21 Fév

« La journée mémorable » de Jules Mortreux dans l’attaque de Vauquois

« Quelle dégelée d’obus, de combats d’infanterie et d’artillerie … » dans cette seconde lettre datée du 21 février 1915, Jules Mortreux raconte « sa journée mémorable » du 17 février dans l’attaque de Vauquois, en Lorraine.

Jules Mortreux profite de sa journée de garde au cantonnement à Courcelles sur Meuse pour écrire à son frère Léon Mortreux à Fontainebleau après la lettre à son oncle Fernand Bar à Béthune.

Dans cette correspondance de guerre, Jules raconte la violence des combats terriblement meurtriers. Son régiment a été reçu par les mitrailleuses allemandes solidement installées sur le haut de la crête de Vauquois.

Anglophile même dans ses lettres, Jules décrit en quelques mots d’anglais le terrible bilan.

What a slaughter, for my regiment only it is more than five hundred casualties

« Quel massacre, pour mon seul régiment c’est plus de cinq cents morts »

Ce 17 janvier 1915, Jules Mortreux et son régiment n’ont pas pû entrer dans le village de Vauquois.

Pour les armées allemandes et françaises, le village de Vauquois est un point hautement stratégique. La butte culmine à 300 mètres, un véritable observatoire sur toute la région à l’Est de l’Argonne, sur les voies de communication entre Reims et Verdun.

Jules Mortreux

Jules Mortreux

Léon Mortreux

Léon Mortreux

Lettre de Jules Mortreux à Léon Mortreux, le 21 février 1915

Dans cette lettre Jules Mortreux est surpris que son frère Léon reparte déjà sur le front. Blessé lors de la bataille de la Marne dès septembre 1914, Léon Mortreux a été soigné pendant 3 mois à Vimoutiers.

 

bon courage pour cette nouvelle campagne, car elle n’a rien de semblable, avec ces maudites tranchées, avec la lutte du début où il fallait cavaler sans cesse, ce qui était certainement préférable.

 Correspondance de guerre, il y a cent ans …

Jules212
Jules-21

Courcelles-Meuse – 21.2.1915                 

76è Régiment d’Infanterie – 7è Compagnie – secteur 10

Mon cher Léon,

J’ai eu ta carte lettre au moment où je quittais le cantonnement de Ville-sur-Coutances pour me rendre au combat d’attaque de Vauquois lequel eut lieu le 17 instant.

Ce fut une journée mémorable, quelle dégelée d’obus, combat d’artillerie et d’infanterie combinés. Malheureusement nous avons été reçus à l’assaut par les terribles mitrailleuses Boches, et nous n’avons pu entrer dans le village.

What a slaughter, for my regiment only it is more than five hundred casualties, et avec ça toujours un temps épouvantable, et dans les tranchées de la boue liquide jusqu’au ventre.

J’ai été très surpris de savoir que tu devais déjà repartir, il n’en est pas de même dans tous les dépôts. Il est vrai que le 46 et le 246 ont énormément souffert.

Enfin bon courage pour cette nouvelle campagne, car elle n’a rien de semblable, avec ces maudites tranchées, avec la lutte du début où il fallait cavaler sans cesse, ce qui était certainement préférable.

Mets moi un mot à ton départ.

De tout cœur avec toi, Toujours.

Jules

Je reçois ce soir ta lettre du 18. Te répondrai incessamment.