11 Fév

Les lacs d’altitude, ces « sentinelles » de l’environnement

En novembre dernier, les membres du réseau « Lacs sentinelles » se sont réunis au séminaire annuel de Bourg-d’Oisans (Isère). L’occasion d’échanges entre chercheurs, gestionnaires d’espaces protégés et des milieux aquatiques concernés par ces lacs d’altitude. 

© Capture film "Lacs sentinelles " de Claude Andrieux (Nomade prod)

© Capture film « Lacs sentinelles  » de Claude Andrieux (Nomade prod)

En raison de leur position dans le paysage, les lacs d’altitude jouent souvent un rôle de vigie. Ils sont « les témoins » des bouleversements de la biodiversité, du changement climatique ou encore de l’impact des pollutions. Du Nord au Sud des Alpes et jusqu’en Corse, les observateurs de ces « lacs sentinelles » réalisent des suivis et des études. Et ne manquent pas d’exemples. 

Prenons le cas de La Muzelle, dans le Parc National des Ecrins. En 2008, les scientifiques ont commencé à s’intéresser à ce lac glaciaire situé à 2.105 m. Sous l’eau, ils se sont alors aperçus que la vie disparaissait peu à peu. 

Marie-Elodie Perga, biologiste à l’INRA, explique: « Depuis 15 ans, c’est un lac qu’on appelle « dysfonctionnel », c’est à dire que c’est un lac qui a un fonctionnement extrêmement perturbé avec peu de production de poissons, avec une désoxygénation. On se demande comment un lac, qui peut paraître aussi beau, peut être aussi peu fonctionnel quand on gratte un peu toutes les données scientifiques. »

Reportage Céline Aubert et Dominique Semet


Les lacs d’altitude « perturbés »

Le lac d’altitude, un puits de science

« Ces lacs sont intéressants à suivre car ils enregistrent tout ce qui se fait dans l’atmosphère », justifie Carole Birck, Coordinatrice scientifique d’ASTERS, « mais aussi toutes les pratiques autour, que ce soit la pêche, le pastoralisme… notamment via l’eau qu’on peut analyser ou encore les sédiments au fond des lacs qui représentent des archives de l’environnement. »

Ce rendez-vous annuel du réseau « Lacs sentinelles » ne prend pas uniquement la forme d’un séminaire, une balade en montagne est aussi au programme dans le Parc des Ecrins.

A l’occasion des Rencontres « Montagne & Sciences », qui se déroulent en parallèle en Isère, des chercheurs viendront aussi présenter leur travail au foyer municipal de Bourg-d’Oisans ce mardi 10 novembre. 

30 Sep

Des PCB dans le lac de la Muzelle

Même les lacs d’altitude du Parc national des Ecrins sont touchés par les PCB !

Avec l’opération « lacs sentinelles », les gardes du parc et des scientifiques étudient de près certains lacs afin de mieux comprendre leur évolution par rapport au réchauffement climatique et à la pollution.

Une barque est héloportée près du lac de la Muzelle pour permettre aux scientifiques de mener une étude sur les PCB

Comment les PCB arrivent-ils dans un lac d’altitude?

Depuis plusieurs années, trois laboratoires mènent une étude sur la présence de PCB dans deux lacs d’altitude du Parc national des Ecrins : le lac de la Muzelle (2110 mètres d’altitude) et le lac de Plan Vianney (2250 mètres d’altitude).
Des géologues, des chimistes et des biologistes effectuent régulièrement à pied trois à quatre heures de marche pour réaliser leurs analyses auprès des poissons, du plancton, des sédiments et bien sûr de l’eau de ces deux sites pilotes. On sait aujourd’hui que c’est l’atmosphère qui sert de vecteur de transport.

Mystère

Mais pourquoi trouve-t-on moins de traces de PCB dans les eaux de la Muzelle que dans celles de Plan Vianney ? Les deux lacs sont pourtant similaires, avec une altitude proche et le même éloignement de grands centres urbains.

Les scientifiques n’ont pas encore de réponse à cette interrogation, mais sont catégoriques sur le fait que la contamination  ne représente pas un problème sanitaire : la quantité de PCB chez les poissons du lac de la Muzelle est située dix fois sous la norme… On peut les manger sans problème !