Sans surprise, c’est bien Jean-Denys Choulet (55 ans) qui a été nommé ce matin nouvel entraîneur de l’Elan Chalon. Libre de tout engagement, celui qui a passé 11 ans en tant que chef d’orchestre de la Chorale de Roanne, la conduisant au titre de champion de France en 2007, fait son retour en France après une expérience au Liban. Le président chalonnais souhaitait un coach « volontariste et charismatique » pour remplacer Mickaël Hay. Avec son expérience, Choulet correspond à ce profil. Cependant, le nouvel entraîneur a du pain sur la planche pour remettre Chalon sur la bonne voie. Voici d’après nous les 5 chantiers qui l’attendent. Voici également sa toute première interview qu’il a accordée chez lui à Roanne, à France 3 Bourgogne.
1. REBOOSTER LE CAPITAINE
L’effectif chalonnais est riche et talentueux, mais aussi composé de joueurs à fort caractère. A commencer bien sûr par le capitaine Steed Tchicamboud. Farouchement attaché au club de ses débuts, rouage essentiel de l’équipe lors du triplé de 2012, le capitaine de l’Elan est aussi capable de dérapages (refus de jouer, menace de quitter le club, conflit avec un coéquipier). Après leur départ du club, Malcolm Delaney et Joffrey Lauvergne ont eu des mots durs à son égard, deux joueurs devenus aujourd’hui dominants en Euroleague. Pour certains, il est l’âme du club, pour d’autres un fauteur de troubles. Son statut à part obligera Jean-Denys Choulet à composer avec toutes les facettes du personnage, dans un seul but : le faire redevenir le chef de bande efficace qu’il était il y a deux ans. Pour le moment, sur le terrain, Steed semblait un peu perdu et très agacé par le jeu de son équipe. L’arrivée d’un coach à poigne peut tout à fait le remobiliser. La réussite de Chalon en dépend.
2. ÉTABLIR UNE HIÉRARCHIE DANS L’EQUIPE
Mickaël Hay voulait impliquer tous les joueurs, du leader au 12e homme sur le banc. Il l’a prouvé très vite en responsabilisant les jeunes Yakuba Ouattara et David Michineau, dès le déplacement à Strasbourg lors de la 2e journée. Ces jeunes joueurs ont beaucoup de talent, mais cette stratégie a peut-être de quoi déstabiliser les cadres de l’équipe, qui doivent emmagasiner de la confiance en début de saison. Jean-Denys Choulet devra sans doute établir une hiérarchie plus claire dans l’équipe, pour permettre aux cadres (américains notamment) de s’affirmer. Choulet a d’ailleurs toujours aimé s’appuyer sur des leaders bien identifiés. A.J. Slaughter et Jon Brockman profiteront sans doute de sa vision des choses. Enfin, Jordan Aboudou a clamé haut et fort son envie de jouer à l’aile. Il a les qualités requises, mais le fait de réclamer des responsabilités a peut-être surpris. Le nouveau coach doit trouver la bonne formule (et les mots justes) pour faire exploser ce joueur qui n’attend que ça.
3. GAGNER POUR RASSURER
Les Chalonnais ont beaucoup gagné ces trois dernières saisons. 4 trophées, une finale européenne et une finale des As perdues. Tchicamboud, Evtimov, JBAM et Aboudou sont les derniers rescapés de ces aventures. Ils ont en eux la culture de la gagne, qui doit constituer la base de la reconstruction de l’équipe. Jean-Denys Choulet devra faire renaître l’attitude de guerriers qui a conduit ces joueurs au sommet. Le meilleur moyen sera bien sûr de gagner des matchs rapidement. Facile à dire. Le premier déplacement samedi à Villeurbanne, actuel dernier du classement, est un défi parfait pour réagir, même si le match s’annonce très compliqué. L’arrivée d’un nouveau coach crée souvent un électrochoc pour les joueurs, qui inconsciemment veulent prouver sur le parquet que le problème ne venait pas d’eux. Une victoire contre l’ASVEL s’avérerait donc essentielle pour faire adhérer l’équipe au projet de Choulet. D’autant que le 9 novembre, pour son premier match au Colisée, c’est le derby bourguignon que le nouvel entraîneur découvrira pour ses premiers pas le long de la touche à domicile. La JDA Dijon est sur une excellente dynamique depuis le début du championnat. Pour Choulet, perdre la suprématie régionale pour sa grande première à la maison, ça ferait tâche.
4. METTRE EN AVANT LA FORMATION
L’Elan Chalon a enchaîné de nombreux succès dans les catégories jeunes. Des titres en Espoirs et Cadets, avec l’émergence de joueurs à fort potentiel. Si tous ne peuvent prétendre à devenir rapidement des joueurs majeurs de l’équipe, certains méritent d’être intégrés pleinement à la rotation. Outre Aboudou, c’est le cas bien sûr du Suisse Clint Capela (19 ans), fantastique à chacune de ses apparitions sur le parquet. Il a parfaitement profité de l’absence de JBAM pour montrer l’impact qu’il peut avoir (rebonds, points, défense). Frustré de ne pas avoir joué la saison dernière malgré quelques performances intéressantes, Capela peut prendre son envol cette année. Enfin, David Michineau (19 ans) s’est montré très solide au relais de Tchicamboud à la mène. En pleine confiance avec l’équipe Espoirs, il mérite lui aussi de continuer à jouer avec les Pros.
5. FAIRE RENAÎTRE « THE BROCKNESS MONSTER »
Depuis son arrivée à Chalon, il est à peine reconnaissable. Jon Brockman était pourtant dominant en Pro A avec le CSP Limoges la saison dernière (11pts et 10rbs en moyenne), mais en 4 matchs avec l’Elan, ses stats ont diminué de moitié (5,3pts et 8,8 d’évaluation, contre 16,5 à Limoges). La blessure de JBAM a forcé Mickaël Hay a utiliser Brockman exclusivement en pivot, alors que le joueur est plus à l’aise au poste 4. Mais sa baisse de rendement en attaque est inquiétante. Jean-Denys Choulet devra sans doute le responsabiliser davantage dans le secteur offensif, pour faire revenir sa confiance. Physiquement, l’ancien joueur NBA est un roc, il doit s’imposer comme un joueur central sur lequel l’équipe peut compter.
Ce soir, Chalon défie Sassari en Sardaigne, pour son 3e match en Eurocup. Partie lundi matin, avant la nomination du nouveau coach, l’équipe sera coachée là-bas par Romain Chenaud (30 ans), assistant de Mickaël Hay.
Né le 16 octobre 1958 à Besançon
1989-1990 : Vesontio (Nationale 2)
1990-1992 : Mulhouse (basket féminin)
1992-1994 : Vrigne-aux-Bois (Nationale 2 puis Pro B)
1995-1996 : Châlons-en-Champagne (Pro B)
1996-2000 : Gravelines (Pro A)
2000-2011 : Roanne (Pro B puis Pro A depuis 2002)
2012-2013 : Al Mouttahed Tripoli (Liban)
La Chorale de Roanne, championne de France 2007 sous les ordres de Jean-Denys Choulet (photo : LNB)