En Bourgogne, il a animé le mercato comme personne. Frédéric Sammaritano a quitté Auxerre début juin 2015 pour s’engager avec Dijon ! Localement, c’est l’équivalent d’un transfert OM-PSG (ok, on exagère un poil). Salué, ou insulté, sur les réseaux sociaux, le milieu offensif assume son choix sereinement, et le bon début de saison du DFCO aurait tendance à lui donner raison. A Auxerre, il a tout connu, tout découvert. Il a été l’un des acteurs majeurs du beau parcours de l’AJA en coupe de France la saison dernière, et a été déçu de la proposition de contrat faite par son club. Pourtant, l’homme est toujours attaché à Auxerre, et le dit, là encore, sans détour. Ce premier derby bourguignon en rouge aura forcément une saveur particulière pour lui. Reportage, et interview.
Sports Bourgogne – Quand vous êtes arrivé à Auxerre en 2010, après 4 saisons à Vannes, c’était le premier gros challenge de votre carrière ?
Frédéric Sammaritano – Oui et quand vous jouez en Ligue 2 et qu’Auxerre vous appelle, vous n’avez pas vraiment le choix ! J’ai évidemment accepté et je me suis retrouvé projeté en Ligue 1 et en Ligue des Champions, c’était incroyable. J’ai pris ça comme une année d’apprentissage, avec cette opportunité exceptionnelle de découvrir le plus haut niveau. Ça a été une superbe aventure pour moi.
Et puis il y a eu ce but que vous marquez dans la victoire contre l’Ajax…
Oui, c’était une ambiance exceptionnelle dans le stade ! Et j’ai eu la chance de marquer ce but, c’était un moment que j’ai vécu avec énormément d’intensité, et qui reste gravé dans ma mémoire.
Vous partez ensuite à Ajaccio pendant deux saisons, avant de revenir à Auxerre. Pourquoi ce retour ?
Au départ je devais aller dans un club belge, mais j’ai été très mal accueilli, et j’ai décidé de ne pas rester. Auxerre me suivait depuis quelques temps, et j’ai décidé de retourner en Ligue 2, ce qui peut paraître peu ambitieux quand vous jouez en Ligue 1 depuis 3 saisons. Mais le projet de retrouver la Ligue 1 rapidement me plaisait. J’ai vécu deux saisons enrichissantes, même si la première se termine par un maintien in extremis, et que la deuxième a été perturbée par ma blessure au tendon d’Achille… Heureusement, il y a eu cette fin de saison en apothéose, avec la finale de coupe de France contre le PSG au stade de France. Malgré la défaite, c’était un grand moment à vivre.
Justement, cette aventure en coupe, elle vous donne des frissons quand vous y repensez ?
Oui, déjà en 1/4 de finale, car c’était mon premier match en tant que titulaire avec l’équipe depuis mon retour de blessure, et je marque le tir au but décisif ! Ensuite il y a Guingamp en demi-finale, avec une ambiance de fou à l’Abbé-Deschamps, en plus quand tu as la chance de marquer le but de la victoire, ça donne une saveur particulière. Enfin, il y a cette finale contre Paris, on ne pouvait pas rêver plus belle finale. Et même si tout le monde nous voyait prendre une valise, qu’on était les seuls à y croire, au final on n’est pas passé très loin de l’exploit…
Après cette magnifique fin de saison, vous imaginiez rester à Auxerre et essayer de surfer sur la bonne dynamique ?
En fait on savait déjà que l’effectif allait être grandement chamboulé. Moi j’étais en fin de contrat, et la première proposition de prolongation qui m’a été faite, c’était seulement pour un an et avec grosse baisse de salaire. Quand on veut vraiment te recruter, on ne propose pas un an… J’ai trouvé ça injuste par rapport à ma fin de saison, et j’ai eu un peu de mal à digérer… Dijon est arrivé à ce moment-là, avec un projet et des mots forts qui m’ont séduit. Ensuite Auxerre a voulu s’aligner sur la proposition de Dijon, mais pour moi quelque chose s’était cassé, et j’ai foncé.
A Dijon, vous avez découvert le club que vous aviez imaginé ?
J’ai tout de suite découvert un club très convivial, comme d’ailleurs à Vannes, Auxerre ou Ajaccio. C’est quelque chose de primordial pour moi, je suis un peu un affectif. Pour que je me sente bien sur le terrain, il faut d’abord que je me sente bien dans le groupe. A Dijon, on a tout de suite vu qu’on avait un potentiel technique fort pour la Ligue 2. Je ne regrette en aucun cas mon choix, car je prends énormément de plaisir dans ce groupe. Le jeu me plait, ça me permet de bien me sentir, un jeu en mouvement où on a la maîtrise du ballon. Par moments, on ne rentre pas bien dans les matchs, en étant un peu suffisants, et ça nous coûte des points. Mais à chaque fois le groupe se remet en question. Depuis 2/3 ans le DFCO n’est pas loin de la montée, mais à chaque fois il y a un grain de sable qui fait que tout s’écroule. Le mot d’ordre est donc de rester humble, sans s’enflammer. J’espère que ça pourra nous emmener le plus haut possible. Personnellement j’essaie d’apporter ma petite expérience, surtout aux plus jeunes, mais je ne suis pas le seul, et le groupe se prend bien en charge.
Ce mardi 1er décembre, c’est le derby. Est-ce qu’il y a un peu d’appréhension avant les retrouvailles avec l’AJA ?
Non il n’y en a pas, mais j’ai très envie d’y être ! Pour le derby, il y a beaucoup d’ambiance, c’est très important pour la Bourgogne. C’est vrai que j’ai coché ce match contre mon ancien club depuis longtemps sur le calendrier, il aura une saveur particulière. Tout le monde dit qu’un derby, ça ne se joue pas, ça se gagne ! Au-delà de ça, il y aura 3 points en jeu et ce sera le principal, car même si j’ai vécu beaucoup de belles choses avec l’AJA, pour moi la page est tournée. Après je serai aussi très content de retrouver mes anciens coéquipiers, et le staff de l’AJA. Je suis toujours en contact avec Pierre Bouby, et on échange beaucoup sur nos clubs respectifs. Je leur souhaite aussi le meilleur et pourquoi pas de monter, si nous on y est également (rires). Honnêtement, Auxerre est un grand club qui a sa place en Ligue 1.
On m’avait dit que je serai un très bon joueur de National, mais pas au-dessus…
On sait que les réactions des supporters ont été nombreuses, suite à votre départ pour Dijon, notamment sur les réseaux sociaux. Ça vous a surpris ?
J’ai eu beaucoup de messages c’est vrai, mais des messages positifs, certains regrettaient mon départ, d’autres étaient contents de ce que j’avais apporté au club. Ça fait chaud au cœur. En fait c’est juste une minorité qui a très mal réagi, et en un sens je peux les comprendre… Ils auraient certainement préféré que j’aille dans un autre club que Dijon. Je peux comprendre leur déception, mais en revanche, quand on me souhaite de me blesser, ou qu’on insulte ma famille, c’est totalement déplacé.
Un mot sur les deux entraîneurs, d’Auxerre et de Dijon. Sont-ils très différents ?
J’ai une très bonne relation avec les deux, et j’espère bien que ça va durer avec Olivier Dall’Oglio (rires). Ils sont effectivement très différents. Jean-Luc Vannuchi est peut-être plus sanguin, c’est un Corse, il est assez hargneux au bord du terrain, mais on échangeait beaucoup. Il a réussi, quand il est arrivé à Auxerre, à nous faire repartir de l’avant et à nous maintenir en Ligue 2. Il a vraiment envie de faire progresser ses joueurs. A Dijon, Olivier a une philosophie de jeu qui me plait beaucoup, et dès nos premiers échanges il m’avait parlé du poste où je me sentais le plus à l’aise, du rôle qu’il souhaitait me donner dans l’équipe. Il est très rigoureux et il aime la discipline, mais il sait aussi rigoler. Il sait mettre tout le monde à l’aise, mais aussi faire en sorte qu’on soit tous concernés.
Si on revient au début de votre carrière, quand le FC Nantes ne vous a pas proposé de contrat professionnel à votre sortie du centre de formation en 2006, est-ce que vous pensez que c’était à cause de votre petit gabarit ?
Mon gabarit m’a forcément desservi à ce moment-là. On m’avait dit à l’époque que je serai « un très bon joueur de National, mais pas au-dessus ». J’ai pris une autre trajectoire, j’ai pas mal bourlingué, en essayant de faire la meilleure carrière possible. Et je crois que j’ai montré, au moins, que je pouvais être un bon footballeur. Ce refus au départ, je pense que ça m’a servi, même si j’avais vécu ça comme un échec et une injustice. A ma sortie du centre de formation, j’estimais (et j’estime toujours) que j’aurais pu être essayé… Après on ne va pas refaire le monde du foot ! Ça m’a permis d’être plus fort mentalement par la suite, et puis peut-être qu’à ce moment-là, je n’avais pas forcément le niveau… Mais si on ne teste pas un joueur, on ne peut pas le savoir.
Quand on vous compare à Mathieu Valbuena, ça vous fait plaisir ou pas ?
Oui bien sûr ! Beaucoup de gens sont perplexes sur son cas, je sais qu’il a l’image d’un joueur truqueur, avec des mauvais côtés… Mais moi, la comparaison me flatte. On a des styles de jeu et un gabarit assez similaires, c’est vrai. Il a toujours été un exemple à suivre, il a réussi une superbe carrière, à Marseille, Lyon et en équipe de France. C’est sûr que j’aurais aimé suivre le même chemin, bon, on va se dire qu’il n’est jamais trop tard (rires)…
Reportage de France 3 Bourgogne (Théo Souman et Yoann Etienne) tourné le 25/11/2015, avec les interviews de Frédéric Sammaritano et Olivier Dall’Oglio (entraîneur du DFCO) :
Rencontre avec Frédéric Sammaritano, avant le derby DFCO-AJA