Lors de la 16e édition des Rencontres de cinéma de montagne de Grenoble, le virage amorcé les dernières années se confirme : les belles images ne suffisent pas, il faut de l’émotion, du sens et une belle histoire.
Ce mercredi 12 novembre, la salle du Summum ne semblait pas aussi bondée que la veille, première journée de ces Rencontres. Pourtant, la programmation de cette journée confirmait les tendances naissantes des dernières éditions.
– des images à couper le souffle : CHASING SUMMITS (trois parapentistes survolent les plus hauts sommets du Pakistan à plus de 6000 mètres d’altitude) et ALONE ON THE RIVER (cinq kayakistes se jettent dans l’incroyable descente d’une rivière tumultueuse de l’Himalaya).
Il est vrai que le matériel de plus en plus léger et de plus en plus performant permet des images de haute qualité, même dans des situations de tournage difficiles. A souligner également l’ingéniosité des cadreurs (qu’ils soient professionnels ou amateurs) qui ont apporté un souffle nouveau sur la prise de vue en multipliant les axes de cadrage parfois avec les moyens du bord (caméra fixée sur un bâton par exemple). Bienvenue également au drone qui révolutionne les images aériennes et évite le coût et les nuisances des prises de vue à partir d’un hélicoptère. Attention néanmoins à ne pas abuser des effets de mode comme le time lapse ( effet d’ultra accéléré réalisé image par image ) ou la caméra fixée sur la tête des protagonistes.
– du sens : GIRLS TO THE TOP (deux jeunes française décident de partir en Inde, en Chine et au Népal pour faire de la montagne avec les rares sportives locales).
Finie l’époque des films de vacances ou des compte-rendus de sorties en montagne, aussi extraordinaires soit-elles. Aujourd’hui les réalisateurs cherchent à raconter une histoire et à en dégager un sens. Dans le film GIRLS TO THE TOP, Alice et Clémentine allient le plaisir de la montagne à une enquête sur les droits des femmes dans les pays qu’elles visitent.
– la rencontre avec la population locale : GIRLS TO THE TOP mais aussi CHASING SUMMITS au Pakistan.
Là aussi, une page est tournée. On ne traverse plus un pays en n’y voyant qu’un terrain de jeu, on s’intéresse désormais aux personnes qui y vivent. Et c’est parfois la découverte émerveillée que le plus riche n’est pas celui qu’on croit et que nous avons beaucoup à apprendre en termes de sens de l’accueil, de bonheur de vivre et de générosité.
– de l’humour : DU RIFFIFI DANS LE DISTRIBIL (un film sympathique, sans prétention et sans moyen, de trois jeunes disjonctés partis chasser la baleine dans un Vercors habité par des flamands roses).
Le ton lourd, sentencieux et glorieux des anciens films de montagne ne fait plus recette. Désormais l’ambiance doit être légère, rigolarde, même dans les moments les plus engagés. Attention tout de même à ne pas systématiser la dérision et le ton désinvolte.
– l’aventure à sa porte : PRE-ROUGE (l’exploration mythique de la grotte de Pré-Rouge située dans le massif des Bauges par des spéléos locaux).
Les notions de voyage au bout de sa porte et de mobilité douce sont des valeurs largement portées par le milieu montagnard. Et les films de montagne le reflètent. Dans le film de spéléo Pré-Rouge, c’est un massif proche de Grenoble qui accueille cette exploration aussi belle qu’engagée.
Bref, à l’issue cette deuxième journée de grand écran ouvert sur la montagne, beaucoup de films ont colporté une ou plusieurs de ses tendances. Mais il manque encore le grand beau film qui secouera et émerveillera le spectateur. Peut-être ce soir? ou demain?