15 Juil

Gdańsk, Gdynia, Sopot, le meilleur de la Pologne pour un été

Au nord de la Pologne, trois villes condensent l’histoire, l’architecture et la gastronomie du pays. Proche la mer Baltique, ce tryptique d’un million d’habitants est une alternative aux emblématiques Varsovie ou Cracovie.

L’été à Gdańsk, le climat peut parfois être méridional – Photo Kevin Figuier, France 3 Occitanie

 

 

Tel un phœnix qui renait de ses cendres, Gdańsk est l’une de ces nombreuses villes d’Europe où la Seconde Guerre mondiale a détruit des familles et son patrimoine architectural. Démolie par les bombardements de l’armée rouge, Gdańsk est un océan de ruines avec plus de trois millions de tonnes de gravats. Elle est entièrement reconstruite à partir d’anciens plans peu de temps après 1945. Les lieux semblent aujourd’hui sortis d’un décor de parc d’attractions thématisé, néanmoins, tout est vrai et il ne s’agit pas d’un trompe-l’œil en carton-pâte. Les vieilles demeures au style flamand conservent leur cachet d’antan et côtoient de nouvelles constructions qui gardent l’architecture originelle de cette ville millénaire.

Traversée par la rivière Motława, la grue portuaire médiévale est l’un des symboles de Gdańsk. Avec sa grosse corde en chanvre, l’infrastructure peut (dé)charger 4 tonnes de marchandises sur une hauteur de onze mètres grâce à deux immenses roues qui accueillent chacune dix hommes. À l’intérieur, les ouvriers marchent tels des hamsters dans un cylindre. Aujourd’hui encore, la grue de Gdańsk est la plus grande et la plus ancienne du Vieux continent.

La grue médiévale est aujourd’hui collée au musée maritime national – Photo Kevin Figuier, France 3 Occitanie

 

 

Autre emblème de la commune, la fontaine de Neptune —dieu de la mer— située dans 1 long marché (Długi Targ 1) trône sur son piédestal depuis 1633. Selon une légende, c’est la divinité qui aurait «influencée» l’invention de la fameuse liqueur Goldwasser. Un jour, Neptune aurait été «dégoûté» que les gens jettent des pièces dans la fontaine. En réponse à l’affront, il aurait lancé un coup de trident dans l’eau et ainsi écrasé les amas d’or en petits morceaux qui décorent aujourd’hui, par ses éclats, la célèbre eau-de-vie de Gdańsk. Toujours dans cette grande artère piétonnière, vous découvrirez les plus belles habitations de la ville. Là, des familles devenues riches grâce aux commerces ont érigé de somptueux immeubles de style renaissance et rococo. Sur les façades, la décoration semble être structurée à qui mieux-mieux. Attiques personnalisés, blasons détaillés, figures allégoriques ou encore héros antiques. Le long marché regorge de pépites architecturale et pour cause, à l’âge d’or de sa puissance économique soit du XVIème s. jusqu’au début du XVIIè s., Gdańsk a été l’un des importants greniers à blé de l’Europe faisant de cette bourgade l’une des plus prospères de la région hanséatique.

 

 

La statue Neptune – Photo Kevin Figuier, France 3 Occitanie

 

 

Parmi les plus impressionnantes habitations, la maison dorée (Złota Kamienica) récolte tous les suffrages auprès des touristes. Au sommet de l’immeuble, quatre statues veillent sur les lieux. Avec son style gothique et ses pierres blanches, la cour d’Artus (Dwór Artusa) —en face de la fontaine Neptune— était le siège de la guilde marchande et le cœur de la vie sociale où l’alcool coulait à flot. De nos temps, cette adresse constitue une carte de visite pour les réceptions officielles de grandes personnalités. Encore dans les environs, anciennement rue Royale, la porte dorée (Złota Brama) est un édifice d’apparat qui exalte à travers des statues allégoriques des valeurs comme la paix, la justice, la gloire, la concorde, la prudence, la piété, la liberté et l’unité. D’ailleurs, à la porte Wyżynna, vous pourrez lire sur le bâtiment militaire une maxime latine qui s’est désagrégée par le temps mais dont l’original était lustitia et pietas duo sont regnorum omnium fundamenta («la justice et la piété sont les deux fondements de tous les royaumes»). À l’heure actuelle, l’inscription visible est rum omnium fundamenta qui peut se traduire par «le rhum, fondement de toutes chose».

 

 

 

 

 

Depuis le long quai (Długie Pobrzeże), les multiples et fastueuses portes médiévales permettent d’accéder à des ruelles toutes aussi charmantes les unes que les autres. Parmi elles, celle de la pittoresque rue Sainte-Marie (Ulica Mariacka) où les amateurs de peintures et d’arts plus généralement se donnent rendez-vous. Il est également coutume que les couples doivent s’embrassent dans cette rue. En vous promenant, vous trouverez de quoi ramener des souvenirs. Jadis utilisée comme une monnaie, on dit qu’«un morceau d’ambre suffisait pour acheter un esclave». Gdańsk est the place to be pour se procurer de l’ambre, néanmoins, exigez auprès du commerçant un véritable certificat qui pourra authentifier «l’or de la Baltique» et vous éviter l’achat d’un produit contrefait. Un musée, spécialement dédié à cette résine pétrifiée, se trouve dans l’ancienne tour de prison dans la rue longue. Et preuve en est que la ville est la capitale mondiale de l’ambre, le stade construit à l’extérieur de la ville pour l’Euro 2012 de foot reprend la forme et la couleurs si spécifique de cette résine préhistorique.

Après avoir terminé votre liste de cadeaux à ramener, vous pourrez vous reposer au frais dans l’église Sainte-Marie et son clocher qui tutoie les 82 mètres. Construite à partir de 1343, il a fallu 159 ans pour achever la construction de l’édifice religieux qui peut contenir 25.000 personnes (!). A l’intérieur, existe l’unique horloge astronomique de Pologne. Dans un pays très pratiquant, Gdańsk n’échappe pas à l’imprégnation de la religion sur son territoire et compte pas moins de neuf églises. Dans le centre-ville historique, où que vous soyez votre regard trouvera une paroisse catholique.

 

Le cornichon salé (pendant la préparation) est l’un des condiments les plus consommés par les polonais – Photo Kevin Figuier, France 3 Occitanie

Choux et pommes de terre, des produits à la base de la cuisine polonaise – Photo Kevin Figuier, France 3 Occitanie

 

 

Ouvert en 2017, le musée national de la Seconde Guerre mondiale (Muzeum II Wojny Światowej) est un magnifique bâtiment à la dominance brique rouge et avec une façade angulaire faite de verres. Inauguré dans un contexte conflictuel, le gouvernement ultra-conservateur reprochait à l’exposition permanente une vision un peu trop universaliste du conflit mondial et un supposé déficit de patriotisme. Au final, le contenu est intéressant mais sa lecture nécessite de prendre du recul. À la fin de l’exposition, une vidéo —que l’on peut clairement qualifier de film de propagande— décuple l’héroïsme des soldats polonais, occulte des moments du pays et s’approprie sans discernement des grandes figures du pays au profit de quelques contrevérités historiques. Malgré toutes ces anicroches, la multitude des objets présentés méritent le détour. Sur près de 5.000 m2, il faut compter au moins 4h de visite pour sillonner dans sa totalité ce musée qui a nécessité huit années de recherches documentaires pour voir le jour.

 

 

 

Si vous souhaitez prolonger votre expérience dans la même thématique, rendez-vous à quelques kilomètres au Nord de Gdańsk, à WestterPlatz. C’est sur cette presqu’île de la mer Baltique, le 1er septembre 1939, que le cuirassé Schleswig Holstein et plusieurs milliers d’allemands ont attaqué la petite garnison polonaise de 182 hommes. Cette bataille, qui a duré sept jours, marque le début de la Seconde Guerre mondiale. Sur place, vous découvrirez le bâtiment éventré par la Waffen-SS et des vestiges du conflit. Vers la mer, un immense monument aux morts haut de 25 mètres laisse apparaître une inscription en énorme lettres: «Plus jamais la guerre».

 

 

Chaque drapeau, sept au total, représente un jour où l’armée polonaise a résisté aux Allemands pendant la bataille de Westterplatz – Photo Kevin Figuier, France 3 Occitanie

« Plus jamais la guerre » – Photo Kevin Figuier, France 3 Occitanie

 

 

Ville d’histoire, de commerces et d’architecture; Gdańsk est également la «ville de la liberté» qui a développé une conscience politique dès les années 1970. Inauguré en 2014, le Centre européen de solidarité (Europejskie Centrum Solidarności) retrace les différents mouvements sociaux et sociétales qui ont germé dans les chantiers navals et permis l’émergence du syndicat indépendant Solidarność. Parmi les figures de proues du mouvement syndicaliste, Anna Walentynowicz et Lech Wałęsa qui amorceront, dès 1980, la fin progressive du communisme autoritaire en Europe de l’Est et le besoin d’indépendance de la Pologne. Ce musée est une véritable réussite, tant sur la scénographie que sur les contenus à la fois multimédia et interactif. Il témoigne des faits victorieux et sombres d’une Pologne dépitée à l’image de cette répression sanguinaire de 1970 téléguidée par le régime en place avec l’aide de la milice. Pendant une des manifestations, des grévistes ont été interpellés, interrogés, torturés et exécutés de manière sommaire dans la nuit glaciale d’un mois de décembre. Tous protestaient contre l’inflation brutale des prix des denrées alimentaires. Des représailles qui ont fait plus de mille blessés et au moins quarante-deux morts. Veste transpercée de Ludwik Piernicki (20 ans quand il est assassiné), tableaux des 21 revendications qui permettront de sceller les accords de Gdańsk, c’est presque 1.800 objets et souvenirs qui sont exposés au Centre européen de solidarité. Ce musée mérite réellement d’y consacrer plus d’une demi-journée d’autant plus qu’il est possible de se restaurer ou de s’accorder un moment de repos.

 

 

 

 

À l’instar de Gdańsk, Gdynia est une ville portuaire où vous retrouverez des grues de chantiers navals. Créée en 1920 sur l’emplacement d’un ancien village, ses activités maritimes restent traditionnelles avec principalement l’exportation de charbon, de bois vers les pays scandinaves mais aussi, plus rare, de disposer d’une rizerie mais encore d’un entrepôt frigorifique qui «était le second plus grand au monde». Onze années plus tard, plusieurs bâtiments de ces immenses entrepôts s’aménagent en une gare maritime. C’est à partir de Gdynia que les Polonais partent pour émigrer dans le monde entier. Les dernières statistiques estiment qu’environ douze millions de Polonais ont quitté leur terre natale. Beaucoup partaient pour les États-Unis et aujourd’hui encore leur implantation dans la ville de Chicago se chiffre à 1,2 million, soit la plus importante concentration de Polonais après Varsovie. Cette histoire de l’émigration a sa place dans un musée et se trouve là où autrefois les expatriés embarquaient pour le paquebot. On y découvre, entre autres, un parcours sur plusieurs salles thématisées où le visiteur suit la traversée d’une famille polonaise (fictive) partie s’installer en Amérique. Également dans la visite, on retrouve les grands noms de l’histoire du Pays avec des documents et objets rares qu’il faut découvrir par vos propres yeux. En bref, un musée que nous vous conseillons vivement pour la qualité de son contenu exposé.

 

 

 

 

Le Deauville polonais

Après les sorties culturelles, accordez-vous quelques longueurs dans l’eau de Sopot. Située à 20 minutes en voiture de Gdańsk, vous découvrirez la «Deauville» polonaise miraculeusement préservées des bombardements de la Seconde Guerre mondiale. Avec ses immenses manoirs et somptueuses villas et ses rues atypiques comme celle des héros de Monte Cassino (Bohaterów Monte Cassino), la commune balnéaire fait rêver les curieux. Avec sa jetée de 512 mètres, la structure en bois est la plus longue d’Europe. Vous pourrez aérer vos poumons grâce aux vents marins iodés et voir les plus beaux bateaux amarrés (accès payant). A Sopot également, vous pouvez faire de la thalassothérapie dans le Centre balnéaire dédié. Un équipement installé à l’initiative du fondateur de la ville et médecin français Jean Haffner. Et comme toutes les villes balnéaires, les animations ne s’arrêtent pas au coucher du soleil. La vie nocturne vous permet de vous rendre en boite ou encore de trouver le bar avec l’ambiance musicale qui vous conviendra.

 

 

Le centre balnéaire inventé par le médecin français Haffner – Photo Kevin Figuier, France 3 Occitanie

 

 

La visite de Gdańsk, Gdynia et de Sopot ne serait pas complète si vous ne faîtes pas une halte à Malbork. Si vous aimez les forteresses, celle-ci est titanesque. Deux fois plus grande (21 hectares) que la cité médiévale de Carcassonne, le château de Malbork —en trois parties— dépasse tous les superlatifs. Imposant, détaillé et restauré, l’ancien palais des chevaliers de l’Ordre Teutoniques de style gothique brique a nécessité plus de 150 années de construction pour achever ce chef-d’œuvre de l’architecture défensive et résidentielle. On ne compte pas les multiples herses, les différents ponts-levis et les 5 portes fortifiées pour accéder, ne serait-ce, dans les parties privées du grand-maître de l’Ordre. A l’intérieur, environ 500 personnes travaillaient jour et nuit pour faire vivre cette immense forteresse. Inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1997, il faudrait une journée entière pour visiter le site hors-norme de Malbork.

 

 

A plusieurs dizaines de mètres du sol, il ne fallait absolument pas -au sens propre- tomber au fond du trou – Photo Kevin Figuier, France 3 Occitanie

Et oui, au moyen-âge on essuyait son postérieur avec des feuilles de choux. – Photo Kevin Figuier, France 3 Occitanie

 

 

Na zdrowie !

Surnommées Trojmiasto («Tricité»), les trois sœurs Gdańsk, Gdynia et Sopot sont véritablement complémentaires et offrent en été un climat ensoleillé et des températures raisonnablement douces. La vie en Pologne est trois fois moins chères qu’en France ainsi avec 1€ vous aurez en équivalent de monnaie locale: 4,32 zł. Aussi, nous vous conseillons d’aller dans bureau de change (kantors) polonais pour convertir vos euros contre des złoty.

La Pologne est le pays de la vodka. Cette dernière, plus elle est distillée mieux elle est. Contrairement à la vodka que l’on peut boire en France, l’alcool polonais ne provoque pas du tout de grimace dès la première gorgée. Au contraire, elle est très agréable au gout et, nous l’avons testé, ne provoque pas la gueule de bois dans la condition où elle n’est pas consommée en excès. Il y a des vodka pour tous les gouts et les budgets. Aromatisée ou non, trois ou quatre distillations, pomme de terre bio, … l’une des meilleures est celle de la marque Chopin. Une belle découverte gustative mais qui a un certain prix. Vous pourrez en ramener en France dans la limite des 10 litres par personne.

 

Où manger?

Gdańsk:

Le Corrèze, bar à cocktails et restaurant.
Si vous avez encore besoin d’un moment de transition entre la cuisine française et polonaise, le Corrèze est le bon endroit pour déguster des mets typiquement locaux comme en entrée la soupe de poisson. Ambiance branchée et déco contemporaine.
Le Corrèze, Stara Stocznia 2/7, 80-862 Gdańsk
-> Carte complète (en anglais).

Le Browar PG4, pub et brasserie.
Tout près de la gare de Gdańsk, vous pourrez boire l’une des nombreuses brassées sur place. Et si votre ventre crie famine, vous pourrez toujours manger un morceau. Attention, le lieu est un peu bruyant mais le décorum de la parfaite brasserie y est.
Le Browar PG4, Podwale Grodzkie 4, 80-895 Gdańsk
-> Carte complète (en anglais).

 

Gdynia:

Le Sztuczka, restaurant gastronomique.
Avec ses trois toques au Gault&Millau (2017), le chef aux fourneaux et le dirigeant de ce restaurant mérite le détour. Situé dans un lieu insoupçonné au milieu d’un quartier populaire, cette table gastronomique est un petit régal pour les papilles. Avec des produits frais, de saison, locaux, les plats du pays sont modernisés avec délicatesse, couleurs et sans prétention.
Le Sztuczka, Antoniego Abrahama 40, 81-395 Gdynia
-> Carte complète (en anglais).

 

Sopot:

Le Projekt 36, bar et restaurant.
Dans un manoir au style baroque, l’établissement est à la fois hôtel, bar et restaurant. Au menu, des saveurs aux mélanges improbables mais un cadre idéal qui sent bon les vacances estivales.
Le Projekt 36, à la villa Antonina, Obrońców Westerplatte 36A, 81-706
-> Carte complète (en anglais).

 

Malbork:

Le Gothic restaurant et café.
Au cœur de la forteresse, mangez dans un cadre moyenâgeux et dégustez les différents pains typiques polonais. Viandes, poissons, soupes, … il y a le choix et dans les assiettes c’est bon! Le restaurant compte deux toques au Gault&Millau.
Le Gothic restaurant et café, Starościńska 1, 82-200 Malbork
-> Carte complète (en anglais).

 

Où dormir?

A Gdansk, l’hôtel de la chaine française Mercure est une valeur sûre, économique et qui offre depuis les chambres un panoramique sur la ville portuaire.
Mercure Gdańsk Stare Miasto. Au Jana Heweliusza 22, 80-890 Gdańsk

Par Kevin Figuier et A.S.