A la fin du mois de juin, Gérard Roche quittera la présidence du Conseil Général de Haute-Loire qu’il occupe depuis dix ans. A 71 ans, le sénateur UDI a décidé de ne pas se représenter, non plus, sur le canton de Fay-sur-Lignon aux prochaines élections départementales. D’ici là, il a choisi de passer la main en douceur à son successeur, Jean-Pierre Marcon. Alors que Gérard Roche vient de présider sa dernière session budgétaire, il a accordé un entretien à Gérard Rivollier dans lequel il dresse le bilan de son action et fustige les « professionnels de la politique« .
Gérard Rivollier: Qu’est-ce que vous estimez laisser comme héritage à votre successeur ?
Gérard Roche: En tant que président, ce que j’essaie de laisser aux électeurs, c’est l’image d’un élu qui n’a jamais oublié qu’il était un des leurs, qu’il était là pour les représenter, pour les défendre, pour défendre leurs intérêts, pour défendre leur quotidien, sans annexer le territoire, sans annexer les gens autour de soi et en étant toujours à l’écoute. J’ai surtout essayé de déhiérarchiser la fonction, avec beaucoup de simplicité, en restant très proche des gens.
Pourquoi ne pas aller au bout de votre mandat ?
J’ai 71 ans, c’est le moment de partir. Je m’en vais par respect pour mes collègues. Si on ne s’en va pas, personne ne peut prendre des responsabilités supplémentaires. Je m’en vais par respect pour les électeurs du canton de Faye-sur-Lignon, ceux qui ont 40 ans maintenant m’ont toujours connu comme conseiller général. Et je m’en vais aussi par respect pour mes proches. Ce n’est pas une décision facile parce que je me plaisais beaucoup dans la fonction de président du Conseil Général. Alors, pourquoi je pars en cours de mandat ? C’est pour faire une sorte de tuilage. Avec le prochain mode de scrutin, notre assemblée va être profondément changée. Il y aura la parité, ce qui à mon sens est une bonne chose. Les territoires d’élection seront également beaucoup plus important puisqu’il n’y aura plus que dix-neuf cantons (ndlr: contre 35 aujourd’hui). J’ai pensé que, pour maintenir l’esprit, il fallait passer la main avant et que le nouveau président soit en place pour accueillir la nouvelle assemblée.
Qu’est-ce que vous ressentez aujourd’hui ?
Je quitte la fonction avec un peu de tristesse. Je vais quitter mes amis élus. Je dis « amis », et je les mets tous, que ce soit ceux de l’exécutif qui sont des amis formidables, les gens de la majorité départementale qui sont joints mais aussi ceux de l’opposition qui sont des gens avec qui on a travaillé en confiance. Je pense à mes collaborateurs, aux personnes de mon cabinet avec qui j’ai passé de très bons moments. Il y a eu beaucoup de complicité, de rires. Et puis il a tous les habitants de Haute-Loire, ceux du monde associatif, du monde de l’entreprise, les agriculteurs. Je pars avec une image très positive de cette période.
Entre votre arrivée à la présidence du Conseil Général et aujourd’hui, comment l’institution a-t-elle évolué ?
Les choses ont beaucoup changé. L’institution n’était pas riche mais on avait un petit peu de moins, on faisait les budgets, on augmentait un petit peu les impôts mais on n’avait pas de choses dramatiques à gérer alors qu’actuellement il y a des problèmes financiers. Ils sont dramatiques, surtout à cause des prestations sociales qui pèsent 26 millions d’euros sur les contribuables de Haute-Loire alors qu’il faut qu’on maintienne la solidarité verticale vers les plus défavorisés, les enfants en difficultés, les gens en état d’exclusion, mais aussi la solidarité verticale vers les territoires les plus défavorisés.
Il y a des professionnels de la politique qui ne connaissent pas le territoire et qui ont beaucoup moins le souci des gens qui le peuplent.
Avez-vous le sentiment du devoir accompli dans cette défense des petits territoires, notamment au Sénat où vous siégez également ?
Au niveau du Sénat, c’est quand même très difficile. Je me suis aperçu de deux choses. D’abord, les élus franciliens sont très puissants, ils représentent une population très importante, ils sont très présents à Paris, ils se connaissent entre eux et, Droite/Gauche réunies, ils ont un immense pouvoir. Et puis, il y a les élus comme moi, qui ont gagné leur vie avec un métier, qui ont eu des mandats locaux, qui sont arrivés à l’échelle nationale mais qui restent très proches du terrain. A l’inverse, il y a ceux qui arrivent parce qu’ils ont été désignés pour être candidats, qui sont en général des professionnels de la politique, qui ne connaissent pas le territoire et qui ont beaucoup moins le souci des gens qui le peuplent. C’est ce deuxième type d’élus qui domine, à l’Assemblée Nationale beaucoup et aussi un peu au Sénat.
Concernant la défense des territoires ruraux, vous n’avez donc pas eu ce que vous vouliez ?
C’est difficile car ça ne rentre pas dans le cadre des batailles politiques Droite/Gauche, c’est un peu banalisé et il est difficile de se faire entendre.
Qu’est-ce qui vous a donné le plus de satisfaction durant vos dix ans à la tête du Département ?
C’est une question difficile. Je n’ai pas beaucoup de regrets. Je pense avoir bien fait mon travail. Il me reste encore quelques mois avant de passer la main et pour mettre des projets en place. Je trouve, par exemple, qu’on n’a pas fait assez pour aider les investissements dans les maisons de retraite. Ce qui reste à charge pour les familles est beaucoup trop lourd. L’Etat abandonne, alors je voudrais créer avant de partir une aide à l’investissement dans les maisons de retraite à condition que les communes, les communautés de communes et que la Région nous aident car la prise en charge de nos aînés incombent à tous nos citoyens.