Rugby

La performance du buteur d’Aurillac n’a échappé à personne, dimanche. Contre Pau, confortable leader du championnat de Pro D2, Maxime Petitjean a offert un récital sans fausse note. Dix sur dix. Pas un coup de pied raté. Neuf pénalités tentées, neuf réussies, auxquelles il faut ajouter une transformation.

« L’équipe de France cherche, parait-il, un buteur. Il est peut-être en Pro D2« , lance, sourire aux lèvres Jean-Luc Roussilhe aux consultants du Club des Clubs, lundi après-midi (15h30 en direct sur notre site web).  Le buteur aurillacois a inscrit 29 des 34 points de son équipe lors de cette 23^ème journée, créant l’admiration sur le plateau de l’émission. « La force des grandes équipes, c’est aussi d’avoir un grand buteur« , rappelle Gilles Darlet. Mais l’ancien arrière de l’ASM insiste aussi sur le collectif cantalien : « pour passer des pénalités, encore faut-il provoquer des fautes, le mérite en revient aussi au collectif aurillacois qui a su provoquer des fautes chez l’adversaire« .

Petitjean, c’est le Robin des Bois du Cantal. – Jean-Pierre Morel (France Bleu Pays d’Auvergne)

Jean-Pierre Morel, journaliste pour France Bleu Pays d’Auvergne, affirme en souriant que Maxime Petitjean est « le Robin des Bois du Cantal« . En tout cas, l’ouvreur de 30 ans n’a pas volé son statut de pilier du Stade Aurillacois. Grâce à son pied gauche, le Stade est l’équipe qui a inscrit, après 23 journées de Pro D2, le plus grand nombre de pénalités (87), devant Agen (77) et Carcassonne (75). Une performance heureuse qui vient compenser une statistique moins avantageuse : Aurillac est l’équipe qui a marqué le moins d’essais depuis le début du championnat, seulement 30. On est loin des 58 essais palois ou des 57 perpignanais !

C’est vraiment une performance exceptionnelle, même au niveau international, on ne voit pas toujours des coups de pied de ce type. – Michel Peuchlestrade (à propos du 10/10 de Maxime Petitjean)

Il n’empêche, avec son pied magique, l’équipe cantalienne peut aujourd’hui rêver tout haut de phases finales. Michel Peuchlestrade y croit. L’ancien entraîneur de Brive et d’Aurillac estime que les joueurs de Jeremy Davidson ont montré du cœur et des valeurs avec cette performance contre Pau, « on a pu se hisser à leur niveau pour aller chercher dans les derniers instants cette victoire« , dit-il. Et le « Sorcier » ne tarit pas d’éloge sur le buteur maison et sur sa capacité à enchaîner les pénalités : « il faut voir qu’il y en avait beaucoup de difficiles, pas du tout sur son bon pied, une de 48 mètres, c’est vraiment une performance exceptionnelle, même au niveau international, on ne voit pas toujours des coups de pied de ce type« .

Il est remonté comme une pendule, Philippe Saint-André, et ce n’est pas la soirée que certains joueurs du XV de France ont passé dans un restaurant chic de la capitale à l’issue de la défaite contre le Pays de Galles (13-20) qui a calmé son courroux. Après avoir recadré ses Bleus, dimanche matin, le manager tricolore les a chargés en conférence de presse. Valéry Lefort, qui suit l’équipe de France de rugby pour le quotidien La Montagne, a assisté au spectacle. Lundi après-midi, dans le Club des Clubs, il a raconté que PSA « après le banquet, était furax« . Saint-André a alors lâché une petite phrase qui a fait mal aux joueurs : « entre dix et quinze des mecs qui sont là ne verront pas la coupe du Monde« , enchaîne le journaliste.

Annick Hayraud, entraîneure de l’AS Romagnat rugby et ancien membre du staff de l’équipe de France féminine, estime quant à elle que « si proche de la coupe du Monde, les joueurs ont besoin d’être sereins et d’avoir une certaine confiance« . Quand on se pose trop de questions, « à un moment donné, c’est chacun pour soi » poursuit-elle. PSA fait-il confiance à ses joueurs ? Pas sûr. « Cette semaine, Philippe nous a dit que chaque joueur joue sa tête à chaque match de l’équipe de France« , complète Valéry Lefort. Depuis sa nomination, Saint-André a utilisé 81 joueurs, ce qui ne favorise pas forcément la sérénité au sein du groupe.

Ancien joueur de l’ASM, dix-huit fois sélectionné en équipe de France dans les années 2000, David Bory rappelle que « juste avant la coupe du Monde en Australie, ils avaient une équipe stable, d’ailleurs on remporte le grand chelem avec trente bonhommes« . Pour préparer une coupe du Monde, « il faut un groupe stable », dit-il, « il peut arriver qu’un bonhomme passe au travers, ce ne sont pas des machines, mais sur les postes clés que sont talonneur, numéro 8, demis de mêlée et d’ouverture, voire arrière, il faut une épine dorsale qui a la confiance du sélectionneur et construire autour de cette épine dorsale« .