Dans le Jura, la pêche aux carnassiers est ouverte du deuxième samedi de mai au premier janvier. Les plus mordus étaient au poste dès 5 h 44 du matin sur le lac de Vouglans.
Pour aller plus loin, j’ai trouvé des informations sur le site EauFrance. Les données remontent aux années 1980 mais elles sont intéressantes. Ici comme ailleurs, la population des poissons diminuait et il faut encore recourir à l’alvinage pour maintenir l’intérêt des pecheurs sur cette retenue, la deuxième plus grande de France après le lac de Serre Ponçon.
« Certaines publications portant sur la retenue du barrage de Vouglans (Verneaux & Vergon – 1974, CTGREF – 1977, Verneaux – 1986) ont mis l’accent sur les perturbations des structures physico-chimiques et biologiques causées par les sous-tirages d’eau profonde, ainsi que les effets inhibiteurs des marnages de grande amplitude (34m) sur le développement des hydrophytes littoraux, limitant ainsi la possibilité d’établissement de frayères et d’abris pour les poissons.
Il en résulte que la richesse spécifique du peuplement pisciaire dans la retenue de Vouglans est maintenue grâce à des alevinages répétés.
21 espèces ont été recensées dans la retenue au cours des 5 campagnes de pêche successives de 1971 à 1987. 5 espèces dépassent 90% de l’effectif : le Gardon (40%), l’Ablette (19%), la Brème (19%) et la Perche (13.5%) : ainsi les Cyprinidés euryèces (Gardon, Ablette, Brèmes) dominent le peuplement (78%). Les carnassiers (15.5%) sont surtout représentés par la Perche (13.5%) ; Truite, Brochet et Cristivomer sont présents.
La pêche de 1988 a permis de constater que le peuplement de la retenue artificielle de Vouglans est nettement dominé par les Cyprinidés d’eau calme, structure typique d’un peuplement instable avec dominance de Cyprinidés euryèces, entraînant le développement de la population de Perches. Ces dernières sont les seules espèces carnassières capables de se reproduire au niveau de branches immergées quand il y a correspondance entre période de fraye et niveau d’eau élevé.Ce phénomène justifie le passage de 1ère en 2ème catégorie et des préconisations sont à faire pour assurer la survie des carnassiers (cf. Chap. VI).
Aujourd’hui, le lac est toujours en première catégorie. Il a un statut de grand lac intérieur. Normalement, en première catégorie, il n’ y a pas de restriction de pêche. Ce statut protège les brochets et les sandres en limitant leurs prises à 5 brochets par jour et par pêcheur comme dans tout le Jura. La taille est aussi réglementée : 40 cm pour les sandres et 50 cm pour les brochets.
Et voici le résultat des échantillonnages de 2003. Un document transmis par le chargé de mission de la fédération de pêche du Jura Mehdi Elbettah:
« En 2008, le peuplement de la retenue de Vouglans est composé de 16 espèces. L’échantillon récolté est relativement complet avec cependant l’absence de la truite fario, de la vandoise, du toxostome et du goujon, échantillonnés les années antérieures à l’aide du protocole filets verticaux. Le peuplement est dominé par le triptyque perche-gardon-sandre, ces espèces présentant des abondances numériques et pondérales notables. A noter également la forte présence de la grémille. Ce triptyque représente 86,35% des effectifs et 72,1% des biomasses. »
Les sociétés de pêche de Clairvaux et Moirans remettent chaque année du poisson, en l’occurence du Coregon. Des truites lacustres et des ombles chevalier sont également introduits. Mais, la fédération de pêche s’inquiète de la prolifération des silures. Cet espèce a été introduite illégalement par des pêcheurs. Ils aiment traquer ce poisson qui n’a aucun prédateur et le relâchent une fois pris. Le silure, qui peut atteindre les 2 mètres de long, peut provoquer un véritable déséquilibre écologique dans le lac de Vouglans dans les années à venir. « Le déséquilibre vient des pêcheurs et non du barrage » déplore Stéphane Pizzetti, garde pêche de la fédération du Jura.
Une inquiétude pas entièrement partagée par Mehdi Elbettah » Quant à parler de déséquilibre biologique, je serai beaucoup plus mesuré. A contrario du brochet, le silure ne se reproduit pas uniquement sur un type de substrat spécifique et est de ce fait beaucoup plus prolifique que ce dernier sur une retenue soumis à un important marnage mais dont la température estivale atteint des valeurs suffisantes pour permettre à l’espèce de se reproduire. Bien que le sandre soit présent en grande quantité, le silure a un régime alimentaire beaucoup plus large lui permettant aussi bien de se nourrir d’écrevisses que de brèmes. En l’absence de grands brochets pélagiques, le silures adulte a toute la place disponible pour devenir le prédateur n°1 des grands cyprinidés qu’abrite la retenue comme les brèmes communes et les gros gardons.
Il n’y a pour ainsi dire quasiment aucune compétition alimentaire entre le silure et ces différentes espèces de carnassier, et si le brochet est en régression c’est uniquement lié à la quasi absence de frayères favorables à cette espèce sur la retenue. Par contre, les pêcheurs ont tôt fait d’oublier le déséquilibre biologique qui a suivi l’introduction du sandre sur la retenue qui a conduit (en parallèle aux problèmes d’entrave à la libre circulation des poissons en amont du lac) à la raréfaction des ablettes et de son principal prédateur, la truite lacustre. Le sandre est beaucoup plus ichtyophage que le silure peut l’être, et bizarrement alors que cette espèce semble être en régression ces dernières années, ablettes et truites lacustres se font plus présentes … ». Le chargé de mission de la fédération insiste lui sur les difficultés de circulation de la truite lacustre à la fin de l’été. A ce moment là; pour aller se reproduire, les tuites n’ont pas la possibilité de franchir le saut de la Saisse.
Voici le reportage de Marion Branchais et Hugues Perret :