Il aura fallu 8 jours pour que la famille apprenne « la fatale nouvelle ». Léon Mortreux a été tué le 12 septembre 1916 dans la bataille de la Somme.
Une semaine plus tard, le 20 septembre 1916, Berthe, la soeur de Léon, reçoit à son domicile à Paris la terrible lettre annonçant la mort de Léon.
Effondrée, elle court rejoindre son père Georges Mortreux. La famille est « anéantie ». Léon Mortreux est mort sur le front à Leforest dans la Somme.
Cette lettre a été envoyée par un des soldats qui combattait sous les ordres de Léon Mortreux.
j’ai la douleur de vous apprendre la mort glorieuse de votre fils Léon Mortreux sergent au 3ème Régiment Mixte de Zouaves Tirailleurs le 12 septembre 1916. Moi, j’étais son Caporal.
Pierre, Jules, aujourd’hui Léon. En un an, Georges Mortreux perd ses 3 fils.
Pourtant quelques jours avant …
Georges Mortreux avait reçu une lettre de son fils Léon.
La lettre de Léon Mortreux datée du matin du 12 septembre 1916, témoignait de la violence des bombardements dans le secteur de Leforest.
Elle témoignait aussi du moral et de l’état d’esprit de Léon Mortreux à quelques heures de sa mort.
Si je fais encore partie de ce monde, j’espère bien être hors de cet enfer sous 3 ou 4 jours.
Déjà dans sa lettre du 12 septembre 1916, Léon Mortreux s’attendait au pire.
Léon ne donnait pas de détails, par crainte de censure militaire. Entre les lignes, on comprend que les combats étaient très violents. Ce matin du 12 septembre, Léon écrit : « le bombardement est sans merci » dans le secteur de Leforest
Après cette très violente et sanglante bataille de Leforest, Léon espérait obtenir une permission à l’approche des fêtes de la Toussaint.
Léon Mortreux est mort dans « l’enfer » de la Bataille de la Somme.
Lettre envoyée le 20 septembre 1916 par Georges Mortreux à Fernand Bar
« Nous espérons que les obus ont cessé de pleuvoir sur Béthune …. Berthe et moi t’embrassons avec l’immense douleur que comporte le triste événement. »
Paris, 20 septembre 1916
Mon cher Fernand,
Nous sommes anéantis.
En entrant le soir du Ministère es Finances où elle est réintégrée, Berthe a trouvé trois lettres.
L’une d’elles portait le cachet du secteur de Léon, mais l’enveloppe n’était pas de sa main.
Toute tremblante, elle l’a ouverte et a lu ce qui suit :
Aux Armées !
Monsieur Mortreux
J’ai la douleur de vous apprendre la mort glorieuse de votre fils Léon Mortreux sergent au 3ème Régiment Mixte de Zouaves Tirailleurs le 12 septembre 1916. Moi, j’étais son Caporal.
J’ai fait le nécessaire pour lui et suis en possession de ses papiers et de quelqu’argent qu’il avait sur lui que je tiens à vous envoyer aussitôt que je serai au repos dans quelques jours.
Veuillez agréer, Monsieur, …
Sergent Yves
3è Mixte Tirailleurs Zouaves
1ère Compagnie Mitrailleuses Canon 37 secteur 68Berthe qui me savait au petit bureau de poste y courant effarée, la scène de désespoir qui s’est passée a été on ne peut plus pénible. Tu le vois ?
Quelques jours avant, nous avions reçu un mot de Léon daté du 12, jour de son décès. En voici la teneur :
Cher Papa,
Rien de changé, toujours le bombardement sans merci.
Je suis un peu fatigué mais les nerfs sont solides.
Si je fais encore partie de ce monde, j’espère bien être hors de cet enfer sous 3 ou 4 jours.
As-tu fait ta commande à ton ami Leforest ?
Tu dois être très affairé en raison de l’approche des fêtes de la Toussaint.
Peut-être obtiendrai-je permission à cette époque !
Quel temps avez-vous à Paris, ici il pleut un peu, pourvu que cela n’empire pas !
Je t’écris protégé par une simple épaisseur de planche, car ici il n’y a plus de cagnats.
J’appuie le papier sur le plat de mon ceinturon pour crayonner.
A tous deux bons baisers
Léon
(La commande dont il parte était pour indiquer que l’endroit où il se trouvait dans la Somme était Leforest)
Je ne sais comment m’y prendre pour avertir Flore ( une des soeurs de Léon) et il faut bien pourtant que je le fasse.
J’écris à la Supérieure de L’Hay en lui demandant de nous envoyer les petites samedi pour leur faire part de la fatale nouvelle. Berthe les reconduira lundi et reprendra le lendemain son travail au Ministère. En ce moment, la voilà obligée de s’occuper de vêtements de deuil à nouveau …
Que te dire de plus sur cet épouvantable sujet ! Nous espérons que les obus ont cessé de pleuvoir sur Béthune et que tout danger est écarté de ce côté.
Berthe et moi t’embrassons avec l’immense douleur que comporte le triste événement.
G.Mortreux
Cette lettre confirme que Léon Mortreux a bien été tué le 12 septembre 1916 et non pas le 13 septembre 1916 comme indiqué sur sa tombe à la Nécropole Nationale de Maurepas dans la Somme.