31 Mai

Lydie Salvayre, rockstar littéraire

Le sourire de Lydie Salvayre pour ses lecteurs @Aurélien Tiercin

Le sourire de Lydie Salvayre pour ses lecteurs @Aurélien Tiercin

Les organisateurs de la Comédie du Livre lui ont donné carte blanche. Lydie Salvayre, Prix Goncourt 2014 avec « Pas pleurer« , est l’invitée phare de cette édition 2015.

« J’ai lu toutes vos oeuvres, je vous adore », glisse Emma, une étudiante montpelliéraine. Les déclarations et les sourires s’enchaînent sur le stand de Lydie Salvayre. Pour Alberto, c’est un simple « Merci » la main sur le coeur.

« C’est comme cela depuis l’ouverture de la Comédie du Livre. Le stand ne désemplit pas, c’est incroyable. Je suis sidérée par l’affection que me porte les gens », s’émeut Lydie Salvayre.

La grande dame de 67 ans sait de quoi elle parle. Depuis 2014 et l’obtention du Goncourt, sa vie a été bouleversée. Continuer la lecture

Yves Desmazes, de policier à romancier

Yves Desmazes. ©Lisa Melia

Yves Desmazes. ©Lisa Melia

Yves Desmazes en est déjà à son huitième roman. Il vient présenter Les enfants perdus de Saint-Félix à la Comédie. Mais dans une autre vie, il était commandant de police. Et bien sûr, il écrit des polars !

« Est-ce que vous avez un mandat ? » De plus en plus de policiers, qui procèdent à des perquisitions, entendent cette petite phrase venue tout droit des séries télévisées américaines. Sauf que les mandats, en France, ça n’existe pas. Pour remettre les pendules à l’heure, Yves Desmazes a pris la plume : « J’ai toujours beaucoup lu de romans policiers, mais ça me chagrinait que les procédures policières et judiciaires soient si mal décrites. »

Dans les histoires de Mary Higgins Clarck, qu’il apprécie, Yves Desmazes s’agace de voir les coupables avouer dès que le héros les découvre. Dans la vraie vie, des vrais policiers, l’enquête est un peu plus compliquée… « Et il y a aussi le rôle de la justice. J’ai fait des écoutes téléphoniques en tant que policier. L’autorisation nous vient de la justice, la police ne le décide pas elle-même. »

Yves Desmazes commence sa carrière dans un commissariat parisien, puis dans la brigade de répression du banditisme. Il revient dans le Sud-est, enseigne à l’école de police de Nîmes avant de passer à l’état-major à Montpellier, sa ville natale. Son premier roman Le pont du diable sort en auto-publication. Le succès est au rendez-vous : il vend 6 000 exemplaires à Montpellier. « Une jolie performance » lui dira-t-on chez Sauramps. Son dernier roman s’est classé deuxième meilleure vente de la librairie.  Continuer la lecture

« L’art de tuer » avec Antonio Altarriba et Keko

Une planche de l'exposition sur Moi, Assassin. ©dessin: Keko/Antonio Altarriba • ©Photo:Lisa Melia

Une planche de l’exposition sur Moi, Assassin. ©dessin: Keko/Antonio Altarriba • ©Photo:Lisa Melia

Dans Moi, Assassin, l’auteur basque Antonio Altarriba et le dessinateur madrilène Keko donnent vie à un sinistre personnage, professeur d’université le jour, assassin implacable la nuit. Objectif : déranger, secouer, ébranler le lecteur. Mais comment un homme en arrive-t-il à tuer pour la beauté du geste ?

Lorsqu’Antonio Altarriba s’assoit à côté de la couverture de Moi, Assassin, il y a comme un flottement chez son interlocuteur. Ses yeux passent de l’auteur au dessin. Altarriba ressemble étrangement au héros de son roman. « C’est parti d’une blague, s’amuse Keko, le dessinateur. Quand j’ai reçu le résumé de l’histoire, j’ai dessiné inconsciemment, pour m’imprégner du scénario. Le visage d’Antonio est apparu tout seul. » Keko envoie les dessins, persuadé qu’Antonio Altarriba n’acceptera jamais de prêter son visage à un tueur. Réponse de l’intéressé : « J’adore ! » Continuer la lecture

30 Mai

7 livres à 24 ans : Cécile Coulon est bien plus que ça

Cécile Coulon à la Comédie du Livre. ©Valentine Letesse

Cécile Coulon à la Comédie du Livre. ©Valentine Letesse

Cécile Coulon a 24 ans. Elle a écrit son premier poème en classe de CM2. Sa première nouvelle en 5ème. Son premier roman en seconde. Mais limiter le parcours de l’écrivaine à ces deux critères – jeunesse et efficacité – serait la plus grave erreur que vous pourriez faire.

« Waouh ! Mais vous avez écrit 7 livres à seulement 24 ans! ». Quand Cécile Coulon fait une rencontre, c’est souvent la première chose qu’elle entend. Compréhensive, la jolie blonde accepte bien volontiers cette image de jeune précoce. Mais parfois, « j’ai juste envie de dire : vous savez combien de baguettes fait un boulanger chaque jour ? », ajoute-t-elle. Continuer la lecture

Lucià Etxebarria : quand son « Coeur perd la tête »…

Lucià Etxebarria

La romancière espagnole sur l’esplanade Charles-de-Gaulle à Montpellier ©Lisa Melia

Qui est Lucià Etxebarria ? Une romancière espagnole à l’apogée de sa carrière. Une femme de 48 ans rayonnante et engagée. Elle dévoile tout excepté son lieu de naissance.

Raconter sa propre vie n’est pas chose aisée. Publier 362 pages sur l’un des moments les plus compliqués de sa vie encore moins. Lucià Etxebarria n’est pas du genre à se laisser dicter une ligne de conduite. Dans son dernier ouvrage Ton cœur perd la tête, l’auteur espagnol relate une « relation toxique ». Son histoire d’amour avec son ex-mari.

« A la fin de notre histoire, j’étais physiquement malade avec un syndrome post-traumatique. Je voulais me suicider mais j’ai une petite fille, impossible de la laisser seule », explique l’auteur.

L’idée de ce livre viendra lors de séances de thérapie : « J’ai écris encore et encore sur mon expérience. Au départ, rien ne devait être publié. » Une histoire maquillée pour des raisons légales : « En Espagne, l’auto-fiction peut entraîner des poursuites. Cela m’aurait coûté une somme exorbitante si jamais mon ex-mari se portait en justice », précise-t-elle. Continuer la lecture

Juan Manuel de Prada, autopsie « d’une imposture »

150530-006

©Lisa Melia

Anti-modernité, anti-Charlie, fervent catholique, intellectuel engagé… Juan Manuel de Prada cultive son image de polémiste réac’. Il présente son dernier livre Une imposture à Montpellier. Ce matin, il s’est plié à l’exercice du petit-déjeuner littéraire. Café, thé, croissants et une dizaine de lecteurs pour discuter littérature et politique.

Juan Manuel de Prada est né dans le pays basque espagnol il y a 45 ans. Cinq ans avant la mort de Franco.Ce qui explique peut-être sa fascination pour les années noires de l’histoire espagnole, la guerre civile et la dictature. Dans Les masques du héros, paru en 1997, il raconte l’Espagne du début du XXe siècle, juste avant la fracture de la guerre civile. La même année sort La Tempête, qui reçoit le prestigieux Prix Planeta et propulse Juan Manuel de Prada dans l’arène des grands auteurs, célébré par la critique européenne.

Dans son dernier roman Une imposture, il s’intéresse à la División Azul, la « division bleue ». Entre 1941 et 1943, près de 18 000 volontaires espagnols se sont battus sur le front soviétique, aux côtés des Allemands. « Antonio, mon personnage principal, s’engage pour échapper à son passé. Quand il revient, il endosse l’identité d’un autre, un camarade mort au front. Commence alors une quête pour faire disparaître toutes les traces de son passé, nous explique de Prada. D’où le titre Une imposture. Je voulais montrer l’impact du mal sur la vie d’un homme. » Continuer la lecture

29 Mai

Au Diable Vauvert, le « bateau pirate » de l’édition

Quinze années d’édition indépendante, 970 000 livres vendus, 330 titres au catalogue et 150 auteurs. La maison Au Diable Vauvert fête son anniversaire à la Comédie du Livre. Marion Mazauric, sa fondatrice, s’évertue à contrer les pessimistes. Au Diable Vauvert accueille les auteurs dits « à risque », ceux que les autres maisons refusent « parce qu’ils ne se vendront pas ». Rencontre avec la fondatrice et deux de ses auteurs.

Oxmo Puccino

150529-001

« Au Diable Vauvert, j’ai l’impression de faire partie d’un bateau pirate positif. Le monde de l’édition est comme il est. Cette maison est un bateau pirate qui arrive de manière frontale, qui décide d’attaquer Goliath. Et il va gagner. Je suis Au Diable Vauvert parce que je me suis reconnu dans l’esprit de Marion Mazauric, dans la manière dont elle aborde les choses. Marion m’a dit quelque chose de très vrai : l’avantage de prendre de l’âge, c’est de se rendre compte que tout ce qu’il s’est passé de bien ou de mal dans la vie était la construction d’une oeuvre et d’une vie. Le plus difficile, c’est d’avoir de l’esprit, on ne le fait jamais exprès. Au Diable Vauvert, c’est un style et un esprit. »

Oxmo Puccino a publié Mines de Cristal en 2009 et 140 piles en 2014 Continuer la lecture

Quand les auteurs écrivaient sous les dictatures : la littérature du silence

150528-001

Qu’est-ce que la littérature ibérique ? Pour son trentième anniversaire, la Comédie du livre a décidé de mettre l’Espagne et le Portugal à l’honneur. Isabel Alba, Aníbal Malvar, Miquel de Palol, Víctor del Árbol, Keko, Pedro Rosa Mendes ou encore Lucía Extebarria vous donnent rendez-vous dès aujourd’hui au coeur de Montpellier. Même si l’histoire a tissé des liens entre la péninsule ibérique et la capitale héraultaise, peu de Français connaissent réellement cette littérature, imprégnée par les tragédies du XXe siècle.

« La nouvelle génération d’auteurs a grandi avec le silence. » Le silence de leurs aînés sur les années noires de l’Espagne et du Portugal Franquisme, guerre civile, dictature des généraux… « C’est une histoire non-dite, explique Sophie Savary. Leurs parents et leurs grands-parents n’en parlaient pas. » Passionnée de littérature hispanique, Sophie Savary est devenue agent littéraire de vingt auteurs espagnols. Elle accompagne aujourd’hui à la Comédie du Livre ces nouvelles plumes, qui tentent de se saisir de leur histoire.

Roman noir

Sous les dictatures, les auteurs espagnols et portugais parlent du quotidien par des chemins détournés, par des métaphores et des paraboles. De cette liberté bafouée est née une incroyable créativité, s’émerveille Sophie Savary. « Carlos Zànon l’exprime très bien dans l’un de ses articles : la déroute et la censure génèrent la rébellion, la révolte littéraire. » Une littérature noire voit le jour, pour parler du mal qui ronge le pays, sans finir en prison. Elle rouvre un petit espace de liberté, permet de critiquer en dehors du politique. Cette tradition est longtemps restée vivace : la péninsule ibérique a produit quelques-uns des auteurs de polar les plus lus d’Europe, comme Alicia Giménez Bartlett (née en 1951), présente à la Comédie. Continuer la lecture

Jacques Molénat, un regard sans concession sur la politique locale

Le journaliste montpelliérain fidèle au centre-ville © Romain Berchet

Le journaliste montpelliérain fidèle au centre-ville © Romain Berchet

Discret et l’oeil aiguisé, Jacques Molénat a fait toute sa carrière de journaliste en Languedoc-Roussillon. A 74 ans, il dresse le portrait de 54 décideurs publics de la région.

« Les hommes politiques m’intéressent humainement pour savoir comment est-ce qu’ils exercent le pouvoir. » Jacques Molénat est un as pour décortiquer les arcanes du pouvoir. Une fascination ? Non. Sa technique, la discrétion. Un atout lorsque l’on approche le monde politique : « Il faut être à la fois proche pour obtenir des informations et assez éloigné pour les mettre à distance », précise le journaliste. Un homme de l’ombre allergique au journalisme de « mise en scène ». Tous les grands de la région sont passés sous la plume de Jacques Molénat.

cache_15399704Le journaliste dresse le portrait de 54 personnalités politiques dans son dernier ouvrage « Notables, trublions et filous » paru aux éditions Chabot du Lez. De Georges Frêche à Hélène Mandroux, anciens maires de Montpellier en passant par Robert Ménard, actuel maire de Béziers. Le livre découle de ses notes, archives, documents collectés pendant des années sur le terrain comme journaliste politique.

« Frêche m’impressionnait mais je voyais aussi son côté manipulateur, autoritaire voire dictateur. J’ai toujours essayé d’être lucide face à cette situation », explique Jacques Molénat.

Continuer la lecture

La Comédie du livre c’est parti

Une centaine d’auteurs, des dizaines de librairies : tout doit rentrer sous les tentes disposées sur l’Esplanade proche de la Comédie du livre. Et ce vendredi matin, cela sent encore les derniers préparatifs. Les écoliers sont les premiers visiteurs.