« Être connu, ce n’est plus un problème, ce qu’on aimerait maintenant, c’est être entendu, écouté » nous confiait samedi dernier Jean Felzine, chanteur et guitariste du groupe Mustang lors du passage du groupe à la Coopérative de Mai. Un concert à la hauteur de nos espérances même si, il faut bien l’avouer, nous n’espérions pas une minute être déçu. Les trois garçons vivent maintenant à Paris, « c’est beau mais c’est cher » disent-ils « mais on voit des concerts, on fait des rencontres » ajoute Johan Gentile, le bassiste. Apparemment, le problème du moment des ex-clermontois de Mustang, c’est que tout le monde les adore mais que personne ne les écoute: Ils vendraient peu de disques, en tout cas, c’est ce qu’ils prétendent puisqu’ils ont plusieurs fois invité le public à acheter un vinyle ou un CD d’Ecran Total (vous me remercierez plus tard, les gars) entre deux verres de bières samedi soir. Pourtant, quand on fait la somme des bonnes critiques que le troisième album du groupe a reçu à sa sortie au printemps, on s’imagine que le trio le plus gominé de la scène française a enfin pondu la poule aux œufs d’or. Ce n’est visiblement pas le cas: « Pourtant on ne le volerait pas ce succès, on travaille beaucoup«
Ecran Total, du travail bien fait
Et c’est vrai, quand on écoute ce nouveau disque, on devine le soin qu’on a pris à peaufiner chacun des douze morceaux que comprend ce troisième Mustang. Les oiseaux blessés qui ouvrent énergiquement l’album se moquent de la légende urbaine qui veut qu’une fille préfère toujours les mecs aux gueules cassées: dans la bouche d’un Felzine toujours bien mis, de la cravate aux boutons de manchettes, c’est plutôt réjouissant. Les textes seront tous du même acabit: directs et drôles, pas de métaphores nébuleuses mais des images claires et parfois crues. Et oui, il y a des « gros mots » dans ce disque qui n’auraient pu être remplacés par d’autres, des mots dits avec une certaine aisance et sur des rythmes sautillants. Il y a aussi quelques bruits de synthétiseurs, des sons électros qu’on pourrait juste qualifier de rigolos s’ils ne se lovaient pas si bien dans des mélodies entêtantes comme celles de Ce soir ou jamais ou Ecran total. Les trois musiciens savent faire des chansons et l’on comprend aisément pourquoi leur boulot est systématiquement salué.
Une Coopérative de Mai à moitié pleine mais conquise
En concert aussi, Mustang fait du bon boulot. Pourtant, peu de monde est venu profiter de leur retour à la Coopérative de Mai. Peu importe, les trois garçons attaquent nerveusement leur set avec leur Coup de foudre à l’envers et enchaînent avec une suite de titres extraits du dernier album. Ils reprennent bien sûr avec joie les joyaux qui les ont fait connaître comme Anne-Sophie, Le pantalon ou encore La princesse au petit pois. Le public ne perd pas une miette de ce set rondement mené devant un premier rang exclusivement féminin. Le reste du public, toutes générations confondues, tombe aussi sous le charme et rappelle ardemment le groupe qui offre au final un Je m’emmerde pas du tout approprié tant on a senti les trois garçons contents, de revoir les copains de la coopé.