07 Juin

Haute-Savoie: quand la montagne glisse ou s’effondre

Ces derniers mois, les glissements de terrain se sont multipliés dans les Alpes, particulièrement en Haute-Savoie. La succession d’épisodes pluvieux fait partie des explications à ces phénomènes naturels d’érosion, mais la gestion de l’eau a aussi beaucoup changé.  

Saint-Sigismond le 21 avril 2016

Saint-Sigismond le 21 avril 2016

En cette fin mai, la météo se fait plus souriante, mais avec les pluies diluviennes qui se sont abattues sur les Alpes en plusieurs épisodes, éboulements et glissements de terrain menacent toujours les pentes. C’est le cas à Saint-Sigismond où les habitants d’un hameau sont inquiets.

Les situations à risques sont surveillées de près par les experts du RTM, le service de Restauration des Terrains en Montagne. Rémy Martin, ingénieur au RTM, explique: « L’élément principal ça reste l’eau. Elle est dans les sols. Mais pour qu’elle s’accumule ainsi il faut un certain temps, et ce n’est pas forcément l’eau tombée aujourd’hui qui déclenche un glissement de terrain, ce sont plusieurs épisodes plus ou moins longs ou un enneigement particulier. »

Mieux comprendre

Stabiliser ces éboulements est impossible. En revanche, il est possible de les étudier pour mieux les comprendre et limiter l’impact sur les populations. On sait aujourd’hui que les séismes jouent un rôle non négligeable, mais l’activité humaine y est également pour beaucoup, elle a façonné le paysage souvent contre la nature. 

Enfin, la gestion de l’eau a beaucoup changé en montagne. Autrefois, les agriculteurs s’en chargeaient, l’eau était notamment maîtrisée grâce au drainage. 

Reportage d’Ingrid Pernet Duparc et Serge Worreth 


Glissements de terrain en Haute-Savoie

Le Mont Granier se comporte « comme un volcan »

Après la façade Ouest en janvier, de nouveaux éboulements se sont produits côté Est fin avril 2016. Le Mont Granier, aux confins de l’Isère et de la Savoie, est en constant mouvement. Comme un volcan, après une phase de sommeil, il entre en activité.

© Jean-Christophe Pain / France 3 Alpes

Il y a 4 mois, 120.000 m3 de roche se détachaient du Mont Granier dans un fracas épouvantable. Un éboulement qui laissait des traces : une immense saignée de 20 mètres de large sur 200 mètres de haut bien visible depuis la petite commune d’Entremont-le-Vieux.

Ces derniers jours, trois nouveaux éboulements importants se sont produits. Cette fois, c’est la façade Est qui a été impactée. Dans la nuit du jeudi 28 au vendredi 29 avril, dans la soirée de vendredi et de nouveau samedi matin. A chaque fois, environ 10.000 m3 de roches se sont détachés de la montagne, selon les premières estimations effectuées d’après les relevés du réseau Sismalp, et les travaux du labo Isterre Grenoble.

« On est dans une période d’instabilité massive »

Fabien Hobléa enseignant-chercheur au CNRS à l’Université de Savoie compare le Mont Granier à un volcan :  » La face nord du Granier est tout le temps active. Il n’y a pas un jour sans qu’un bloc se détache. C’est comme un volcan en activité qui émet toujours des fumerolles. Ca n’empêche pas les gens de visiter de temps en temps. Et il y a des périodes d’éruption. Et là, on est dans une période d’instabilité massive liée aux conditions climatiques essentiellement. »

Les mêmes causes produisent les mêmes effets

A chaque fois, ce sont les aléas climatiques qui fragilisent la montagne. La pluie s’infiltre dans les fissures, quand il fait froid l’eau gèle et fait pression sur la paroi, et au moment du dégel, la roche s’effrite.

Cette activité n’est pas une nouveauté. Le Mont Granier est en mouvement constant et donc très surveillé. Mais si, depuis 20 ans, cette activité restait très limitée (quelques éboulis, de faible ampleur, le plus souvent stoppés par la forêt ou les reliefs naturels), ces derniers mois, la montagne semble bouger davantage.

Les scientifiques vont donc étudier de près ces mouvements grâce notamment à des « fissuromètres », installés à l’intérieur de la montagne qui permetteront de savoir si les mouvements externes trahissent des mouvements internes. Quand le temps le permettra, des géologues experts du RTM (Restauration des Terrains de Montagne) survoleront également la zone.

Reportage de Jean-Christophe Pain, Dominique Bourget et Jean-Jacques Picca

Après les éboulements du Mont Granier

30 Sep

La Flore de Haute-Savoie s’adapte apparemment au réchauffement climatique

A l’heure de l’augmentation des températures, quelques plantes ont bel et bien commencé à voyager. Certaines ont « migré » du Sud de la France et trouvent désormais dans les Alpes du Nord les conditions idéales à leur développement.

Denis Jordan, botaniste © France 3 Alpes
© France 3 Alpes Denis Jordan, botaniste

Reportage vidéo. Denis Jordan est un botaniste de Haute-Savoie qui a des herbiers grands comme le monde qui l’entoure. Sa collection comporte 10.000 plantes. Et sa collecte ne s’achève jamais. Le passionné découvre ainsi de nouvelles têtes pointer dans les clairières. Le réchauffement climatique y est sûrement pour beaucoup.

© France 3 Alpes

Prenons le cas du Crépis fétide. « Il y a 20-30 ans en arrière, on le trouvait dans 2-3 localités du département », explique le botaniste, « aujourd’hui, je ne peux pas dire qu’il est devenu banal mais il est beaucoup plus fréquent. »

© Photo extraite de "La flore rare ou menacée de Haute-Savoie", Naturalia Publications

Si les températures en hausse ont fait apparaître de nouvelles espèces, elles en ont « chassé » d’autres. « Si ça continue comme ça, la Laiche des Tourbières qui a vraiment besoin du froid pour se développer est amenée à disparaître à mon avis », ajoute Denis Jordan.

 

Reportage François Guais et Vincent Habran

RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE : LA FLORE

Intervenant : Denis Jordan, botaniste naturaliste, Association ASTERS – Images: « La flore rare ou menacée de Haute-Savoie », Naturalia Publications

Denis Jordan a sorti un atlas de « La flore rare ou menacée de Haute-Savoie » qui regroupe 395 espèces. Autant dire une bible pour les amoureux de la nature ou les amateurs de randonnées. On peut se procurer l’ouvrage chez Naturalia Publications.

10 Juin

Ouverture de la pêche dans les lacs de montagne

Les lacs de montagne sont ouverts à la pêche depuis ce samedi 1er juin. Contrairement à la pêche en plaine, les lacs d’altitude sont interdits à cette pratique la moitié de l’année et, le reste du temps, les gardes pêche sont à pied d’oeuvre pour contrôler les prises.

Reportage. Lac de Chevril, en Savoie, à 1800 m d’altitude. Le jour d’ouverture de la pêche a toujours un petit parfum particulier pour les amateurs, mais ce samedi aux premières heures, il fallait aussi compter sur les gardes pêches, eux aussi de sortie pour s’assurer que les règles soient respectées.

Permis en bonne et due forme, quantité de poisson dans le panier, matériel utilisé, contenu du sac, tout est vérifié. Les règles sont strictes, un quota est fixé pour chaque pêcheur, pour permettre à tous d’en profiter. Ici, la truite et l’omble ne sont pas présents naturellement mais introduits chaque année à l’automne. Les réserves sont donc limitées.