19 Fév

La vallée de la Loue comme vous l’avez rarement vue…

La vallée de la Loue vue du belvédère de Hautepierre photographiée par Stéphane Gavoye

Observez bien cette photo de Stéphane Gavoye, elle nous révèle la vallée de la Loue comme nous la voyons rarement. Le photographe était comme «seul au monde» à cet instant. Juché sur la roche de Hautepierre. Au loin , le village de Hautepierre comme enflammé…

Personnellement, j’imagine Esclarmonde, l’héroïne du dernier roman de Carole Martinez, assise là au petit matin juste avant d’annoncer sa volonté de se faire emmurer à vie… Le photographe capte le mystère de la vallée aux «heures bleues». C’est le moment de la journée où le soleil n’est pas encore levé et le ciel couleur bleu radieux.

Stéphane Gavoye est arrivé en Franche-Comté il y a neuf ans. Passionné de photographie, la vallée de la Loue est vite devenue un de ses terrains de jeux. Proche de chez lui, Stéphane a commencé par randonner. Comme tout néophyte, le photographe s’est rendu à la source. Logique ! Mais cela n’a pas été le coup de foudre; «j’ai mis du temps à l’apprécier. Aujourd’hui, je vais plutôt sur les belvédères» . Sur son site , créé il y a deux ans, Stéphane raconte sa marche en pleine nuit à la frontale et dans la neige pour arriver au sommet à la bonne heure.

Autre terrain de chasse d’émotions, les cascades de la Loue et de ses affluents. Stéphane commence d’ailleurs un travail sur ces flots d’eaux métamorphosés en rubans diaphanes.

L’artiste recherche les ambiances brumeuses encaissées dans la vallée, «cela fait des fleuves de nuages». Vous découvrirez sur le site de sublimes vidéos prises du Belvédère du Moine de la vallée…

Voilà pourquoi je souhaitais vous faire partager notre découverte réalisée grâce à Pascal Sulocha, webmaster de France 3 Franche-Comté !

Isabelle Brunnarius

18 Jan

Le «sorcier d’Ornans» de nouveau disponible chez les libraires.

Les deux romans de Philippe Koeberlé, lui même pêcheur à la mouche.

Les 500 premiers exemplaires de ce roman sorti il y a deux mois ont tous été vendus… Leurs lecteurs ont pu se plonger avec délectation dans la nouvelle enquête de Séverin Ménigoz, le guide de pêche franc-comtois issu de l’imagination de Philippe Koeberlé et Nicolas Robert.

Cette fois-ci, Philippe Koeberlé écrit en solo cette histoire campée dans la vallée de la Loue.  Meurtres, suspens, humour… le trio gagnant est au rendez-vous pour vous assurer de bons moments de lectures mais, personnellement, ce qui me fascine, ce sont les descriptions de l’univers de la pêche à la mouche.

Déjà dans le premier roman «Autopsie d’une truite», Philippe Koeberlé détaillait pendant deux chapitres les relations entre Séverin et «sa» grosse truite :

«Le lendemain il était là, à la même heure, canne à la main, idéalement placé, les nuées de mouches de mai faisaient l’ascenseur et voletaient en tout sens, mais pas de truite. Une crue subite le tint éloigné de la rivière pendant plusieurs jours, mais dès que l’eau s’éclaircit et baissa il attendit tous les soirs une apparition de sa truite. Elle sortit enfin de son repère, au cours d’une éclosion massive de phryganes.»

Moi qui ne pêche pas, j’ai l’impression d’apprendre les bases de cet art rien qu’en lisant ces lignes. Dans le «Sorcier d’Ornans», la rencontre entre Aimé Besson et Séverin Ménigoz révèle la profondeur de ce type de pêche. Lors de leur rencontre, le maître adoube le jeune guide. Le personnage d’ Aimé Besson est inspiré d’Aimé Devaux et de Henri Bresson, deux pêcheurs à la mouche admirés de tous et inventeurs de plusieurs ces appâts si particuliers.

«-C’est parfait et tu le sais, dit Aimé Besson. Ce sont des mouches d’ensemble qui flotteront dans la pellicule superficielle de l’eau, c’est ce qu’il faut actuellement puisqu’il paraît que les détergents retardent l’émergence des insectes ailés. Et puis la lumière, il faut que la mouche artificielle capte la lumière, c’est la lumière qui la  rendra vivante, prête au mouvement, pas la simple imitation de la  nature.»

Et plus cette nouvelle énigme avance, plus le lecteur pénètre dans l’univers si particulier de la vallée de la Loue. Une vallée scindée en parcours privés, chics et chers et des parcours publiques autrefois ignorés par les pêcheurs à la mouche…

Je ne vous en dit pas plus et rassurez-vous, Philippe Koeberlé vient de faire imprimer 300 nouveaux exemplaires…

Isabelle Brunnarius

18 Juin

La Loue, héroïne du roman « Du domaine des murmures ».

«Vers le sud, point n’était besoin de mur de bois ni de pierre : la tour seigneuriale déploie ses ailes dépareillées au sommet d’une falaise abrupte au pied de laquelle coule la Loue. La tranquille rivière continue de lécher l’escarpement rocheux, s’appliquant à dessiner depuis toujours les mêmes boucles vertes sur la terre.»

Avec "Du domaine des murmures", Carole Martinez a remporté le Goncourt des lycéens 2011.

A peine quelques pages tournées, et le lecteur s’engouffre dans cette fable romanesque. Que nous aimions la Loue ou pas, «Du domaine des murmures» est à lire. Son auteur, Carole Martinez, nous emmène dans une histoire à peine croyable de demoiselle emmurée à vie. Esclarmonde vit au XII ième siècle dans le comté de Bourgogne à Hautepierre, là où se faufile encore aujourd’hui la Loue. Au fil des pages, la rivière endosse son rôle de cours d’eau mystérieux où les hommes vont se perdre.
Pourquoi avoir choisi la vallée de la Loue ? Pour ces falaises et sa rivière en contrebas. Carole Martinez n’a jamais mis les pieds dans la vallée ! Tout est imaginaire et pourtant si proche du réel.
J’ai passé un moment délicieux à écouter cette auteur me raconter comment elle était tombée sur la vallée de la Loue. Pour ancrer son château sorti de ses rêveries, Carole Martinez cherchait une forêt escarpée avec rivière en contrebas. Après des heures sur Google Earth, elle finit par chercher dans des guides de varappe… Bingo ! Le charme de la Loue a vite opéré. «Déjà, rien que le nom de la Loue est splendide, m’explique-t-elle. Et puis cette idée de la source de la Loue peinte par Courbet en lien avec l’Origine du monde.. Comme je parle du féminin, cette Loue si féminine me convenait bien, il fallait que je pose mon château là !»

Mouthier Hautepierre, photographié par Jean-Claude Gagnepain.

De fil en aiguille, ce qui au départ ne devait être qu’un chapitre du roman, prend de l’ampleur, embarque Carole Martinez. «Je me laisse surprendre, c’est un peu comme un voyage. Je sais où je veux aller mais ce n’est pas organisé. Je me laisse happer par ce que je rencontre en cours de route». La personnalité d’Esclarmonde, les légendes franc-comtoises de la Dame Verte, du cheval Gauvin, de la jument d’Amaury, de Berthe de Joux, nourrissent l’imaginaire de Carole Martinez. «J’ai inventé comment la fable de la Dame Verte était née, j’aime montrer la force de l’imaginaire populaire. Les histoires qui tiennent ont été inventées par cette force là.» L’écrivain préfère imaginer plutôt que d’être déçue par le réel alors viendra-t-elle arpenter les abords de la Loue ? Des lecteurs lui ont déjà envoyé des photos de Mouthier Hautepierre et elle ne semble pas déçue ! Ses trois prochains romans devraient toujours se passer autour de son château imaginaire de Hautepierre mais cette fois-ci aux XIV ième, XVI ième et XXI ième siècles… C’est promis, si d’ici là, Carole Martinez ose s’aventurer dans le réel, je l’emmènerais flâner au bord de la Loue.

Isabelle Brunnarius