å tèi créhèie pa Hinri Braillon, qu’tò ein sapré fzheu `d chide, qu’tò diplonmèi `dl I.N.R.A., pi qu’i `s avò éspéchalizèi dinsz chéle qhulture éd chés apes às-fruts. In plòn mitant dél Fête, i vò `l éfzåjhe du jus `d puns pi du chide in peublicq.
Édz àspliques pi dés détals is ont tèi don·nèis pa Jin-Màrò Braillon, pourfésseu dél Franque In·niviérchitèie picàrte éd Qhiérache.
In pruëme, chés fruts, is étont égrujèis dins `ch molin às-puns. In z-zé léye in moumint à dnir roulhe, qu’ ch’é pou chéle coleure du chide, més pa-tsu toute pour qu’éch fér i dvyinche éstape. Pàr-apré boute chés puns éqhèis su `l tape déch préssò (préssoère dins l’wésse dél Picàrdie). On puë vir él jus qu’i découle in thio peu intérdeu chés clòÿétes. Chå `l léye còre roujhir ein·ne ziqhéte.
In ponze les plaques pa-tsu les puns égrujèis, pi còre pa-tus chés ablos. In Qhiérache, él bàre qu’ale sért à sàrer, in `l lonme él tanqheue ou tanqheuze.
Fur à mzure qu’i sàre, él jus i passe pa l’ coulote, in `l vàrse dins ein cuvié obé dins ein ton·nhioe. Adon, in `l léye boulir quéues jours pou qu’éch brun capioe i rmonte. In soutire éch jus qu’in vàrse dins ein ton·nhioe. Ch’é ilå qu’ale å yu `ch deuzhyinlme boulåjhe. Pus tàr in `l métrå dins dés botéles, apré qu’in àrå ravizé `d prés achl édgré `d cucq, pou fére du chide douche obé sécq.
Dins `l écminchmint `d chés in·nèies 1990, él conmun·ne `d Élmè ale a plantèi des apes às-puns pou awòr dés puns pou `l fête, pi étou pou soefwàrder chés viélhës injhes. Él Sins-Richoemont A, pi `s vàriure él Sin-Richoemont B, is sont dins chél punmrèie. Leu-n invinteu, chå tèi Hinri Braillon, punmolocq, qu’i z-z å décri. Hinri i z-z avòdétoepèi dins `l urèie `d chés cmin `d fiér à Richoemont. Chés puns là, is étont chucrèis, surtes piamértes au coep. Ch’é chou qu’i foet pou fére du chite qu’in dirå qui é mon·novàriéteu.
Ein thio peu pus in-bås dins `ch pòhi, mon Claude Briatte, dins sés patures, i å ein·ne viélë vàriure éd puns tipique dél Qhiérache, él Bòn·nante. À 80 ins, Claude i fé còre toudi sin chide. I toulhe insan·ne dés puns Présidint, ein·ne zique éd Capindus et dél Bòn·nante. Al àrnovioe passé i å còre plintèi pi intèi des novios apes, pou prépàrer l’avnir.
Ein éstante i ratire `l’uëlh, chti dél chochnozon `d chés Croqheus `d Puns. Tsu leu tape i n sé vir cote-cote édz injhes qu’ leus noms is nos éton·nent édjà : él Punme à-vian·ne, `l Cabàréte, obé `l Gheule éd-mouton. Pou leu goût, Michel Religieux i nous z-zé décrit : « Si je vous fais goûter une Reinette de France, vous trouverez une astringence un peu âcre. Une vraie Golden vous fera découvrir une saveur que vous n’avez jamais sentie… Quant à la reinette étoilée… D’abord elle est belle, en forme d’étoile, mais elle vous laisse quelque chose, comme un arrière goût un peu en longueur que nous pourrions comparer à la longueur en bouche d’un vin. Chaque pomme a une maturité, une durée de conservation, une période de cueillette qui la différencie de toutes les autres. »
(Merci à Jean-Marie Braillon pour cette reprise en picard de notre billet)
En picard, on l’appelle Guénel, guinel ou gai-noël. La betterave à z’yus, c’est une ancienne coutume, restée très vivace dans le boulonnais, mais connue ailleurs en terre picarde et nordiste. Après la Toussaint, et surtout à l’approche de Noël, les enfants partaient en quête, armés de betteraves évidées et décorées. On leur offrait bonbons, brioches ou friandises. Très répandue autrefois dans nos campagnes, la betterave fourragère, était la plus utilisée, mais les enfants sculptaient aussi la variété sucrière ou le navet. Toute racine convenablement effrayante une fois évidée et éclairée d’une bougie faisait l’affaire.
« C’est une tradition picarde dont on trouve plusieurs origines, selon les textes : au Gai-Noël sous Charlemagne ou au gui-l’an neuf sous Charles IX explique Philippe Boulfroy, le plus érudit des conservateurs de chansons en langue picarde, A Boulogne-sur-Mer, en 1415, cette coutume consistait en un don de torches, portées, la veille de Noël, aux personnes importantes de la ville par les guetteurs, don récompensé par quelques rasades de vin. »
Pour le plaisir, deux des couplets du chant de Noël Ô Guénels, interpretée par Philippe Boulfroy….
Et pour ceux qui veulent mettre la main à la pâte et le couteau dans la racine, le tutoriel spécial Guénel de Stéphane Cuvillier, de l’association Conte à Mi :
À côté de l’ancien tribunal de commerce de Saint-Valery, se retrouvaient les anciens, entourés d’enfants, de pêcheurs ou de chasseurs de retour de la Baie.
Chacun y avait sa place et tenait son rang. Lieu de bavardages et d’échanges, de bravades et de commentaires, à Ch´Coin meinteu, on refaisait le monde.
Un auteur Valéricain, Adrien Huguet, né à la fin du XIXème siècle, tenait, à partir des années vingt, en picard, une chronique régulière dans le journal du Littoral de la Somme et du Vimeu républicain.
Ces chroniques ont été retrouvées par Mathieu Maggi, jeune étudiant, chasseur en Baie et picardisant.
La baie, vue depuis le calvaire des marins, Saint-Valery-sur-Somme
Les textes, traduits avec l’aide de Jean-Michel Ansart et Jean-Marie François, sont publiés par les Editions Engelaere.
L’ouvrage sera disponible en librairie en fin de semaine. En avant-première, Mathieu nous en parle….
Pour le plaisir de la langue et en guise de mise en appétit, un court extrait de Ch’ Coin Meinteu : — Chés veints d’équinosques sont des mauvais veints…
—Est vrai !… Grand-père, conte nous ein molet ch’l’histoire dé ch’coup qu’t’os manqué d’rester deins chés passes, corps et biens…
—Veux bien ! J’avoés à mein bord t’n’oncque qu’est mort y o dix-huit ans, qu’sein surpiquet ch’étoét Veint- Arrière. Ch’étoét ein viu mat’lot comme mi, ein des pu hardis, et pi point ein manchot, tu sais, piot !… Ch’soér- lo, l’veint cornoét, ch’étoét eine anordie à décorner des bœufs. « Cré coquin, qu’ége dit à Veint-Arrière, ein arrivant deins chés passes, el’mer à l’einberque, cargue toute, et pi attention à ch’coup d’temps qui s’prépaire-lo. »
Adrien Huguet, 9 octobre 1920. Le Littoral de la Somme.
Saint-Valery-sur-Somme, quartier du courtgain, quartier des marins.
Des histoires et des contes pour enfants, comme les grand-mères les racontaient au coin de la cheminée. Jean-Marie François, auteur abbevillois, nous livre, en picard et en français les plus connues des pages de Charles Perrault. Pour le plaisir des oreilles, un CD de six titres accompagne le livre.
Jean-Marie François dans son bureau préféré.
Ritchet la toupette (Riquet à la houppe), Pieu d’beudet (Peau d’âne), Ech Cot coeuchè (Le Chat botté), Chindrillon (Cendrillon), Bérbè bleu (Barbe bleue), Ech tchot peuchet, (Le petit Poucet), les classiques des classiques…
L’idée de l’ouvrage lui est venue après une animation en picard au collège de Breteuil. « J’avais mis le doigt dans l’engrenage : un conte en appela un autre. Tous les souvenirs de mon enfance, enfouis dans mes « boéyeux d’chervelle » affluèrent: les sortilèges, les fées, les ogres, les géants, les nains, les sorcières, les rois, les reines, les princesses se bousculèrent… Je relus des trames, le picard fit le reste », nous confie Jean-Marie.
Véronique Groseil a illustré l’ouvrage. De beaux dessins en noir et blanc pour rester dans l’esprit des livres d’antan. Le Conseil Régional de Picardie a apporté une aide financière à ce livre. L’éditeur Philippe Leleux pour la Librairie du Labyrinthe a su fixer un prix d’achat accessible : 16 euros avec le CD.
Le lectorat, présent ces dernières années pour les Tintins et Astérix en picard, devrait se retrouver, ici, pour Perrault et aussi pour la truculence, l’humour d’un conteur érudit et attachant.
Reportage, au pays des contes de Perrault, en picard :
Léopold Devismes attendait cette date avec impatience. Il a confié à une jeune femme -« c’est le deuxième plus beau jour de ma vie, avec mon mariage. Ma mère, ce jour là, m’avait bichonné…. »
Léopold, le jour de ses cent ans, à la maison de retraite de Saint-Valery-sur-Somme
Léopold Devsimes est né à Bouillancourt-sous-Miannay, en Picardie maritime. Il y a passé toute sa vie. Petit garçon, il a connu la guerre de 14. Il a mené une vie de paysan. « C’était un beau métier, a-t-il l’habitude de dire. Dur, mais un beau métier ».
Bouillancourt-sous-Miannay, octobre 2012
Léopold Devismes est une mémoire vivante de la langue picarde. Il l’a parlée avant d’apprendre le français. Un vocabulaire précis, riche. Un talent de conteur et aussi d’écrivain. Il a publié des textes, récits de sa ruralité ou romancés. Pour dignement fêter ses cent ans, les Picardisants du Ponthieu et du Vimeu ont lui ont offert un livre, SON livre, un recueil de ses plus beaux texte. Dans l’un d’eux, Léopold écrit « Quante oz est viu, o rbot ses notons »… quand on est vieux, on retrouve ses souvenirs… « Erbatte ses hotons », nous dit-il, est une expression née des vieux métiers : autrefois, quand la récolte de blé était engrangée, on battait le blé, les grains volaient en l’air « conme inne volèe d’moucrons » des épis tombaient au sol, cassés, mais pas décortiqués, « ch’étoait o, des vrais hotons », ces épis perdus qu’on récupérait pour les rebattre…. »
Reportage France 3 Picardie, Sabine et Bernard Godard, montage Jérôme Houbron.
Cent ans et encore tant de mots à nous apprendre, tant d’histoires à nous raconter. Léopold, c’est une bibliothèque à lui tout seul !
La Thiérache, terre d’élevage célèbre le fromage, chaque année, à la fin de l’été, depuis plus de 40 ans. La foire aux Fromages, se tiendra cette année à la Capelle à parti du 31 août et jusqu’au dimanche soir 3 septembre. Incontournable pour ses concours : celui de la plus belle vache, où s’affrontent les meilleurs éleveurs de la région. Plus fantaisiste, celui de la meilleure mangeuse de fromage blanc. En compétition aussi les fromages. Le plus célébré d’entre eux, à l’occasion de ces festivités : Le Maroille, né sur cette terre riche et vallonnée.
Pour une délicieuse mise en bouche, Jean-Marie Braillon nous en confie la recette :
700 grammes de farine, 200 grammes de beurre, quelques cuillères de lait, deux sachets de levure de boulanger, 5 à 6 oeufs, une cuillère de sel, un demi maroilles et un joli tour de main !
Détails et savoir-faire, en images (reportage Sabine et Bernard Godard)
Anne Tiberghien est depuis hier soir la nouvelle présidente de l’Agence pour le Picard. Elle remplace Bertrand Cuvelier, qui était à la tête de l’Agence depuis sa création. L’Agence pour le Picard soutient cette langue et cette culture dans un esprit de modernité, de créativité et d’ouverture aux autres cultures des habitants de la région. L’Agence organise les Wepes, festival de culture populaire organisé dans les territoires de la région, le prix de littérature en picard qui récompense chaque année les meilleurs textes écrits en langue picarde. L’association est aussi à l’initiative du Concours du Picard au collège.
Le Prix Européen de littérature en Picard est décerné chaque année par l’Agence pour le Picard. Le jury, réuni sous la présidence de Jean-Luc Vigneux a récompensé la nouvelle de Micheline Waquet, L’forche d’euch’destin. Un très beau texte, d’une grande qualité littéraire et linguistique.
Et pour s’en mettre l’eau à la bouche, Micheline nous lit ici la première partie de sa nouvelle….
Les textes seront publiés par l’Agence pour le Picard.
Incroyable trouvaille : la rédaction de Ch’Lanchron publie les carnets inédits d’un soldat de la guerre de 1870, Joseph Marquis, « Un Picard, qu’il o écrit en vérs picards, és djerre à li. »
Joseph Marquis est né à Corbie, en 1849. Il part à la guerre en octobre 1870, en revient onze mois plus tard :
« Das ch’tos d’soldats morts qu’on n’erconnoét pu personne,
y éro ti un père ou eine mère qui pardonne
à tous chés massacreus éq la guerre inrichis. »
« La découverte de ce trésor picard aurait pu s’avérer décevante d’un point de vue linguistique, explique Ch’Lanchron. Il n’en est rien! Bien au contraire, les qualités de la langue utilisée par Joseph Marquis sont innombrables….C’est que l’ensemble de (son) oeuvre est écrite en vers classiques. Alexandrins ou octosyllabes, des milliers de vers remplissent les huit carnets picards ! »
Poèmes de guerre, mais aussi poèmes de vie : Joseph raconte sa ville natale, Corbie, il nous parle « des vieilles rues (celles qui ont connu les remparts), les portes de la ville fortifiée, ou encore les puits et les chapelles, mais aussi la vie dans le marais, la chasse, la pêche, les farces et les jeux comme les légendes qui y sont liées, tout est décrit dans la cinquantaine de textes restés encore inédits à ce jour. Ils ne devraient cependant pas rester longtemps dans l’ombre, un projet d’édition étant d’ors et déjà amorcé » explique Jean-Luc Vigneux.
Une histoire incroyablement riche et intéressante, des textes d’une grande valeur, à décourvir sans faute dans le numéro 125-126 de Ch’lanchron !