31 Jan

Paris : « la pluie récente de bombes de Zeppelin » Léon Mortreux

Dans cette correspondance de guerre de Léon Mortreux datée du 31 janvier 1916, une petite phrase fait référence à un événement majeur de janvier 1916. Le sergent Léon Mortreux évoque Paris bombardé par un Zeppelin allemand.

Léon a écrit à son père et sa soeur, installés à Paris.

J’écris à Papa et Berthe qui ont dû être très émus par la pluie récente de bombes de Zeppelin.

Heureusement, son père Georges Mortreux et sa soeur Berthe n’ont pas été touchés par les bombes allemandes mais l’attaque a fait de nombreuses victimes et traumatisé les parisiens.

Le bombardement a eu lieu le 29 janvier 1916.

Ce samedi 29 janvier un Zeppelin allemand lâche une vingtaine de bombes sur Paris. Le bilan est lourd. 26 morts et 38 blessés dans les quartiers de Belleville et Ménilmontant dans le 20ème.

Paris-janvier-1916

bombe APK lors bombardement Paris en 1916 par Zeppelin (magazine 14-18 n° 43 – collection Patrice Delhomme)

Ce bombardement a surpris Paris. L’attaque allemande a montré que la capitale n’est pas à l’abri. Qu’elle peut être durement touchée par l’ennemi.

Les bombes de Zeppelin de janvier 1916 ont tragiquement rappelé aux parisiens que la guerre est toute proche même si les soldats français se battent dans les tranchées à une centaine de kilomètres de Paris.

Rappel à la réalité du moment ?

Lors de ses permissions et visites à Paris, Léon s’étonnait parfois du détachement voire de l’insouciance de parisiens, comme si le pays n’était pas en guerre.

D’ailleurs, dans une lettre précédente Léon Mortreux laissait paraître son amertume à l’égard des « parisiens et journalistes qui voient la guerre de loin.

Léon Mortreux

Léon Mortreux

Fernand Bar

Fernand Bar

Lettre de Léon Mortreux à Fernand Bar, envoyée le 31 janvier 1916

A Béthune, la famille reste épargnée par les obus de l’armée allemande à une quinzaine de kilomètres des tranchées et des attaques allemandes à la grenade dans le secteur de Lens.

J’espère qu’à Béthune avions et canons Boches vous oublient.

Correspondance de guerre il y a cent ans …

Leon1
Leon2

Fontainebleau
31 janvier

26è Compagnie
46è Infanterie

Cher Oncle,

Ces deux mots pour te demander de tes nouvelles et te dire que je suis bien portant.

Nous sommes tenus très strictement ici mais enfin, c’est la guerre il importe plus que jamais que l’énergie et la discipline priment tout.

Depuis le jour de l’an, je n’ai pas eu de permission et n’ai pu par conséquent aller chercher les guêtres que tu as eu la bonté de tailler de déposer pour moi à la maison.

Je te dirai ultérieurement comment elles me vont et dès aujourd’hui te remercie vivement pour ce cadeau. 

J’écris à Papa et Berthe qui ont dû être très émus par la pluie récente de bombes de Zeppelin.

J’espère qu’à Béthune avions et canons Boches vous oublient.

Il y a quelque temps que je n’ai pas eu de nouvelles des parents. Je dois même écrire à mon oncle Paul pour lui donner mon impression sur les bleus. Je puis dire qu’ils paraissent plus forts que ceux de la Classe 16.

Je crois qu’ils feront de bons soldats, en tout cas, on prend toutes les précautions pour qu’ils le deviennent. Et de quels soins, ne les entoure-t-on pas ! On dirait presque des enfants à l’école maternelle.

Espérant te lire bientôt, reçois cher Oncle, mes plus affectueux baisers.

Ton neveu reconnaissant
Léon

Souvenir à Marie-Jeanne