29 Mai

Jacques Molénat, un regard sans concession sur la politique locale

Le journaliste montpelliérain fidèle au centre-ville © Romain Berchet

Le journaliste montpelliérain fidèle au centre-ville © Romain Berchet

Discret et l’oeil aiguisé, Jacques Molénat a fait toute sa carrière de journaliste en Languedoc-Roussillon. A 74 ans, il dresse le portrait de 54 décideurs publics de la région.

« Les hommes politiques m’intéressent humainement pour savoir comment est-ce qu’ils exercent le pouvoir. » Jacques Molénat est un as pour décortiquer les arcanes du pouvoir. Une fascination ? Non. Sa technique, la discrétion. Un atout lorsque l’on approche le monde politique : « Il faut être à la fois proche pour obtenir des informations et assez éloigné pour les mettre à distance », précise le journaliste. Un homme de l’ombre allergique au journalisme de « mise en scène ». Tous les grands de la région sont passés sous la plume de Jacques Molénat.

cache_15399704Le journaliste dresse le portrait de 54 personnalités politiques dans son dernier ouvrage « Notables, trublions et filous » paru aux éditions Chabot du Lez. De Georges Frêche à Hélène Mandroux, anciens maires de Montpellier en passant par Robert Ménard, actuel maire de Béziers. Le livre découle de ses notes, archives, documents collectés pendant des années sur le terrain comme journaliste politique.

« Frêche m’impressionnait mais je voyais aussi son côté manipulateur, autoritaire voire dictateur. J’ai toujours essayé d’être lucide face à cette situation », explique Jacques Molénat.

Le poids des mots, le choc des images

Jacques Molénat découvre sa passion pour le journalisme en lisant Paris Match. Aveyronnais de naissance, le journaliste « dévore la presse ». Tout petit déjà, il ne rêve que d’une chose : « Devenir chef d’agence à Midi Libre ». Une passion qu’il ne tarde pas à concrétiser. A 18 ans, il intègre l’Ecole de commerce de Montpellier et lance le journal d’école Mercurion en référence au dieu des voyageurs et des brigands. Nouvelle création quatre ans plus tard en Licence d’économie. Jacques Molénat et quelques amis donnent naissance à Actuelles. Un autre journal étudiant. « La ligne éditoriale très simple. Aucune actualité locale à proprement parlé. Par exemple, un ami revenait du Brésil et racontait dans nos colonnes son expérience », s’amuse l’auteur. Ses études terminées, il décroche son premier emploi salarié. Un poste de journaliste au Paysan du Midi. Une expérience mitigée : « Je suis resté un an. Mon travail consistait à faire des compte rendu d’assemblées. » La carrière de Jacques Molénat prend un nouveau départ en 1966, il intègre la rédaction de Midi Libre.  » J’ai eu la chance de travailler au sein de toutes les agences de la région. Ça tombait bien j’étais célibataire », se souvient le journaliste. L’arrivée au quotidien régional ne rime pas avec consécration.

« J’ai appris tout ce qu’il ne fallait pas faire dans ce métier. C’est-à-dire être servile auprès des notables de la région », précise le journaliste.

L’Express, une expérience fondatrice

« Mon premier job vraiment intéressant ». L’Express lui ouvre les portes de la correspondance locale à Montpellier et dans l’Hérault. Quelque temps après, l’Express décide de lancer une édition régionale et Jacques Molénat devient responsable de la version Languedoc-Roussillon. Un moment unique dans sa carrière :

« Je me suis profondément éclaté. On avait les coudées franches dans le choix de nos enquêtes. La direction parisienne du journal c’était une réelle chance. Un fonctionnement qui nous évitait une certaine pression politique en local.»

L’aventure durera quatre ans. Jacques Molénat restera par la suite correspondant à Montpellier pour l’Express jusqu’en 1976. En 1981, il devient pigiste free-lance. Les collaborations s’enchaînent : La Croix, Le Quotidien de Paris ou encore Marianne toujours à Montpellier. Le journaliste impose sa marque de correspondant quitte à refuser une carrière nationale. Jacques Molénat n’a jamais voulu rejoindre la rédaction nationale de l’Express. « Je ne voulais pas être noyé dans une équipe », explique-t-il. Une liberté assumée. Une évidence au regard de son parcours.

ROMAIN BERCHET