Longtemps les musiciens clermontois ont chanté en anglais, sans doute pour mieux rejoindre le reste du monde duquel on peut avoir l’impression d’être coupé quand on habite la capitale auvergnate. Et puis un jour, on s’en fout d’être loin des autres tant on est bien chez soi et on se dit qu’il n’y a rien de mieux qu’un environnement familier pour créer. Du coup, à l’image de François-Régis Croisier, beaucoup de Saint-Augustine étanchent aujourd’hui leur soif d’écrire des chansons en s’abreuvant du nourrissant lait de la langue maternelle.
Le Cap sur un volcan qui se mua en continent
Si l’on fait confiance à la poésie, Pain Noir est né d’un rêve, celui de deux mots tatoués sur des mains auxquelles le chanteur semble, tour à tour craintif et apaisé, vouloir se confier. Il est en tout cas question d’un monde nouveau et d’un autre perdu dans ce recueil de charmantes babioles grises. Le gris dont on farde nos pensées pour se laisser tranquillement aller à la mélancolie, le gris qu’on regarde tout simplement par la fenêtre. Avec ses neufs chansons ouatées, Pain Noir parvient à nous envelopper dans une mélancolie confortable, nous transporte sur son île et nous coupe de tout. Car de l’île, les bruits nous semblaient moins forts, comme si nos âmes et nos corps nous avaient coupés de tout. La musique bienveillante de FRC à laquelle semble avoir participé je ne sais dans quelle mesure Zacharie Boisseau (Zach Laughed) coule dans nos têtes comme un vin délicat viendrait réchauffer nos gosiers et éloigne si bien, le bruit.