Le match était important, et les Dijonnais ont été à la hauteur de l’enjeu. Après un début poussif, la JDA a réussi à prendre le dessus sur une très belle équipe de Limoges (81-69), grâce à une défense encore une fois terriblement efficace. La défense dijonnaise, c’est aussi ce qui a fait débat en conférence de presse d’après-match. « Dure » pour Jean-Marc Dupraz, « propre » pour Jean-Louis Borg. Quoi qu’il en soit, la JDA engrange une 14ème victoire sur son parquet qui lui ouvre un peu plus les portes des playoffs.
Dans un premier temps, Dijon a eu un peu peur. Mené 2-11 après quelques minutes, Jean-Louis Borg a du prendre un temps-mort rapide pour recarder des joueurs restés sur le mauvais rythme de vendredi à Nancy (lourde défaite en coupe de France). Ensuite, ça s’est bien arrangé et le public a retrouvé ses guerriers, invaincus (invincibles ?) dans leur palais. La JDA passe pour la première fois en tête à la fin du premier quart, sur un lay-up de TJ Campbell (17-15, 10e minute). Le bras de fer se poursuit, et Andre Harris enchaîne deux shoots de loin qui maintiennent l’écart à la mi-temps (37-35, 20e).
En milieu de 3e période, JK Edwards est sanctionné d’une faute, puis d’une technique, ce qui offre 4 lancers (convertis) aux locaux. Dijon prend un temps 7 points d’avance, mais le CSP ne lâche rien (57-54, 30e). Il faudra une suite d’interceptions concrétisées par des paniers de Dobbins, et un 3 points dans le corner signé Riley, pour que la JDA s’échappe enfin au score, dans le money time. Victoire finale 81 à 69, Dijon reprend en bonus le point-average à son adversaire du soir. Pas négligeable, dans un championnat aussi incertain.
La défense qui fait débat
Une nouvelle fois, Dijon a construit sa victoire en défense. Agressifs, dans le bon sens du terme, les joueurs de la JDA ont provoqué 17 pertes de balle côté CSP, un facteur déterminant. Au four et au moulin, Anthony Dobbins a montré la voie à son équipe avec un précieux double-double (18 points, 10 rebonds) et une activité de tous les instants en défense. Les hommes de Jean-Louis Borg ont su user les Limougeauds, en coupant les lignes de passe, et en résistant à leur énorme impact physique.
« C’est vrai qu’ils jouent dur, on le savait. Quand les 5 joueurs de l’équipe défendent dur, l’arbitre ne peut pas siffler 5 fautes en même temps, il en siffle une de temps en temps, donc forcément ça paye », analysait un brin dépité l’entraîneur du CSP, Jean-Marc Dupraz à l’issue du match. « Je trouve que la faute technique sifflée à Edwards est inutile… Il est frustré, il shoote dans une bouteille en regagnant le banc, il faut comprendre sa frustration et ne pas en rajouter. C’est un tournant du match. » Nobel Boungou-Colo, l’ailier de Limoges, abondait dans son sens, persuadé que Dijon était prenable ce soir : « Le fait que la JDA soit invaincue à domicile ne nous a pas rajouté de pression. On a vu leurs matchs, et ils ont failli perdre plusieurs fois cette saison. Ce soir, Dijon a été aidé par des coups de sifflet, pas nous. C’est forcément frustrant. »
Quand Zach Moss prend la parole, sourire aux lèvres, il revient sur le paradoxe dijonnais cette saison : la JDA règne à domicile, mais ne gagne presque jamais à l’extérieur : « Il faut absolument qu’on gagne un match à l’extérieur maintenant ! Si on en avait gagné simplement un ou deux de plus, on serait seul en tête du championnat ! Je pense que certains joueurs ne sont pas dans le même état d’esprit quand ils jouent à l’extérieur, ils ont peur de prendre des fautes trop rapidement, ils mettent peut-être moins d’intensité… On laisse peut-être aussi plus facilement l’équipe qui reçoit mettre en place son jeu, et sa défense. »
Mais pour Jean-Louis Borg, la question n’est pas là, et le débat autour d’une éventuelle bienveillance des arbitres quand Dijon joue à domicile l’agace au plus haut point : « Quand on joue à l’extérieur, on a moins d’énergie, on a moins de rythme. Ça vient d’abord de notre effectif très resserré, on a du mal à enchaîner. Ce soir, on gagne à 6 ! Et je peux vous dire que les joueurs sont vidés. Donc c’est difficile d’enchaîner à l’extérieur. En plus, c’est vrai qu’il y a le défi pour l’équipe de rester invaincue à domicile, ça joue sur la motivation. Mais je n’accepte pas qu’on sous-entende que Dijon est invaincu à la maison parce que les arbitres ne sifflent pas. Notre défense est dure, certes, mais elle est propre. On n’a pas la meilleure défense du championnat en ne défendant bien qu’à domicile. A l’extérieur peut-être qu’on ne gagne pas mais on défend aussi fort. Je n’accepte pas qu’on manque de respect au travail des joueurs. Ce soir je suis très fier d’eux. Tony était partout, Andre Harris était inhabituellement maladroit mais il met deux tirs très importants, TJ a très bien géré la fin de match, et Riley marque encore un 3 points décisif… Tout le monde a su faire les efforts qu’il fallait. A nous d’essayer maintenant de rééditer ce type de performance à Nanterre samedi prochain. »
Et Borg a raison : ce soir, l’intensité était forte des deux côtés, l’agressivité aussi. La défense de Limoges a longtemps muselé la JDA, avant de céder sur la fin. Mais les Dijonnais ont réussi à préserver leur palais inviolé. Il leur reste désormais un seul match à prendre, contre le leader Strasbourg lundi 28 avril prochain, pour réussir un « grand chelem » inédit à Dijon : gagner les 15 matches de saison régulière sur leur terrain. S’ils y parviennent, les joueurs de Jean-Louis Borg ne seront pas loin du Top 4, et donc de l’avantage du terrain en 1/4 des playoffs. Un avantage ô combien déterminant pour la JDA cette saison…