Samedi 9 février 2013, les handballeurs dijonnais ont écarté Mulhouse (30-27) de leur route vers la remontée en LNH, prenant ainsi la 2e place du classement derrière Nîmes. Malgré les blessures qui s’enchaînent, le club assume sur le terrain son ambition de retrouver l’élite du handball français, deux ans après l’avoir quittée. Mais le DBHB a-t-il vraiment les moyens d’évoluer en LNH à long terme, compte tenu de la concurrence farouche des autres sports collectifs de haut niveau à Dijon ? La question méritait d’être posée. Sports Bourgogne s’en est chargé.
Sportivement, tout va bien au DBHB. L’équipe tourne à plein régime depuis deux mois (5 victoires pour une seule défaite en ProD2), et le dernier succès face à Mulhouse (30-27) permet au club de se hisser, seul, à la deuxième place du championnat, derrière Nîmes. Forcément, après ce joli coup, le président Thierry Desserey savoure… Voici sa réaction à chaud, après la victoire :
Même si la saison est encore longue et semée d’embûches, avec 8 matches à jouer (dont deux déplacements très délicats à Massy et Nîmes), les Dijonnais ont envoyé un message clair : il faudra compter sur eux cette année encore dans la lutte pour l’accession à la LNH. Rien n’est acquis, mais dans l’hypothèse optimiste où le DBHB gagnerait son retour en élite, le club aurait-il cette fois les moyens d’y évoluer de manière pérenne ? Pas sûr.
Un budget trop serré
Quand Dijon est remonté en LNH, en 2009, le club renouait avec enthousiasme avec son glorieux passé, retrouvant le plus haut niveau après 23 ans d’absence. Le budget d’alors était déjà serré, 1,7 million d’euros, mais la dynamique de groupe et l’euphorie de la montée avaient permis au club de se maintenir avec brio, en terminant à la 10e place du classement. Un véritable exploit.
Car pour la saison suivante, même si Dijon affichait l’ambition de jouer la 6e place, l’entraîneur Denis Lathoud pressentait les difficultés à venir dans le dossier de presse de présentation de l’équipe : « financièrement, non, le club n’a pas les moyens de viser la 6e place, il faut être lucide. Il nous faudrait un budget de 2,5 millions d’euros pour ça. Mais il faut être ambitieux. A moi d’amener mes joueurs vers ce niveau, avec les moyens que l’on me donne. Aux dirigeants de travailler pour avoir à terme un budget européen. » Quelques mois plus tard, la poisse (plusieurs défaites d’un petit but) cumulée à un effectif trop court avait cruellement changé la donne… Le DBHB finissant relégué, au bout du compte.
Le président d’alors, Christian Roy, analyse aujourd’hui cette désillusion, avec le recul : « cette saison-là, nous avions joué de malchance et l’effectif était trop juste. Notre budget, pourtant augmenté à 2 millions d’euros, ne nous avait pas permis de nous renforcer quand nous en avions besoin… Et pourtant, c’était déjà un sacré casse-tête pour arriver à boucler un budget honorable. »
« Les collectivités nous avaient soutenu (le Grand Dijon avait doublé sa subvention quand nous étions monté en LNH) mais dans une proportion qui restait moindre que pour la plupart des autres clubs. Au final, ça n’avait pas suffi. »
« Si c’est pour ne pas avoir les moyens de gagner un seul match, comme Billère, ça ne sert à rien de monter en LNH ! »
Depuis, Thierry Desserey a succédé à Christian Roy à la présidence du DBHB. Cette saison, le budget s’élève à un million d’euros, très correct pour la Pro D2. Si Dijon remonte, il faudra au minimum ajouter 400.000 euros (budget minimum autorisé par la LNH), mais dans les faits, il en faudra bien plus pour espérer se maintenir en élite. « Avec 2 millions d’euros en LNH, tu joues le maintien, reprend Christian Roy. Il faut toujours faire le maximum pour évoluer au plus haut niveau, mais si c’est pour ne pas avoir les moyens d’y être compétitif, ou même de gagner le moindre match comme Billère cette saison, ça ne sert à rien ! »
Qu’en pense le prési’ actuel, alors ? S’il remonte en LNH, le DBHB aura-t-il les moyens de faire mieux qu’il y a deux ans, ou pas ? Voici sa réponse : « si nous parvenons à remonter sportivement, on ira. Ca ne me fait pas peur. Déjà parce que, contrairement à Billère, nous avons l’expérience de la LNH. Et lors de nos dernières saisons en élite, nous nous étions beaucoup mieux comportés que Billère cette saison (actuel dernier de LNH, sans la moindre victoire). Nous étions redescendus sur un concours de circonstances. »
« Si on réussit à remonter sportivement, on ira. Ca ne me fait pas peur, nous avons l’expérience du haut niveau. »
« Et concernant le budget, nous avons déjà augmenté de 40% notre partenariat privé par rapport à l’année dernière. Ce qu’il faudrait, si on remonte, c’est que les collectivités nous suivent. Le Conseil Général nous donnait 180.000 euros en LNH, et seulement 50.000 euros en Pro D2. La Région aussi a divisé par deux sa subvention depuis notre relégation. On sait bien que le contexte général est à l’économie, mais nous aurons besoin des collectivités pour bâtir un budget entre 1,5 et 2 millions d’euros, pour viser le maintien. Enfin, nous avons un entraîneur de haut niveau, Denis Lathoud, qui connaît bien la LNH. Avec lui, et en faisant un recrutement intelligent, nous pourrons nous maintenir. D’autant que la tendance des salaires sera à la baisse, 30 à 40% de moins, dans les années qui viennent. Donc non, si le DBHB remonte, ce ne sera pas pour faire comme Billère ! »
Evidemment, le président Desserey sait qu la lutte sera âpre avant de gagner son billet pour la LNH. Mais si cela arrivait en fin de saison, ni le calvaire de Billère, ni la multiplication d’équipes sportives de haut niveau à Dijon, ne semblent l’inquiéter. Pour lui, chacun aura sa place. Nous ne demandons qu’à pouvoir le vérifier, dès la saison prochaine.