Le documentaire de Martyn Burke, Under fire : journalists in combat, projeté jeudi à Visa pour l’image, traite des traumas dont souffrent certains journalistes de retour d’un pays en guerre. Ce syndrome est reconnu par les médecins sous le sigle de PTSD (post traumatic stress disorder).
Le psychiatre Anthony Feinstein, et producteur du documentaire, a lui-même suivi des reporters pendant et après un conflit. Ces derniers montrent des signes de colère, d’irritabilité, font des cauchemars, dépriment, se sentent coupables et n’ont plus goût à la vie quotidienne. Le photographe Paul Watson en témoigne dans le documentaire. Il fait des cauchemars : « Je ne peux pas m’empêcher de penser à cette image ». Il parle de la photo qui lui a valu le prix Pulitzer en 1994. Couvrant la guerre civile en Somalie, il avait photographié le corps d’un soldat américain traîné par des Somaliens dans les rues de Mogadiscio.
Certains n’arrivent plus à repartir. C’est peut-être le grand photoreporter de guerre, Don McCullin, qui en parle le mieux : « Pendant 20 ans, je n’ai jamais refusé une invitation à me rendre à une guerre ou à assister à une révolution. Pourquoi ? Je peux sentir la raison mais je ne peux pas l’exprimer. Je veux maintenant photographier des paysages et des fleurs, je me condamne à la paix ».
Le PTSD touche toutefois une minorité des reporters de guerre : environ 15 %, selon les études d’Anthony Feinstein. Croisé à Visa, un journaliste qui a couvert plusieurs conflits dit ne pas se sentir concerné : « Quand je reviens, je ne me pose pas ce genre de questions, je pense à repartir ».
Giulia De Meulemeester et Violaine Gargala