C’est un tournoi de football aussi réputé pour sa convivialité que pour son niveau de jeu, ce qui n’est pas si fréquent. Le Tournoi Sans Frontière de Sens, dans l’Yonne, a été créé en 1994, pour réunir les meilleurs ados du pays sur trois jours. Depuis, au fil des années, le rendez-vous est devenu incontournable pour les clubs français, et quelques grands noms du foot européen. Pour la 20ème édition qui se prépare (du 29 au 31 mars prochain), 20 équipes prestigieuses U14 s’affronteront, sous les yeux de nombreux recruteurs. Il paraît même que celui du Barça sera là. Mais non ? Mais si.
Pour bien situer le niveau, un constat : plus d’une centaine de joueurs professionnels ont participé au Tournoi Sans Frontière de Sens, quand ils étaient plus jeunes. Parmi eux, Amalfitano, Benzema, Chantôme, Gonalons, Matuidi, Rémy, Valbuena, Toulalan, Sakho, Planus, Obraniak, Ben Arfa, Flamini… Et on en passe. Pour l’édition 2013, vingt clubs sont inscrits (dont le PSG, l’OM, Lyon, Lille, le DFCO, l’AJA, Nancy mais aussi Leverkusen et Tokyo, premier club asiatique à participer).
Le tirage au sort a eu lieu le 5 mars dernier à l’hôtel de ville de Sens, en présence du maire Daniel Paris, de Marie-Louise Fort, député de l’Yonne, mais aussi de deux anciens arbitres internationaux : Bruno Derrien et Joël Quiniou. Voici les groupes :
Groupe A : Saint-Etienne, Nantes, Nancy, Genève
Groupe B : Lyon, Toulouse, Entente Yonne Nord, Prague
Groupe C : Lille, Bordeaux, Auxerre, Tokyo
Groupe D : Paris, Rennes, Dijon, Bayer Leverkusen
Groupe E : Marseille, Sochaux, Troyes, Anderlecht
Ci-dessous, lisez comment les organisateurs racontent la génèse et l’historique de ce tournoi pas comme les autres.
La naissance du tournoi
« Ce tournoi est une affaire de dingues. Il doit sa naissance à la nostalgie et au refus de l’injustice sociale. Yanick Lepeu – que tous les Sénonais connaissent bien, puisque c’est la voix de Radio Stolliahc, la radio locale – et Raphaël Raymond (journaliste à L’Equipe) sont animés par une volonté commune, qui consiste à faire revivre à Sens, un tournoi international de football. L’un et l’autre savaient ce que le Tim’s, le Tournoi International Minines de Sens, mort quatre ans plus tôt à la suite d’une longue agonie, a représenté pour tous les adolescents de Sens et du Sénonais. Dirigeants au club de quartier de Sens-Chaillots, les deux compères ont également constaté que les gamins dont ils ont la charge ne sont invités nulle part. Qu’à cela ne tienne : puisque personne ne veut les accueillir, ils accueilleront les plus grands. »
Le projet prend forme
« A l’automne 1993, le projet TSF prend forme. Yanick Lepeu et Raphaël Raymond rassemblent une petite armée d’utopistes à leurs côtés. Les premières réunions ont lieu dans les locaux de Radio Stolliahc. Elles durent des heures. On rit, beaucoup. On rêve, énormément. On s’inquiète, aussi. Les dossiers sont partis dans les clubs pros et les premières réponses donnent le vertige. Le Stade Malherbe de Caen est le premier à accepter d’envoyer une équipe à Sens. Metz, Strasbourg, Marseille, Nantes et les Girondins de Bordeaux vont suivre. »
Lyon, le Raja Casablanca, Karlsruhe, l’Ajax Amsterdam, Manchester United ont foulé les pelouses sénonaises !
Une première réussie
« Le plateau est de très haute tenue. L’organisation devra être à la hauteur. Les trente bénévoles ne vont pas avoir le temps de chômer. Ils vont compenser leur inexpérience par une générosité de tous les instants. Bien sûr, il y aura quelques couacs. Mais tous les clubs invités, bluffés par le remarquable état d’esprit qui a régné à Sens pendant le week-end promettent de revenir. Bordeaux inscrit son nom au palmarès en battant les redoutables néerlandais de Breda en finale. Les gamins des Chaillots et du FC Sens en ont pris plein les mirettes. Le coup d’essai a été un coup de maître. Les cravates confectionnées aux couleurs du TSF – bleu vert et jaune – serviront à nouveau. Il y aura un second TSF. »
Les plus grands clubs et les plus grands joueurs au rendez-vous
« Les années vont passer et le souffle du TSF va réchauffer les frisquets week-ends de Pâques à Sens. En France mais aussi en Europe ou en Afrique, le TSF va s’imposer comme un rendez-vous incontournable pour les clubs les plus prestigieux. Lyon, le Raja Casablanca, Karlsruhe, l’Ajax Amsterdam, Manchester United vont fouler les pelouses sénonaises pour le plus grand plaisir d’un public toujours plus nombreux. Les jeunes joueurs de 12 ans présents à Sens affichent une maturité tactique assez incroyable. »
L’organisation se professionnalise
« Le nombre de bénévoles va doubler puis tripler. Le TSF a une cote d’enfer à Sens. Toutes les associations sportives ont bien compris que cette manifestation mettait en avant la ville et permettait à ses gamins de rêver. Compte tenu de son poids, le TSF va alors devoir voler de ses propres ailes. En 2003, des statuts sont déposés en préfecture. L’association TSF-Tournoi Sans Frontière devient une association à part entière. Lors de sa première édition, le TSF avait été organisé avec un budget de 50 000 francs environ. C’est désormais la même somme, mais en euros, qu’il faut réunir pour joindre les deux bouts. Certaines années ont été difficiles, sur ce plan. Après avoir remis les finances à flot, André Hennard décide, en 2005, de passer la main à Denis Fillion, à la présidence de l’association. Le comité d’organisation rassemble plus de cent bénévoles. Il est géré par un Conseil d’administration de 17 membres. »