07 Juin

Selon une étude américaine, 1 alpiniste sur 3 se dope pour l’ascension du Mont-Blanc

Dans une revue scientifique américaine, un article indique que les sportifs prennent des diurétiques et des hypnotiques pour lutter contre le mal des montagnes, un cocktail dangereux pour leur sécurité en haute montagne.

© JEAN-PIERRE CLATOT / AFP L'ascension dans le massif du Mont-Blanc

© JEAN-PIERRE CLATOT / AFP L’ascension dans le massif du Mont-Blanc

De 20.000 à 30.000 alpinistes tentent de gravir le Mont-Blanc chaque année. Et près de 36 % des candidats prennent un ou plusieurs médicaments durant leur ascension, selon une étude publiée jeudi 2 juin dans la revue scientifique américaine Plos One.

« Il y avait beaucoup de rumeurs sur la prise de médicaments par les alpinistes: pour se doper, pour augmenter leurs performances. Mais il n’y avait pas de données objectives sur la situation », a expliqué Paul Robach, professeur et chercheur à l’Ecole nationale de ski et d’alpinisme (ENSA) à Chamonix et coauteur de l’étude.

Après des rumeurs, les études objectives

L’article montre qu' »il y a beaucoup de prise médicamenteuse […] mais on ne distingue pas une réelle volonté des alpinistes de se doper pour augmenter leurs performances. On a plutôt retrouvé des médicaments qui permettent de prévenir ou traiter le mal des montagnes ». 

Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs de l’ENSA, aidés notamment par le laboratoire HP2 de l’Université Grenoble Alpes, ont eu recours à un système automatique de prélèvement d’urine fixé aux siphons des urinoirs. Ce dispositif a été installé à l’été 2013 au refuge du Goûter (3.835 mètres) et au refuge des Cosmiques (3.613 mètres), sur les deux principales voies d’ascension du Toit de l’Europe occidentale (4.808 mètres). Il a permis de prélever 430 échantillons d’urine, anonymement et à l’insu des alpinistes.

Au moins 1 médicament détecté pour plus d’un tiers des alpinistes

La présence d’au moins un médicament a été détectée dans 35,8% des cas, dont de nombreuses substances interdites par l’Agence mondiale antidopage (AMA). Les médicaments les plus souvent détectés étaient les diurétiques (qui augmentent la sécrétion urinaire) et les hypnotiques (somnifères). Les diurétiques sont prescrits pour lutter contre le mal aigu des montagnes (insomnies, maux de tête, vomissements, etc.) et une étude antérieure avait déjà montré que 33 % des alpinistes utilisaient de l’acétazolamide (molécule du Diamox, un diurétique) lors de l’ascension du Kilimandjaro (5.892 m).

Par ailleurs, près de 13 % des candidats au Mont-Blanc absorbent des hypnotiques, ce qui peut être « préjudiciable » aux alpinistes se levant en pleine nuit, peu de temps après la prise du médicament, souligne l’étude. Cela risque en effet d’affecter leur vigilance « à un moment où un niveau élevé d’attention est requis ».
A contrario, à l’exception de trois cas de cocaïne, l’utilisation de stimulants est marginale, de même que celle de corticoïdes.

Cocktail de médicaments problématique en haute montagne

L’étude met en garde contre l’utilisation simultanée de plusieurs médicaments, détectée dans 33 échantillons (dont un cas avec cinq substances différentes). L’association d’un diurétique et d’un hypnotique n’est en effet pas recommandée en altitude tandis que la prise de deux diurétiques peut provoquer une déshydratation accrue, problématique en haute montagne où la déshydratation est déjà rapide.

« On pourrait se passer de la plupart de ces médicaments », estime Paul Robach, évoquant une « béquille médicamenteuse pas forcément saine ».
Les auteurs soulignent en outre qu’ils ont probablement « sous-estimé » l’utilisation de médicaments par les alpinistes, en écartant les prélèvements qui pouvaient être contaminés par l’urine d’un autre alpiniste, soit plus de 15% des échantillons.

Ils appellent enfin à étendre cette méthode d’échantillonnage aux grandes compétitions d’endurance (afin d’évaluer la prévalence du dopage) ou aux stations services (pour étudier la prise de psychotropes chez les automobilistes).

« Violon, Parapente et Himalaya »: Jean-Yves Fredriksen ne survole pas son sujet

Avant de repartir pour une traversée complète de l’Himalaya, le parapentiste et guide de haute montage à Abondance (Haute-Savoie) Jean-Yves Fredriksen s’apprête à projeter le film de sa dernière expédition. Rencontre.

© "Violon, Parapente et Himalaya" (Réal : Vertige Prod) Jean-Yves Fredriksen au-dessus de l'Himalaya.

© « Violon, Parapente et Himalaya » (Réal : Vertige Prod) Jean-Yves Fredriksen au-dessus de l’Himalaya.

Les Népalais, les Pakistanais, les Indiens, ont pu le voir survoler l’Himalaya. Ils ont pu le rencontrer, aussi, parce que Jean-Yves Fredriksen, « alpiniste-parapentiste-guide » haut-savoyard, parcourt les villages autant que les cieux. De son dernier voyage, en 2015 au Népal, il a tiré un film, Violon, Parapente et Himalaya, qui sera projeté le 21 mai à Oderen.

Affiche annonçant la projection.

Affiche annonçant la projection.

C’était une épopée sociale. Sur son blog, Jean-Yves Fredriksen parlait plus des Népalais, de leurs conditions de vie, de leurs salaires, de la scolarité,… que du parapente. Il a récolté des dons. Il ne survole pas son sujet : il en est un généreux acteur.

Capture d'écran du blog de Jean-Yves Fredriksen.

Capture d’écran du blog de Jean-Yves Fredriksen.

Harnachés au parapentiste : son humour et son violon, toujours. « Je ne suis pas violoniste pour un rond, s’amuse Jean-Yves Fredriksen. Je casse les oreilles à tout le monde. Quand les gens me demandent de leur jouer un morceau de musique, ça les amuse 5 minutes, après je vois bien qu’il faut que j’arrête. Mais ça m’éclate. »


Portrait

L’Himalaya, il y retournera à la fin de l’été. Départ prévu le 19 août, retour fin décembre. Quatre mois pour traverser la chaîne de montagnes d’Ouest en Est, accompagné de ses seuls voile et violon.

31 Mar

Nouveau record sur la traversée à ski entre Chamonix et Zermatt

Avec un chrono de 16 heures et 35 minutes, réalisé lundi 21 mars, Bastien Fleury et Olivier Meynet améliorent de 2 heures l’ancien record de la Chamonix-Zermatt. 

© France 3 Alpes

© France 3 Alpes

16h35… 18h35…
2 heures exactement séparent le nouveau record, établi par les Haut-Savoyards Bastien Fleury (26 ans, PGHM Chamonix) et Olivier Meynet (35 ans, moniteur de ski à Sommand), de celui réalisé il y a trois ans.

Pour cet exploit de 108 kilomètres et 7.850 mètres de dénivelé positif, les deux compères ont bénéficié de conditions excellentes… et d’un entraînement sans faille.
 
Le reportage de Xavier Schmitt et Serge Worreth

Recour battu Chamonix Zermatt
En avril 2013, une équipe composée de Lionel Claudepierre (PGHM Bourg-Saint-Maurice), Nicolas Estubier (PGHM Chamonix), Yann Gérome (CNISAG) et Nuno Caetano Pereira (Club Ski Alpinisme de Chamonix) s’était lancée ce défi. Lionel avait finalement été le seul à franchir la ligne d’arrivée à Zermatt, ses équipiers ayant abandonné les uns après les autres suite à des problèmes physiques ou techniques. Mais on évoquait quand même un véritable travail d’équipe pour aboutir à ce « score » de 18 heures 35. 

Le précédent record était celui établi en 2011 par les frères Alain et Jean François Prémat qui, avec Sébastien Baud, avaient eu raison de la haute route en 18 heures 50 minutes et 29 secondes à l’époque. 

11 Fév

Boom du ski de randonnée: les stations s’organisent, exemple à La Rosière (Savoie)

Le ski de randonnée est le sport qui monte en montagne. Pratiquée traditionnellement en dehors des domaines skiables, l’activité est maintenant « enseignée » dans les stations où on s’adapte à la discipline.

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© France 3 Alpes

Marcher doucement. Le ski de randonnée s’apprivoise pas à pas. Chaque jour, ils sont une dizaine de skieurs à découvrir la peau de phoque, avec les moniteurs de l’ESF(Ecole du Ski Français) dans la station de la Rosière. Avant tout, les vacanciers domestiquent le matériel: les fixations en « position montée », les spatules qui ne glissent pas sur la neige…

Des circuits spécifiques

Bien qu’en pleine expansion, l’exercice est jugé perturbant pour les skieurs alpins. Remonter les pistes quand d’autres les descendent, peut engendrer des collisions. L’activité est parfois interdite par des arrêtés municipaux.

Des circuits spécifiques ont donc été créés pour canaliser les pratiquants. Les itinéraires sont tracés en bordure des domaines skiables et sont exclusivement réservés à la montée. Alors que la descente se fait par les pistes. Le but des stations est de faire découvrir ce ski, sans risques inutiles. Balisés tous les 100 mètres, les parcours de La Rosière sont accessibles de 9 à 17 heures, seul ou encadrés. Un vrai contraste tout de même avec l’esprit très libre des randonneurs confirmés.

Reportage Françoise Guais et Dominique Semet


Le ski de randonnée à la station La Rosière

La « Crève Coeur » une course de ski alpinisme qui porte bien son nom

A Combloux, petit village de Haute-Savoie face au Mont Blanc, on skie le jour et même la nuit! Fin janvier, pour sa 8ème édition, la « Crève Coeur » a réuni professionnels et amateurs pour une course à la lumière de la lune… et des frontales.

© France 3 Alpes Pour sa 8ème édition, la Crève Cœur a réuni 150 skieurs professionnels ou amateurs.

© France 3 Alpes
Pour sa 8ème édition, la Crève Cœur a réuni 150 skieurs professionnels ou amateurs.

 Ici quand la nuit tombe, à l’heure du chocolat chaud devant la cheminée, 150 fous de ski revêtent les dossards pour une course un peu spéciale. La « Crève Coeur » est une compétition de ski-alpinisme qui demande une très grande forme.

Le départ est à 19 heures, quand la nuit est déjà bien noire. Et pour le plus long des 2 parcours, le programme prévoit une montée sèche de 6km sur 800m de dénivelé. « Si on commence à froid, on vomit tout de suite et le reste est plus compliqué« , raconte un compétiteur en s’échauffant. 

Reportage François Guais, Dominique Semet et Sophie Villatte


La « Crève Coeur », compétition de ski alpinisme

Ces courses de ski de rando en compétition, avec ou sans descentes, c’est ce qu’on appelle du ski alpinisme. Dans cette discipline, l’élite côtoie les amateurs. Entraînement pour les pros, découverte pour les moins pros, les épreuves se multiplient un peu partout dans les Alpes et suscitent de plus en plus d’enthousiasme.

Découvrir et pratiquer le ski de randonnée en toute sécurité en Savoie

Fin janvier, 420 personnes ont découvert ou redécouvert le ski de randonnée, à Arêches-Beaufort. Les organisateurs de la 4ème édition du « Grand Parcours » ont insisté sur l’importance de la sécurité lors de la pratique de cette discipline en pleine expansion. 

© France 3 Alpes

© France 3 Alpes

« Un petit coup de talon! » Isabelle, monitrice de ski de randonnée ne cessera jamais de répéter cette phrase aux amateurs inscrits à ses cours d’initiation. Car c’est la base pour réussir à manier les spatules et gravir des pentes enneigées. Pendant deux jours, laFédération Française des Clubs Alpins et de Montagne organise un itinéraire de découverte de cette discipline en plein boom. Le but? Devenir autonome et surtout pratiquer en toute sécurité.

Pour s’adonner à ce sport, il n’est pas nécessaire d’être un professionnel de la montagne. Mais il est indispensable de connaître la discipline. Il faut être en bonne condition physique et être capable de faire 400 mètres de dénivelé. Un niveau de ski d’aisance en piste rouge est aussi requis. Mais cet exercice ne se pratique pas uniquement en station, et lorsqu’on quitte les domaines on se retrouve en situation de hors-piste, il faut donc être prudent.

Reportage Françoise Guais et Dominique Semet

 


Une formation de ski de randonnée en Savoie

Maîtriser son matériel

Le port de DVA (détecteur de victimes d’avalanches) est primordial avant de chausser les skis. Au début de chaque cours, Isabelle Ciferman vérifie l’émission et la réception des appareils de chacun de ses stagiaires. L’encadrante conseille aussi le port d’un casque: « ce n’est pas indispensable mais, en cas de coulée, il sera plus qu’utile. »

© France 3 Alpes Le port de Détecteur de Victimes d'Avalanches (DVA) est indispensable lors d'une randonnée à ski

© France 3 Alpes Le port de Détecteur de Victimes d’Avalanches (DVA) est indispensable lors d’une randonnée à ski

Vient ensuite la préparation des skis. L’application d’une peau de phoque sur les spatules est essentielle pour avancer, et à chaque type de neige, sa pelure. Quand on la colle, il faut que la semelle soit propre sans poudreuse, ni glace. « On la soigne car la peau peut être encollée à nouveau », explique Isabelle.

Trucs et astuces

Pendant son cours, l’instructrice délivre des astuces à ses élèves, comme l’utilisation d’antibotte en cas de neige humide. C’est un stick que l’on passe dans le derme de phoque et qui évite l’accumulation de matière sous le ski. Lors de ce week-end les sportifs apprennent également à enlever ou mettre une peau, en déchaussant seulement un pied, entre autre.

Le plus dur pour les débutants reste cependant l’apprentissage de la « conversion ». Ce mouvement permet de changer d’axe ou de faire demi-tour. Et tout le monde ne le maîtrise pas du premier coup. 

 


Explication de la conversion

Qu’ils pratiquent régulièrement ou non le ski de randonnée, les stagiaires apprennent tous quelque chose lors de ce « Grand Parcours », notamment la fameuse conversion. Une fois arrivés au sommet des pistes, ils sortent généralement leur téléphone pour immortaliser leur ascension.