« Mais ils viennent d’où ? Ils sont anglais ou américains ? » Dans les gradins de Micropolis hier soir, ceux qui les voyaient pour la première fois avaient du mal à croire que les musiciens présents sur scène étaient… de Dole, dans le Jura. Voilà 7 ans maintenant que les membres de PULSE dédient leur talent à la gloire de Pink Floyd (groupe de rock psychédélique dont l’album « The Dark Side of the Moon » est l’un des trois disques les plus vendus de tous les temps).
11 membres, tous excellents musiciens multi-instrumentistes, composent le groupe Pulse, créé par son bassiste, Dominique Basson : « Pink Floyd, c’est avant tout une passion. Cela faisait 30 ans que je jouais dans les bals, j’ai eu envie de faire quelque chose qui me fasse vraiment plaisir. J’ai un carnet d’adresse bien rempli sur la région doloise, je me suis donc entouré de passionnés comme moi. La condition pour rentrer dans le groupe, c’est d’aimer Pink Floyd !»
Las Vegas à Besançon
C’est vrai qu’on aurait pu s’y méprendre : nous, public, avons assisté à un show presque digne de Las Vegas. Des effets de lumières et de vidéos impressionnants, des arrangements chiadés, des voix bien travaillées, et… l’Orchestre philharmonique de Prague en accompagnement, tout de même. Tout était parfaitement orchestré pour nous plonger au cœur de l’univers des Floyd dès le premier morceau.
Si certains titres auraient mérité d’être un peu plus « costauds » (notamment « The Great Gig In the Sky » – pas de paroles, tout dans l’émotion, ce morceau doit être véritablement « habité » par l’interprète – là c’était… un petit peu frileux), l’ensemble du set choisi par le groupe fonctionne à merveille et on prend vraiment plaisir à chanter avec eux « Wish you Were Here », « Us and Them », « Time », « Money » ou « Comfortably Numb ».
« C’est une musique cool, planante, qui emmène sur une autre planète. On essaye de reprendre dans les moindres détails ce qui faisait de Pink Floyd un grand groupe. Toutes les époques sont représentées dans le choix de la set list, on ne se cantonne pas à un ou deux albums, mais on essaye de taper partout dans ce répertoire extrêmement fourni. Evidemment, nous jouons les « tubes » pour emmener le public avec nous, et d’autres morceaux moins connus pour se faire plaisir aussi ! »
Une autre brique dans le Mur
Une prise de risque surprenante cependant : l’adaptation en français de certains morceaux. Ce qui pourrait leur donner des idées d’enregistrement d’album : « Si les gens veulent écouter du Pink Floyd à la maison, et bien ils vont acheter les disques initiaux. Là où l’on peut créer l’originalité, c’est dans l’adaptation en français des chansons. Aucun groupe tribute to Pink Floyd n’a jamais fait ça.»
Bon, j’avoue, ça m’a un peu manqué de ne pas hurler « Hey ! Teacher ! Leave them kids alone ! » sur « Another Brick in The Wall », mais les paroles en français ne détournent pas le sujet de la chanson, l’émotion initiale reste intacte. Et puis il faut porter cela au crédit des PULSE, ils y mettent leur touche personnelle.
« L’effet d’un boeing au décollage »
La présence du philharmonique donne une dimension incroyable au spectacle : « L’effet d’un boeing 747 au décollage ! » me dira Max, le chanteur, à la fin du concert. Et quand on sait qu’ils n’ont répété tous ensemble que quelques heures avant d’entrer en scène, tout ce que l’on peut faire, c’est siffler d’admiration et rester totalement baba devant ce qu’ils ont donné au public ce soir-là.
Autre sifflet d’admiration pour Lucas, 16 ans à peine, guitariste soliste qui a intégré le groupe il y a 1 an seulement et qui… ne connaissait absolument pas Pink Floyd ! David Gilmour (guitariste des Floyd à partir de 67) lui-même aurait été conquis. « J’ai dû travailler un peu plus que les autres qui eux, ont été bercés à la musique Pink Floyd. Moi je n’avais aucune référence, j’ai bossé les morceaux comme des compos originales ! »
Traverser le temps et faire revivre les émotions
Fin du concert. Standing ovation et hurlements de joie. Deux rappels. Le public (moyenne d’âge 50 ans) a eu ce qu’il attendait : les émois et souvenirs de sa jeunesse. Les concerts « tribute to » permettent cela, faire revivre les idoles, les époques, les émotions. La bonne musique est éternelle, traverse le temps et les générations, en voici encore une preuve. Heureux les fous-furieux qui décident un jour de ne pas laisser les légendes s’éteindre, plus heureux encore le public qui ne verra probablement jamais plus ses idoles, et qui peut en retrouver ici la substantifique moelle.
Prochaines dates :
– Le 14 février 2014 au Manège de Braque à Dole, repas-concert de Saint-Valentin.
– Le 10 mars 2014 à Prague avec l’orchestre philharmonique