Un bouffon sans bosse mais grimé en Charlot : c’est ainsi que le Centre Lyrique d’Auvergne a choisi de présenter le Rigoletto de Verdi.
Deux heures et demie, c’est deux heures et demie et pas trente-cinq ! Est-ce que tous les chanteurs sont là ?
L’opéra-théâtre de Clermont est en pleine effervescence. Un peu plus d’un an après sa renaissance, le bâtiment accueille sa première création lyrique avec une distribution internationale et une tournée prévue pour les trois ans à venir.
La première est le 14 janvier. Les répétitions s’accélèrent… tout le monde s’affaire et avec la caméra, la perche et nos questions, notre équipe se sent un peu comme un chien dans un jeu de quilles. Attention le cameraman ! Aïe, une toile peinte a frôlé Richard…
Les décors, la lumière se mettent en place. D’un calme olympien, Véronique la créatrice lumière peaufine ses réglages avec le sourire : tous les après-midi, tous les soirs on répète et tous les matins je modifie… . Le décorateur est plus tendu, il installe les fonds du premier acte, la répétition approche et moi aussi avec mon micro : je peux vous répondre après ? là je suis un peu stressé…
Pas de problème Frank, et plus tard, effectivement il nous parle gentiment de ses contraintes : on va passer dans des salles très différentes, on arrive dans une ville et on a trois heures max pour tout mettre en place. Il faut un décor signifiant mais aussi très simple.
Les chanteurs se mettent dans la peau des personnages. Scène, loges et couloirs résonnent de vocalises. Rigoletto essaie son costume : le pantalon large et le gilet serré d’une dégaine universelle. Lars Fosser est à l’aise en Charlot mais ça coince avec la moustache, faut-il la coller ? la dessiner ?
ça va me gêner pour chanter et puis ça démange… maquillée, elle va couler avec la transpiration… Mais Pierre Thirion-Vallet, le metteur en scène y tient : il l’a intégrée à la mise en scène, Rigoletto doit arracher sa moustache à l’acte trois, tomber le masque !
Conciliante, la maquilleuse la coupe et la recoupe, ça va mieux, Rigoletto va tenter une répétition avec moustache.
Essayage de Juliette de Banes qui joue Maddalena. Richard à la caméra ébloui par son décolleté fait valser le diaph. Juliette tourne sur elle-même, elle adore sa robe, mais pas ses bottes, elle tangue sur ses talons : la chaussure est importante, je dois être stable dans mon corps en chantant.
Elle va donc répéter en jean avec les bottes et vérifier qu’elle peut monter les escaliers et surtout séduire le Duc de Mantoue avec son jeu de jambes. Si oui, les bottes seront adoptées !
Avec tout ça, l’orchestre n’est pas encore arrivé. Les répétitions se déroulent avec piano seul sous la direction d’Amaury du Closel, le chef d’orchestre et directeur d’Opéra Nomade, coproducteur de Rigoletto avec le Centre lyrique Clermont-Auvergne. Six heures de répétitions par jour, ça use mais ça rassure aussi : les chanteurs ont une courte semaine pour s’habituer aux lumières, aux costumes, aux décors et se mettre dans la peau des personnages.
La première c’est donc le 14 janvier à l’Opéra Théâtre de Clermont ensuite Rigoletto va partir sur les routes pour deux ou trois années de tournée à travers la France et l’Europe et comme le dit Pierre Thirion-Vallet : maturer comme un vin qui vieillit bien.
Avec Richard Beaune et Damien Salmon on a suivi les dernières étapes jusqu’à la générale. Mardi 13, mercredi 14 et jeudi 15 janvier grâce au montage créatif de Didier Robert on vous fait partager sur France 3 Auvergne une série de trois épisodes qui relatent l’ambiance de ces derniers jours de travail jusqu’à l’aboutissement, le spectacle enfin terminé !