30 Mai

Lucià Etxebarria : quand son « Coeur perd la tête »…

Lucià Etxebarria

La romancière espagnole sur l’esplanade Charles-de-Gaulle à Montpellier ©Lisa Melia

Qui est Lucià Etxebarria ? Une romancière espagnole à l’apogée de sa carrière. Une femme de 48 ans rayonnante et engagée. Elle dévoile tout excepté son lieu de naissance.

Raconter sa propre vie n’est pas chose aisée. Publier 362 pages sur l’un des moments les plus compliqués de sa vie encore moins. Lucià Etxebarria n’est pas du genre à se laisser dicter une ligne de conduite. Dans son dernier ouvrage Ton cœur perd la tête, l’auteur espagnol relate une « relation toxique ». Son histoire d’amour avec son ex-mari.

« A la fin de notre histoire, j’étais physiquement malade avec un syndrome post-traumatique. Je voulais me suicider mais j’ai une petite fille, impossible de la laisser seule », explique l’auteur.

L’idée de ce livre viendra lors de séances de thérapie : « J’ai écris encore et encore sur mon expérience. Au départ, rien ne devait être publié. » Une histoire maquillée pour des raisons légales : « En Espagne, l’auto-fiction peut entraîner des poursuites. Cela m’aurait coûté une somme exorbitante si jamais mon ex-mari se portait en justice », précise-t-elle. Continuer la lecture

Le stand en carton de Viané sur la Comédie

Deux tabourets, un carton, et une nappe, ça peut suffir pour vendre quelques livres.

Deux tabourets, un carton, et une nappe, ça peut suffire pour vendre quelques livres.

Ce week-end, vous l’apercevrez peut-être à côté des chapiteaux de la Comédie du Livre. Un carton posé sur un tabouret lui sert de stand. Il n’a pas réussi à se faire inviter sur le salon mais entend bien profiter de l’évènement. Viané est un chômeur montpelliérain de 37 ans passionné d’histoire africaine. Après avoir passé trois ans au Burkina Faso, il est revenu à Montpellier avec la ferme intention de raconter l’histoire de l’ancien président Thomas Sankara. En 2014, il sort sa première bande-dessinée, éditée à compte d’auteur.

Viané, de quoi parle votre bande-dessinée Sankara et Blaise ?

« C’est une oeuvre de quarante-huit pages qui raconte les quatre années de pouvoir de Thomas Sankara. De son coup d’état en 1983 à son assassinat en 1987. Un récit à travers l’amitié qui liait Sankara à Blaise Compaoré, celui qui a pris le pouvoir en 1987 et l’a gardé jusqu’en 2014. Cela ressemble à une tragédie grecque. Blaise Compaoré et Thomas Sankara sont comme deux frères mais l’un va assassiner l’autre pour le pouvoir. C’est ce côté très shakespearien qui m’intéressait. Et aussi le fait que Thomas Sankara soit un mythe au Burkina Faso. J’ai vécu trois ans là-bas, les gens le considèrent comme un héros. Lors de l’insurrection qu’a connue le pays il y a six mois, tout le monde portait des T-shirts à son effigie. La foule criait des slogans comme « La patrie ou la mort ! » qui était la devise du Burkina au temps de Sankara. Il est toujours très présent dans les esprits. Et puis il y a à peine trois jours, mardi dernier, les autorités ont exhumé le corps de Thomas Sankara pour faire des analyses ADN. Est-ce vraiment lui dans la tombe ? Depuis 27 ans, un mystère plane sur cet assassinat, ses commanditaires, et sur la façon dont il a été tué et enterré. Aujourd’hui ce mystère ressurgit. » Continuer la lecture

La biographie romancée d’Evariste Galois

François-Henri Désérable aime expliquer à ses lecteurs la vie d'Evariste

François-Henri Désérable aime expliquer à ses lecteurs la vie d’Evariste @Aurélien Tiercin

Evariste Galois est l’un des plus grands génies de l’histoire des mathématiques. Il a révolutionné l’algèbre au XIXème siècle. Mais on ne connaît pas grand chose de sa vie. Pour écrire sa biographie, François-Henri Déserable a dû allier fiction et faits réels. Mais où s’arrête la liberté de l’écrivain ?

Evariste Galois est considéré comme le père des mathématiques modernes. Républicain radical, il meurt en 1832, à l’âge de 20 ans, dans des circonstances encore floues. Continuer la lecture

Les médiathèques, le bon plan pour lire sans se ruiner

La médiathèque se délocalise à la Comédie du Livre. Crédit photo : Nacime Rahoui

La médiathèque se délocalise à la Comédie du Livre. Crédit photo : Nacime Rahoui

Pour les amoureux de lecture au petit portefeuille, il existe une solution : s’inscrire à la médiathèque. Plus besoin d’acheter les livres, vous pouvez les emprunter. Pour 10 euros par an maximum, toute la famille peut en profiter.

Mathieu, Montpelliérain d’une quarantaine d’années, est inscrit à la Médiathèque centrale Emile-Zola depuis sept ans « pour pouvoir lire un tas de trucs, sans les acheter« . Une fois par semaine, Mathieu passe au ravitaillement littéraire, avec sa fille Malou, dix ans. À eux deux, le père et la fille sont capables de dévorer dix bouquins par semaine. Pour Mathieu, la médiathèque est synonyme de liberté. Continuer la lecture

Juan Manuel de Prada, autopsie « d’une imposture »

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©Lisa Melia

Anti-modernité, anti-Charlie, fervent catholique, intellectuel engagé… Juan Manuel de Prada cultive son image de polémiste réac’. Il présente son dernier livre Une imposture à Montpellier. Ce matin, il s’est plié à l’exercice du petit-déjeuner littéraire. Café, thé, croissants et une dizaine de lecteurs pour discuter littérature et politique.

Juan Manuel de Prada est né dans le pays basque espagnol il y a 45 ans. Cinq ans avant la mort de Franco.Ce qui explique peut-être sa fascination pour les années noires de l’histoire espagnole, la guerre civile et la dictature. Dans Les masques du héros, paru en 1997, il raconte l’Espagne du début du XXe siècle, juste avant la fracture de la guerre civile. La même année sort La Tempête, qui reçoit le prestigieux Prix Planeta et propulse Juan Manuel de Prada dans l’arène des grands auteurs, célébré par la critique européenne.

Dans son dernier roman Une imposture, il s’intéresse à la División Azul, la « division bleue ». Entre 1941 et 1943, près de 18 000 volontaires espagnols se sont battus sur le front soviétique, aux côtés des Allemands. « Antonio, mon personnage principal, s’engage pour échapper à son passé. Quand il revient, il endosse l’identité d’un autre, un camarade mort au front. Commence alors une quête pour faire disparaître toutes les traces de son passé, nous explique de Prada. D’où le titre Une imposture. Je voulais montrer l’impact du mal sur la vie d’un homme. » Continuer la lecture

Podemos peut-il secouer la Comédie ?

Le manifeste de Podemos traduit en Français @Olivia Leray

Le manifeste de Podemos traduit en Français @Olivia Leray

Ce samedi, la version française du manifeste « Claro que podemos » est présentée à la Comédie du Livre. « Bien sûr, nous pouvons ». Ce slogan fait bouger l’Espagne et s’est traduit par un véritable séisme politique dans les urnes. Nous avons voulu voir si l’enthousiasme de Podemos a conquis Montpellier. 

« Un séisme est une secousse résultant de la libération brusque d’énergie accumulée », nous dit Wikipedia. Pour François Rodriguez, co-fondateur du Cercle Podemos Montpellier, l’Espagne a bel et bien connu un séisme lors des dernières élections locales, un véritable tremblement de terre politique. Deux femmes Manuela Carmena et Ada Colau pourraient gagner les villes de Madrid et de Barcelone. Pendant un séisme, il y a toujours des répliques. L’une d’entre elles est arrivée jusqu’à Montpellier. Continuer la lecture

La vie d’un livre en 4 étapes

Le livre que vous avez entre les mains, il sont nombreux à l’avoir pensé, conçu, élaboré, réalisé… De l’auteur au libraire, voici quatre acteurs essentiels dans la conception d’un livre. Chacun explique son rôle et la tâche précise qu’il accomplit.

Voir aussi le reportage sur la conception d’un livre : Portrait d’une maison d’édition atypique, Indigène Editions

VINCENT GIARD

Indigène Editions, de l’indignation à la consécration

Les fondateurs des éditions Indigène, Sylvie Crossman et Jean-Pierre Barou. @Vincent Giard

Les fondateurs des éditions Indigène, Sylvie Crossman et Jean-Pierre Barou. @Vincent Giard

Fondée en 1996 à Montpellier, Indigène Editions a connu quelques difficultés à exister à ses débuts. Jusqu’à Indignez-vous ! de Stéphane Hessel, publié en 2010. Le succès a été tel que la maison d’édition connaît aujourd’hui une belle réussite. Portrait d’une maison atypique.

Les bureaux d’Indigène sont installés dans une impasse, du côté de Celleneuve, un quartier excentré de Montpellier. Une maison d’édition où vivent ses fondateurs, Sylvie Crossman et Jean-Pierre Barou. Leur espace de travail se trouve dans les combles, et c’est tout sauf un hasard.  » C’est l’endroit le plus haut de notre maison, une sorte de grenier, décrit Sylvie Crossman. C’est tout un symbole. Il est le toit de notre vie. »

L’espace est encombré : des livres partout, un Mac qui trône sur le bureau, des post-it et des photos sur les murs. « Tout est là : notre vie, nos pensées, nos écrits, les livres qu’on publie, les livres des personnes qu’on a publiés, des photos de ce qu’on a vécu », détaille Sylvie Crossman.

Sylvie Crossman et Jean-Pierre Barou sont partis de rien. « A l’époque, on avait peu de moyens, déclare la directrice éditoriale. Le capital de notre maison d’édition, c’était nos propres livres. » Près de 20 ans plus tard, les livres du couple n’ont pas changé de place, la poussière en plus. « Ce sont nos livres sur les Aborigènes, sur les Amérindiens, sur les Inuits, sur le Tibet… ». Et autour, des photos. « Des clichés de voyages, argumente Sylvie Crossman. Des voyages de travail vécus avec nos enfants. On y voit aussi bien des moines tibétains, le Dalaï-Lama, des astrophysiciens, des neuro-scientifiques, des gens qui, aujourd’hui, dialoguent pour rendre les savoirs du monde plus riches et plus beaux. » Continuer la lecture

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