28 Avr

Enchaîner, c’est gagné !

Trail du Coutach Première manche du Challenge Gardois des Trails  Janvier 2014

 

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Sur mes terres d’entraînement

« Je vais te plier demain » m’annonce Ludo sur Facebook.

« Ah, Ah, moi pareil » surenchérit Hassan .

Ca chahute pas mal sur la toile en ce samedi soir, la veille du trail de Coutach à Quissac dans le Gard ( 27km, 850m D+) .

Mes potes trailers se demandent si je ne suis pas un peu tracassé des méninges. En effet,  je viens de me taper 6h d’entraînement sur les pentes enneigées du Mont Aigoual  pour 2500 m de dénivellé positif et négatif. Et demain, j’enchaîne pour me forger le mental et avoir des jambes en béton.

L'observatoire du Mont Aigoual ( 1567 m)

L’observatoire du Mont Aigoual ( 1567 m)

6H d'entraînement sur l'Aigoual la veille de la course

6H d’entraînement sur l’Aigoual la veille de la course

Mais pourquoi ?

Autant l’avouer, je suis bien entamé physiquement  par cette escapade en Cévennes mais je ne suis pas encore Zinzin. Enfin si. Tout cela est réfléchi, oui, oui. Cela fait partie de mon plan de préparation de la Transgrancanaria le 1er mars prochain (125 km, 8500 m D+). Pour espérer finir ce genre de course, il faut se faire mal à l’entraînement durant des WE Chocs. Cet utra trail qui traverse les Canaries est programmé dans 5 semaines. Il n’y a pas de temps à perdre.

Cela dit, je comprends l’ironie de mes camarades. C’est un peu dingue de courir 6 heures la veille d’un trail aussi exigeant et technique que le Coutach, dans le Gard.

Dimanche matin, 5h30, je ne suis pas frais au réveil. Evidemment ! J’esperais quoi ? J’ai les jambes lourdes et je ne suis pas trés motivé. Si je ne joue rien du tout sur la course, à part mon honneur,  je reste stressé. Comme le répète souvent Ludo ; « toi, dès que tu mets un dossard sur le dos, tu n’es plus pareil. »

Arrivé à Quissac, je réaffirme à qui veut l’entendre : « Non, non, je ne suis pas au départ pour me donner à fond, juste pour faire une sortie longue. » Oui, oui, cause toujours pense Ludo !

Cause toujours

8h45, c’est parti pour les 400 engagés de la 1ere manche du challenge Gardois des trails. Le trail du Coutach ouvre traditionnellement la saison dans le département.

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Avec Ludo, nous faisons un drôle de duo. Il est à court d’entraînement et je suis sur-entraîné. Nous décidons de partir au milieu du peloton. C’est très inhabituel pour nous. D’habitude, on part comme des balles et on voit ce qui se passe. C’est sympa aussi. Nous rencontrons d’autres coureurs. Sur le Pont de Quissac, après 500 m, nous sommes dépassés par Féfé et Carole, surpris de nous voir à cette position.

Malheureusement, mes bonnes intentions ne durent jamais sur une course. Dès la première difficulté, je piaffe d’impatience. Il y a un début de bouchon causé par des trailers dans la montée. Tout le monde marche alors que je commence à avoir des fourmis dans les jambes.

Je décide d’enclencher la marche avant et de doubler une file ininterrompue de concurents en courant doucement mais surement. Ludo me laisse partir. Ciao.

Arrivé en haut, la vue est splendide, des Cévennes à la mer mais je n’ai pas envie de jouer au touriste. Et puis, il faut toute notre concentration dans la descente vers le village de Corconne. Nous empruntons le lit d’un ruisseau et les dalles sont très glissantes. Devant moi, un coureur dérape méchamment et s’ouvre légèrement un genou .

Après ce passage, le chemin est plus facile. A flanc de colline, nous dévalons  vers la vallée à bonne vitesse.

Chaud après 10 km de course

A Corconne, des spectateurs nous souhaitent bon courage pour la montée vers la chapelle. Je reprends ma course vers l’avant et suis sur les talons de la 2ème féminine, Aude Diet. Cette jeune femme longiligne, infirmière de profession, est l’une des meilleures traileuses du Gard . Dernierement, j’ai lu son récit sur la Mascareignes, un trail de 70 km organisé la Réunion. Cette épreuve est  la petite sœur de La diagonale des Fous qu’elle souhaite courir cette année avec son Maris, Nicolas.  Je me présente : « Salut Aude, c’est Denis. Tu dois me connaître, je suis le journaliste de France 3 et je me prépare comme toi pour la Diagonale ». Et patati et patata. Pendant, 10 bonnes minutes, nous échangeons nos impressions et nous promettons de nous entraîner ensemble un de ces jours.

Des fourmis dans les jambes

Des fourmis dans les jambes

Puis, comme elle semble vouloir un peu d’air, je m’échappe vers l’avant. Je retrouve un peu plus loin, Yorrik Muller, un jeune membre de son club, le Cevennes Trail Club.

« Tout à l’heure, je courrais avec le grand Alain Gaspard. Me voici maintenant avec Denis Clerc. Quel honneur ! » me dit-il. Il est sympa ce Yo, infirmier lui aussi et en grand progrès. Dans quelques temps, je ne pourrais plus le suivre c’est certain. Mais aujourd’hui, malgré la fatigue accumulée avec ma sortie d’hier, je suis encore le plus rapide. Profitons en. Ma remontée est assez innatendue, surtout dans les raidillons.

Arrive enfin le plus beau passage de la course, la descente vertigineuse sur Quissac au 22ème Km.

Je connais ce pierrier comme ma poche. Le sentier est très dangereux, pentu avec beaucoup de cailloux. Le sol y est  très glissant avec, par moments, des racines assez traitres et des petits rochers à désescalader. Je me régale d’avance. Je vais dépasser une dizaine de concurrents en prenant tous les risques. Ca passe.

Dans le final

Dans le final

Retrouvailles

En bas, quelques spectateurs nous encouragent tout en nous orientant : «  Courage, plus que 3km ». Au devant, je reconnais la foulée de mon ami Hassan. «  Alors Hassan, comment vas tu ? ».  Je souris intérieurement. Il n’a plus envie de me chambrer. «  Impressionnant Denis, m’écrira t-il le soir même, tu m’as déposé grave. »

Il ne reste plus rien. Je finis en roue libre dans les rues de Quissac et j’ai bien du remonter 150 trailers dans cette belle course. Je finis 36ème sur 381 partants. Si j’étais parti plus vite, le bilan aurait été encore meilleur. Mais avec des si, on a vite fait de gagner des courses.

Ludo arrivera beaucoup plus tard. « Tu peux l’avouer maintenant, écrira t-il sur Facebook. Hier, tu es monté en voiture à l’Aigoual pour faire la vidéo. C’est pas possible que tu aies couru six heures, vu ta perf du jour… »

« Ludo, tu m’as démasqué ! C’est moche de t’avoir fait croire à l’impossible ! Mais tu fais une bonne course pour quelqu’un qui fait du gras depuis 3 mois. »

 Le bilan est encourageant ce WE : un gros bloc d’entraînement et une forme en pente ascendante à 5 semaines de la Transgrancanaria.