23 Nov

J’y étais: Etienne Daho nous rend notre innocence à la Coopérative de Mai

 

AFP PHOTO / FRED TANNEAU

AFP PHOTO / FRED TANNEAU

Aller voir Etienne Daho, c’est s’assurer de caresser notre nostalgie dans le sens du poil. Même en ne suivant sa carrière que d’une oreille, il y a toujours un air qui traîne dans un coin de notre tête, une chanson sur laquelle on a eu notre premier chagrin d’amour ou au contraire, nos émois les plus fous. Qui n’a pas senti ses poils s’hérisser sur le « je m’ouvre » d’Ouverture, quel corps n’a pas été pris de convulsion sur les beats d’Epaule tattoo, qui n’a pas écrasé sa larme sur Des heures hindoues et enfin qui n’a pas eu l’irrépressible envie de prendre l’avion pour Rome en écoutant Daho fredonner La notte la notte ? En gros, qui fête au minimum ses 30 ans en 2014 a forcément eu une aventure avec Etienne. Pour ma part, je dois l’avouer, je pense être fan plus que de raison mais je n’avais pas encore eu l’occasion de voir le Monsieur sur scène et ce, malgré les bons retours que j’en avais.

Et peu à peu on s’ouvre

Samedi soir, la Coopérative de Mai affichait complet et si la nostalgie a pris possession de notre corps dès les premières notes du Satori thème et des Attractions Désastre, nous n’avions d’autres choix que de piétiner pour exprimer notre joie. Beaucoup m’ont dit que de voir Etienne Daho sur scène valait le coup mais je dois bien avouer que la première partie du concert a eu raison de mes ardeurs (peut-être que le type coincé derrière moi, qui n’a pas cessé de me faire comprendre qu’il ne partageait pas mon enthousiasme a également contribué à me gâter la mise en bouche) Reste que les magnifiques chansons qui composent le dernier album du chanteur et dont aucune note ne différait des versions originales, ne m’ont pas fait décoller. Ce qui vous emporte dans un concert de Daho, c’est lui. Le Monsieur est sincère et visiblement heureux d’être là. Il parle beaucoup et nous installe dans une bulle d’intimité, enveloppe chacune de ses chansons dans un écrin d’anecdotes si plaisantes qu’on est obligé d’afficher très vite une banane impossible à décrocher. Sentiment renforcé par la façon qu’il a de nous embrasser en dansant comme un ami bienveillant, Etienne Daho est chaleureux. Chaleureuse aussi, la setlist de cette tournée puisque les Tombés pour la France, Sortir ce soir, Saudade, Ouverture, Bleu comme toi, Comme un Boomerang ou Le premier jour du reste de ta vie étaient au rendez-vous. On repart finalement avec la même affection qu’on avait en arrivant pour cet éternel jeune homme qui n’a jamais cessé de mettre une bande son sur chacun des épisodes de nos vies.

11 Nov

J’y étais : Gallon Drunk met sous hypnose le Baraka ou Le grand Kiff

Désolé pour la piètre qualité de ma photo de smartphone, mais James Jonhston était difficilement saisissable ce soir-là au Baraka...

Désolé pour la piètre qualité de ma photo de smartphone, mais James Johnston était difficilement saisissable ce soir-là au Baraka…

Lors de certains concerts, vous prenez conscience qu’il aurait quand même été dommage de rater ça. C’est exactement ce que je pensais dès le premier morceau du concert des Gallon Drunk au Baraka à Clermont-Ferrand. Before the fire, cette longue transe en crescendo qui ouvre aussi le dernier album des londoniens, déroulait toute sa puissance orgastique dans nos oreilles mais également dans le corps de James Johnston dont les déhanchements habités laissaient pantois les quelques privilégiés venus se serrer dans le petit club de l’avenue Carnot. Les morceaux suivants, The exit sign  ou The Soul of the hour (et son délirant cliffhanger quand le saxo prend la parole) quasiment tous issus de la dernière (et l’une des meilleures) proposition de Gallon Drunk, étaient du même acabit.

Beaucoup craignaient que le son du groupe ne soit pas restitué dans cette configuration et dans cette petite salle, c’était mal connaître ces musiciens car non seulement le son était bon mais il était aussi très nuancé et le public clermontois n’a pas tardé à sombrer sous l’hypnose. You made me de l’excellent The Road gets darker from here sorti en 2012 nous a un temps sorti de notre voluptueuse torpeur pour nous exhorter quelques cris d’assouvissement, contents d’étancher notre soif d’un rock qu’on avait à cet instant, l’impression de ne pas avoir entendu depuis longtemps. Pas le temps de s’ennuyer que The Speed of fear venait nous posséder une dernière fois avant de conclure un set court mais d’une rare puissance il faut bien le dire.

31 Oct

J’y étais: deux soirs à la Coopé de Mai avec Ty Segall, JC Satan et Sebadoh

Le californien et petit génie du rock psyché Ty Segall et les porte drapeau du mouvement Lo-fi Sebadoh se sont succédé cette semaine à la Coopérative de Mai à Clermont-Ferrand. Ceux qui ont assuré la première partie du premier ont réussi leur performance: les girondins de JC Satan ont joué un truc très fort tout fait de riffs, de cris, de refrains orgasmiques et entêtants et de césures violentes. Sur scène, cinq malins dont un guitariste absolument barré et une lead singer en transe nous font bien flipper, à l’image du clip d’un de leur titre Dragons réalisé par Xavier Magot.

Ty Segall, tout comme sur ma platine

Ty segallPendant le set de Ty Segall, Sylvain, disquaire clermontois, me fait remarquer la précision avec laquelle le band balance les titres « il n’y a presqu’aucune différence avec le disque » Plus tard, il me demande de fermer les yeux « on se croirait dans un club de San Francisco. » La Coopé s’est un peu transformé en un club de la côte ouest dès le début du concert avec Jimmy, le shérif de la troupe. C’est lui qui est chargé de présenter le groupe dans un accent américain à couper au couteau, torse nu sous un gilet à franges. Au Clavier, deux doigts lui suffisent pour assurer la ligne directrice du premier morceau du concert Manipulator. Une grosse partie de cet album assure d’ailleurs la setlist de ce live qui valait quand même bien le détour.

Sebadoh, trois types sortis de Délivrancesebadoh

Si la veille, JC Satan avait tenté de nous faire peur, la palme revient quand même aux trois sauvages de Sebadoh. Impossible de voir Lou Barlow dont la pilosité est sans doute ce qui s’est le plus développé chez le garçon ces derniers temps. On aperçoit quand même son sourire quand Jason Loewenstein s’échine en ricanant à vouloir faire baisser le volume de sa basse par l’ingé son. Quant au batteur, l’expression « taper comme un sourd » prend tout son sens quand on le regarde faire… Bref, problèmes techniques passés, les trois grunge des nineties balancent une grosse partie de leur discographie et réserve la dernière partie du concert aux morceaux du dernier opus Defend Yourself. Dans la salle, quelques fans de la première heure et d’autres qui restent un peu pantois, il faut bien le dire. Parfois, on se laisse emporter, d’autres fois un peu moins. Personnellement, tout ça m’a semblé un peu long.

30 Sep

J’y étais: Mustang à la Coopérative de Mai

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« Être connu, ce n’est plus un problème, ce qu’on aimerait maintenant, c’est être entendu, écouté » nous confiait samedi dernier Jean Felzine, chanteur et guitariste du groupe Mustang lors du passage du groupe à la Coopérative de Mai. Un concert à la hauteur de nos espérances même si, il faut bien l’avouer, nous n’espérions pas une minute être déçu. Les trois garçons vivent maintenant à Paris, « c’est beau mais c’est cher » disent-ils « mais on voit des concerts, on fait des rencontres » ajoute Johan Gentile, le bassiste. Apparemment, le problème du moment des ex-clermontois de Mustang, c’est que tout le monde les adore mais que personne ne les écoute: Ils vendraient peu de disques, en tout cas, c’est ce qu’ils prétendent puisqu’ils ont plusieurs fois invité le public à acheter un vinyle ou un CD d’Ecran Total (vous me remercierez plus tard, les gars) entre deux verres de bières samedi soir. Pourtant, quand on fait la somme des bonnes critiques que le troisième album du groupe a reçu à sa sortie au printemps, on s’imagine que le trio le plus gominé de la scène française a enfin pondu la poule aux œufs d’or. Ce n’est visiblement pas le cas: « Pourtant on ne le volerait pas ce succès, on travaille beaucoup« 

Ecran Total, du travail bien fait

Et c’est vrai, quand on écoute ce nouveau disque, on devine le soin qu’on a pris à peaufiner chacun des douze morceaux que comprend ce troisième Mustang. Les oiseaux blessés qui ouvrent énergiquement l’album se moquent de la légende urbaine qui veut qu’une fille préfère toujours les mecs aux gueules cassées: dans la bouche d’un Felzine toujours bien mis, de la cravate aux boutons de manchettes, c’est plutôt réjouissant. mustang3Les textes seront tous du même acabit: directs et drôles, pas de métaphores nébuleuses mais des images claires et parfois crues. Et oui, il y a des « gros mots » dans ce disque qui n’auraient pu être remplacés par d’autres, des mots dits avec une certaine aisance et sur des rythmes sautillants. Mustang5Il y a aussi quelques bruits de synthétiseurs, des sons électros qu’on pourrait juste qualifier de rigolos s’ils ne se lovaient pas si bien dans des mélodies entêtantes comme celles de Ce soir ou jamais ou Ecran total. Les trois musiciens savent faire des chansons et l’on comprend aisément pourquoi leur boulot est systématiquement salué.

Une Coopérative de Mai à moitié pleine mais conquise

En concert aussi, Mustang fait du bon boulot. Pourtant, peu de monde est venu profiter de leur retour à la Coopérative de Mai. Peu importe, les trois garçons attaquent nerveusement leur set avec leur Coup de foudre à l’envers et enchaînent avec une suite de titres extraits du dernier album. Ils reprennent bien sûr avec joie les joyaux qui les ont fait connaître comme Anne-Sophie, Le pantalon ou encore La princesse au petit poismustang4Le public ne perd pas une miette de ce set rondement mené devant un premier rang exclusivement féminin. Le reste du public, toutes générations confondues, tombe aussi sous le charme et rappelle ardemment le groupe qui offre au final un Je m’emmerde pas du tout approprié tant on a senti les trois garçons contents, de revoir les copains de la coopé.