21 Fév

« Mon régiment a surtout souffert des terribles mitrailleuses … un shrapnell m’a frisé » à Vauquois

 Ce 21 février 1915, Jules Mortreux est sous le feu des mitrailleuses allemandes. Son régiment – le 76è Régiment d’Infanterie –  7è Compagnie – secteur 10 – affronte l’ennemi dans une des plus importantes batailles de la guerre 14-18 … la bataille de Vauquois en Lorraine.

Dans sa précédente correspondance de guerre, Jules annonçait déjà un mouvement offensif important. « Ca va barder »

Le massif forestier de l’Argonne, hautement stratégique pour les états-majors français et allemands, se révèle très meurtrier.

 Dans cette lettre envoyée à Béthune à son oncle Fernand Bar, Jules Mortreux écrit qu’il a échappé de peu à la mort au cours d’une attaque … entre « combat d’infanterie et attaque d’artillerie »

 Mon régiment a surtout souffert des terribles mitrailleuses, placées sur les positions de choix, qu’occupent, comme tu le sais, les Boches dans la région accidentée et boisée, de l’Argonne.

Jules Mortreux

Jules Mortreux

Fernand Bar

Fernand Bar

 Lettre de Jules Mortreux à Fernand Bar, le 21 février 1915
 « Et Pierre » … Encore une fois, Jules Mortreux demande des nouvelles de Pierre. Cela fait des semaines que Jules reste sans nouvelles de son jeune frère sur le front en Alsace. Lettre après lettre, l’inquiétude se lit dans ses correspondances de guerre.

 

Et pourtant … la famille et son autre frère Léon Mortreux savent maintenant que Pierre a été tué à la bataille de Steinbach le 4 janvier 1915. Mais Jules ne le sait pas. La famille ne lui dit pas. Sans doute pour l’épargner de cette terrible nouvelle.

Correspondance de guerre, il y a cent ans …


76è Régiment d’Infanterie – 7è Compagnie – Secteur 10.

Courcelles/Meuse – 21 février 1915

Mon cher Oncle,

Je suis de garde aujourd’hui à l’entrée du village en question où mon régiment cantonne momentanément après avoir souffert de sa participation à l’attaque de Vauquois durant la journée du 17.

Ce fut chaud et le combat d’infanterie ayant été précédé d’une attaque d’artillerie j’ai vu ce que c’était qu’un arrosage français et ensuite, de plus près, la réponse allemande, qui nous gratifia à foison ; bien qu’un shrapnell m’ait frisé, il n’en reste aucune trace, et l’essentiel est que nous nous soyons toujours là.

Mon régiment a surtout souffert des terribles mitrailleuses, placées sur les positions de choix, qu’occupent, comme tu le sais, les Boches dans la région accidentée et boisée, de l’Argonne.

Ce sera dur, très dur et coûteux de les en déloger. Enfin, prenons patience.

Malheureusement nous avons avec ça un temps épouvantable, pluies continuelles, et boue. Dans les tranchées où heureusement nous ne sommes restés que peu de temps, il y a de la boue liquide jusqu’au ventre. Ce fut encore contre nous, dans cette malheureuse journée, où les Boches n’eurent qu’à nous attendre à l’assaut, et nous canarder.

Vivement un peu de sec. Ce qu’il y a de miraculeux est que mes rhumatismes, malgré une fatigue extrême et la baignade perpétuelle, ne se plaignent pas. Homéopathie !

De tout cœur je t’embrasse avec espoir.

Jules

Et Pierre ?

Bonjour à Marie.