La campagne officielle pour les prochaines Municipales est encore loin mais déjà Clermont-Ferrand est le théâtre d’une guerre fratricide et sans merci. Pour la première fois depuis la Libération le maire sortant ne se représente pas, ce qui ouvre des perspectives et aiguise des appétits, à gauche comme à droite.
A gauche la bataille de l’investiture est terminée. Des quatre prétendants en lice les militants ont choisi, non sans drame, Olivier Bianchi, 43 ans, adjoint à la culture du maire sortant. On la pensait terminée aussi à droite après la désignation par l’UMP de Jean-Pierre Brenas, 53 ans. Il n’en est rien. Voilà qu’une liste s’annonce au « centre droit ». Une coalition hétéroclite qui laisse perplexe.
On sait aussi que l’estime réciproque n’est pas le trait dominant de cet attelage.
Sur quel programme vont, effet, se retrouver ces hommes et ces femmes pas toujours d’accord. Au centre de la photo de groupe, Gilles-Jean Portejoie… autrefois à droite, passé par le PS, qu’il a quitté depuis, longtemps premier adjoint socialiste de Serge Godard. Autour de lui, ses adversaires dans le conseil municipal sortant : Anne Courtillé (ex-UMP), Claudine Lafaye (Centre), Michel Fanget (Modem?) et quelques autres. On sait aussi que l’estime réciproque n’est pas le trait dominant de cet attelage.
Leur point commun ne serait-il pas l’amertume voire la rancune ?
-Dans la guerre de succession à Roger Quilliot, Gilles-Jean Portejoie a pris le parti, l’histoire est connue, de Serge Godard. En échange, ce dernier s’était engagé à lui céder le fauteuil de maire en cours de mandat. Promesse non tenue. D’où une probable rancœur.
-Anne Courtillé, longtemps chef de file UMP de l’opposition municipale s’est vue préférer à ce poste Jean-Pierre Brenas. Perdant la place, elle perd du coup son fauteuil au bureau politique départemental de l’UMP. C’est mal passé, c’est peu de le dire.
-Quant à Michel Fanget, conseiller municipal d’opposition (MODEM), il a souvent voté socialiste. Surfant sur une vague bleue il fut élu député en 1993, et après un seul mandat, est revenu aux batailles électorales locales qu’il a toutes perdues. Il ne s’en est jamais remis.
Une ancienne génération qui a du mal à lâcher la barre et à quitter la scène.
Une dernière donnée semble marquer cette précampagne clermontoise. Voilà des décennies que les vieux caciques de la politique hexagonale verrouillent le système pour empêcher les jeunes loups d’accéder aux manettes. Depuis quelques années, les verrous sautent. Y compris au plan national. On a vu nommer des ministres trentenaires et quadras aussi bien sous Sarkozy que sous Hollande. Ce vent de « jeunisme » arrive, avec un peu de retard, à Clermont-Ferrand et avive les tensions. On s’en est déjà rendu compte lors de la désignation des têtes de liste, aussi bien à l’UMP qu’au PS. Cette nouvelle liste pourrait bien être aussi celle de l’ancienne génération qui a du mal à lâcher la barre et à quitter la scène.
Une question encore. Qui prendra la tête de cette liste ? Comme à l’UMP et au PS, la désignation du chef pourrait donner lieu à un triste spectacle. Les têtes de listes désignées, les listes constituées, la vraie campagne pourra commencer. Au vu de l’agitation actuelle, on risque de s’y ennuyer.
Jean-Paul Vincent (@JPVincentF3Auv)