Marc Goux a promptement répondu au courrier de Nicolas Jachet. Ce membre actif de SOS Loue et rivières comtoises estime que les politiques n’agissent pas là où il faudrait agir en priorité : « Oui les responsables politiques se mobilisent et les intentions sont bonnes, des décisions vont dans le bon sens. Mais une fois de plus de nouvelles études sont décidées et seront utiles à terme mais elles repoussent des décisions très importantes sur des domaines où les éléments sont parfaitement connus, et des corrections sont indispensables à l’inversion des processus de dégradation. Je note qu’aucun élu n’aborde de front la responsabilité du Comté».
Marc Goux soulève la délicate question de la filière Comté , délicate car c’est sur ce point que l’équilibre entre enjeux environnementaux et enjeux économiques est plus difficile à trouver.
C’est aussi un dossier pour lequel les élus ont peu de marge de manoeuvre. D’après Marc Goux, qui au passage reproche aux médias de ne pas relayer ses interventions sur la question, aucun espoir n’est envisageable pour les rivières, malgré tous les investissements qui seront consentis, si les pratiques agricoles des plateaux karstiques ne sont pas totalement repensées. « Le Comté s’engage dans une double impasse agronomique et de critères de sélection de la race montbéliarde qui le condamne à brève échéance à des lendemains très douloureux. L’effondrement de la biodiversité floristique et l’eutrophisation totale des prairies en sont les symptômes profonds.»
C’est vrai que dans les mois qui viennent, l’avenir de la filière comté va être largement débattu car la fin des quotas laitiers est annoncée pour 2015. Dans un récent reportage diffusé dans notre JT de France 3 Franche-Comté, Claude Vermot-Desroches, président du comité interprofessionnel du Comté affirmait qu’il «fallait trouver d’autres marchés pour pouvoir produire plus donc notre ambition est de pouvoir produire ce que le marché est capable d’absorber. Donc c’est le travail des entreprises, des affineurs, des fruitières, c’est tout cela qui permettra de savoir si oui ou non on peut pas produire du lait. Mais si on obéit pas à ces règles là, c’est un risque d’effondrement d’un système qui marche». Donc la production n’augmenterait que si il y a des débouchés… Le monde est vaste et les hommes gourmands !
Selon Marc Goux «Ne pas avoir le courage de poser ce problème publiquement est une faute grave vis-à-vis des obligations de la DCE eau 2015 et vis-à-vis de tous ceux qui veulent garder l’espoir de revoir ces rivières au niveau de leur réputation hélas ancienne. C’est aussi laisser le comté, autre fierté comtoise, s’enfoncer dans ses impasses ».
Lors d’un précédent entretien , Claude Vermot-Desroches me confirmait son engagement pour tenter de sauver la Loue, lui qui a son exploitation à Cademène, tout près de la rivière. Maintenir la bonne santé de la filière Comté tout en diminuant l’impact de la filière sur l’environnement, c’est la quadrature du cercle à résoudre dans les années à venir.
Isabelle Brunnarius