Toujours aussi exigeant, Jean-Marc Grangier et son équipe viennent de dévoiler le contenu de ce que sera la prochaine saison de la Comédie de Clermont-Ferrand. Toujours soucieux d’attirer le public tout en lui proposant des spectacles exigeants et artistiquement engagés, Jean-Marc Grangier fait de la Comédie l’un des lieux de création et de diffusion les plus intéressants de France.
Et puis surtout, Jean-Marc Grangier a l’art d’expliquer ses choix et c’est sûrement pour cette raison que les deux soirées de présentation attirent chacune près de 2500 spectateurs, sans doute le taux de remplissage le plus important de la saison. La dernière a sans doute été bien faîte et bien vendue par le directeur artistique de la Comédie puisqu’elle a réuni 49 119 spectateurs dont 26,60% d’abonnés en plus. Comme quoi le public est aussi exigeant que Jean-Marc Grangier. D’ailleurs les partenaires financiers lui font confiance, qu’ils soient publics ou privés, chacun paye le prix fort pour que l’exigence du maître de cérémonie demeure à la hauteur des années précédentes.
Cette année pourtant, Jean-marc Grangier semble s’être surpassé pour attirer certains des metteurs en scènes les plus enthousiasmants du moment. Et les plus grands: je dis ça parce qu’il a quand même calé Peter Brook entre Pascal Rambert et Richard Brunel. Peter Brook: 90 ans cette année, environ 70 ans de carrière et un nouveau spectacle mis en scène en compagnie de Marie-Hélène Estienne qui nous promet un voyage réjouissant dans les méandres du cerveau. Pascal Rambert déboule de son côté avec un spectacle dont on a beaucoup parlé dans la presse spécialisée ou pas et qui met en scène la Répétition (c’est le titre) d’une pièce de théâtre. Sur scène, quatre comédiens dont deux, Emmanuelle Béart et Stanislas Nordey, presque chez eux à Clermont-Ferrand, sont réunis dans une salle de répétition pour écouter celui d’entre eux, Denis (interprété par Denis Podalydès) qui a écrit une biographie de Staline. Troublante Répétition où les acteurs jouent des personnages qui portent leur prénom et qui plaident pour un théâtre engagé.
Quant à Richard Brunel, il met en scène Vanessa Van Durme dans un texte dont elle est l’auteure et qui conte la relation d’une mère et de sa fille (qui est née garçon), leurs souvenirs communs qui s’effacent peu à peu quand la mémoire se fait la belle. Avant que j’oublie risque d’être l’un des spectacles les plus poignants de cette nouvelle saison. Richard Brunel reviendra trois mois plus tard à Clermont-Ferrand. pour mettre en scène Roberto Zucco de Koltès avec Pio Marmaï dans le rôle de l’un des tueurs les plus romanesques des années 1980.
Enfin un autre grand nom du théâtre contemporain vient s’ajouter à la liste des metteurs en scène qui semblent apprécier l’accueil du public clermontois, c’est Krystof Warlikowski. Le metteur en scène polonais était déjà venu à Clermont-Ferrand créer La Fin en 2011 et s’il revient cette année, c’est pour montrer sa Recherche du temps perdu et ses Phèdre(s). La pièce intitulée Les Français s’inspirent donc du chef d’oeuvre de Marcel Proust et si Phèdre est écrit au pluriel, c’est parce que la pièce réunit plusieurs textes classiques et contemporains autour de la figure du personnage mythologique. Pour cette deuxième pièce, Krystof Warlikowski travaillera avec Isabelle Huppert.
La saison accueillera aussi le Cirque Plume, Jean-Claude Galotta, Carolyn Carlson, la nouvelle collaboration de Prejlocaj et Laurent Mauvignier ou encore la saison 1 de la série théâtrale de Robert Cantarella Notre Faust.
Présentation de la saison 2015-2016 de la Comédie de Clermont-Ferrand – Un reportage de Richard Beaune, Bruno Lebret, Cédric Munro et Brice Ordas – Intervenants: Jean-Marc Grangier – Parties dansées réalisée par Josette Baïz et la Compagnie Grenade