Elle a mis six ans à construire son bateau. Depuis le début de l’année il flotte dans le port de La Turballe. Entre les entraînements, les régates, les réparations, et son travail chez un sous-traitant d’Airbus à Saint-Nazaire, Marie Gendron doit continuer à gérer sa communication et chercher des sponsors… Un sacré tempérament !
A 25 ans Marie est ingénieur en matériaux composites, mais elle est surtout, et avant tout, passionnée de voile.
Une passion contractée toute petite auprès de ses parents qui l’ont embarquée sur toutes sortes de voiliers, à la journée ou pour plusieurs semaines.
Une passion qui a déterminé son choix d’études et son métier : en se promenant dans les couloirs de l’IUT Génie mécanique de Nantes à la recherche d’une idée d’orientation, elle a vu des affiches de bateaux accrochées aux murs, son choix était fait !
Nous sommes en 2010 et l’idée de courir la mini-transat trotte déjà dans sa tête…avec l’envie de faire cette traversée sans assistance non pas sur un bateau de série mais sur un prototype qu’elle aura conçu elle-même : une aventure de bout en bout.
« A ce moment-là je pensais que tout serait fait en 3 mois ! »
Alors armée de son enthousiasme et de sa détermination, elle va voir l’architecte naval Guillaume Verdier qui, séduit par son projet, lui offre les plans de son futur bateau.
Puis elle trouve un moule, rassemble des fonds pour acheter les matériaux et convainc le directeur de l’IUT de faire de son bateau un projet d’établissement. C’est donc avec ses acolytes de promo qu’elle va construire et assembler la coque le roof et les cloisons en fibre de carbone de son 6,50m.
Une belle étape est franchie, mais le bateau est encore loin de pouvoir naviguer, et Marie poursuit ses études entre la Bretagne et Bordeaux. Une période difficile où mener de front les études et la construction du bateau demande énormément d’énergie et de temps. Une période où elle songera parfois à abandonner le projet.
« A un moment je n’y arrivais plus, j’avais mis en vente la coque dans l’idée de racheter un bateau tout prêt, j’ai eu plusieurs propositions pour l’acheter mais je n’ai pas pu le vendre, c’était trop dur … »
Cela fait maintenant six ans que Marie consacre tout son temps libre à son bateau.
Elle a réussi à convaincre un sponsor de poids pour soutenir son projet : la SNCF, qui lui a permis de financer jusqu’aux derniers équipements, voiles et accastillage, avant la mise à l’eau tant rêvée en septembre dernier dans le port de Pornic, qui l’a vue grandir et où elle a disputé ses premières régates.
Mais c’est finalement dans le port de La Turballe qu’elle a trouvé les meilleures conditions, les plus économiques surtout, pour s’amarrer et se préparer aux différentes régates qualificatives avant le grand départ de La Rochelle le 1er octobre 2019.
Avec une vingtaine d’autres candidats à la mini-transat, elle a créé et préside l’association qui gère leur pôle d’entrainement en presqu’île de Guérande.
L’aventure de Marie se poursuit. Entre régate, bricolage et recherche de nouveaux sponsor.
« Mon bateau, c’est un laboratoire, il faut tout tester, alors à chaque sortie il y a une casse, et il faut réparer, améliorer », autant que possible avec de la fibre de carbone recyclée. »
Et la saison de régate commence pour elle en beauté : Avarie réparée dans l’urgence après la première course de l’année, Marie a réussi a prendre le départ de la Pornichet Sélect le 22 avril dernier. Et après 3 jours et 2 nuits en mer elle finit 5ème au classement général, 4ème de sa catégorie prototype, et 1ère féminine.