« Les Eurocks sans pluie, c’est pas vraiment les Eurocks ! » On a entendu cette phrase une bonne centaine de fois hier soir, mais très étonnamment, la pluie, on s’en serait bien passé. Heureusement nos oreilles, elles, ont pris une bonne douche de bon son.
L’heure du Loup
19h : Première claque de la soirée, Reignwolf. Le chanteur canadien, premier du week-end à passer sur la grande scène, envoie son punk-blues comme les rugissements d’un animal sauvage. Selon Rolling Stone, c’est « l’un des 10 artistes que vous vous devez de connaître ».
L’heure d’un petit cocktail
21h30 : Metronomy. Si vous avez l’habitude d’écouter de la musique qui utilise plus de 3 accords, passez votre chemin. L’electro-pop minimaliste du groupe anglais (qu’on a entendu dans certaines pubs) donne envie de sautiller en sirotant un petit cocktail bien sucré, mais pas beaucoup plus. Parfait pour la bande-son d’une soirée en boîte de nuit, mais pas de grand intérêt de les voir sur scène.
De loin, on pouvait entendre sur la scène de la plage The Daptone Super Soul Revue, et ça, ça donnait vraiment envie de se trémousser. Un beau plongeon dans les 60’s avec des chanteurs inspirés de la Motown comme Charles Bradley, un « James Brown » en costume moulant à paillettes rouge… un délice.
L’heure de danser
22h30 : On quitte la scène de la plage avec regret, mais c’est bientôt le début du concert de Stromae. On s’engage dans le flot d’hommes-sac poubelles qui déferlent devant la grande scène. C’est LE concert que les 30 000 festivaliers du jour sont venus voir. Pas moyen d’avancer plus loin que le niveau de la régie, la foule est compacte. Le premier morceau démarre, toutes les filles autour de nous deviennent hystériques et se mettent à couvrir la voix du chanteur belge en chantant (faux). Mais ça, on s’y attendait un peu.
Il y a tellement de monde que les enfants ont été parqués autour de la régie dans un enclos fermé. Il y a tellement de monde que Stromae lui-même demande aux premiers rangs de se calmer un peu. Il y a tellement de monde qu’on ne voit pas grand-chose, à part un bout de l’écran géant. (Merci à l’AFP pour les photos !)
Mais quel spectacle ! Est-il encore besoin d’encenser Stromae, de vanter ses qualités de showman ? Une bête de scène, qui se donne à fond, « chambre » un peu le public, établit une vraie connexion. Il change de tenue presque à chaque morceau, on se retrouve plongé dans l’univers des clips, grâce aux effets scéniques vidéos et lumières époustouflants.
Et tout le monde danse, saute, lève les bras, danse encore. « Alors on danse » dit sa chanson, le contrat est rempli, c’est exactement ce que la totalité du public a fait hier soir.
L’heure de la nostalgie
1h : Noir Désir. Euh non, pardon, Detroit. Bertrand Cantat a souffert, souffre encore et le fait bien comprendre à tout l’auditoire. S’il y avait un terme pour désigner quelqu’un qui serait plus qu’écorché vif, ce terme s’appliquerait à Cantat.
Les quatre premiers morceaux, chargés d’émotion, langoureux, ne réchauffent pas vraiment l’atmosphère glacée qui se dégage du public (moins dense que pour Stromae, par ailleurs…). Jusqu’à Lazy, morceau ultra-connu de l’album ultra-connu de Noir Dés’ 666.667 Club. Là, le public commence à s’y reconnaître. C’est d’ailleurs à partir de ce moment là que Cantat interagit enfin avec son public.
S’enchaînent alors nouvelles compos de Detroit et reprises réarrangées de Noir Désir. Quand même, il réussit à bien faire hurler les grattes, Bertrand. Avec un Tostaky final qui fait du bien aux nostalgiques de la grande époque. Comment ne pas l’être, d’ailleurs ? Avec Detroit, on a le goût, l’odeur, mais pas vraiment l’énergie qui animait Noir Dés’.
La phrase de la soirée : « Il danse vachement moins bien que Stromae, Cantat.«