02 Sep

[#VISA OFF] Ces jeunes photographes allemands cultivent la débrouille

Le travail de huit étudiants en photojournalisme et photographie documentaire de l’université de Hanovre est exposé dans la salle des Libertés, rue Edmond Bartissol, à Perpignan. Ce partenariat franco-allemand existe depuis quatorze ans. Trois d’entre eux nous donnent leur regard sur la profession. Ils ont en commun passion et autonomie.

« Je suis prêt à devenir conducteur de taxi pour survivre »
Tom Gerhardt, 30 ans, étudiant en troisième année

Crédit : Caroline Malczuk

« Ce qui me plaît, c’est de saisir des ambiances. Je ne me vois pas vraiment comme un photojournaliste. Pas encore. Peut-être dans cinq ans. Je ne suis pas le mec qui va passer plusieurs mois quelque part, dans des situations folles. J’aime saisir des moments, écouter les histoires. Je me vois plutôt travailler dans des magazines. Ce n’est pas facile de gagner sa vie. Pour gagner de l’argent facilement, je fais des photos de mariage. S’il faut, je suis prêt à devenir serveur ou conducteur de taxi pour survivre. »

Dans son exposition « Motorellos, in the rush of Bygone Days », il s’intéresse à des motards allemands acrobates, qui tournent dans les pays germanophones avec d’anciennes Indian’s, des motos de la police américaines des années 1920. Aucune assurance ne veut les prendre en charge car ils prennent trop de risques.

« Personne ne viendra vous chercher »
Tamina Florentine Zuch, 25 ans, en cinquième année

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« Je fais du photojournalisme parce j’aime voyager. Vous rencontrez les gens dans leur quotidien. Je capte des situations que je n’ai j’amais vécues auparavant. Etre photojournaliste, c’est compliqué. Cela l’a toujours été. Mais j’adore ce que je fais, même si c’est épuisant. Personne ne viendra vous chercher. Pour payer mes reportages, je travaille dans une boulangerie environ six heures par semaine. L’université ne nous aide pas à trouver des stages et nous encourage à vendre notre travail tout seul. J’ai déjà eu des photos de publiées dans Stern, un magazine allemand. Je suis venue à Visa pour rencontrer des directeurs photos de magazines internationaux. »

Avec « Fascinating journeys », on voyage en train du sud de l’Inde aux contreforts de l’Himalaya. Le pays possède le réseau ferré le plus étendu du monde, et transporte 20 millions de passagers par jour. Selon Tamina, le train est idéal pour comprendre la vie locale : « Ils passent tellement de temps ensemble dans un espace très restreint ! »

« Ne pas avoir de moyens, ça rend créatif »
Emile Ducke, 21 ans, en troisième année

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« Le photojournalisme, c’est un ticket pour entrer dans des réalités différentes. Tellement de choses se passent autour de nous. Mes voyages, je les paye moi-même. C’est la situation de tous les jeunes photographes qui démarrent. D’un côté, c’est un peu stupide parce qu’on est étudiant et qu’on n’a déjà pas beaucoup d’argent. Heureusement que mes parents m’aident. D’un autre côté, on est très libre et on trouve d’autres façons de travailler à moindre coût. En logeant chez l’habitant, par exemple. Je trouve que le photojournalisme gagne en qualité. Avoir peu de moyens pousse à être plus créatif. »

Son projet « Transnistraia » rend compte de la situation de cet Etat auto-proclamé (mais non reconnu par la communauté internationale) tout en longueur, situé à l’est de la Moldavie. Officiellement, la Transnistrie fait partie de la République de Moldavie. Mais elle dispose d’un gouvernement, d’une monnaie, d’une administration ainsi que d’une armée. En 2006, 97,1 % de la population s’est exprimée en faveur de l’incorporation à la Fédération de Russie. Zone sous tension, 1400 soldats russes y sont toujours stationnés.

Propos recueillis par Caroline MALCZUK