C’est la belle histoire du sport bourguignon, ces dernières années. Semur-en-Auxois, ville de 4500 habitants, a réussi à hisser son club de handball en deuxième division nationale. Mieux, l’équipe y a obtenu de bons résultats jusqu’à maintenant. Mais cette saison, la troisième, est la plus délicate. Le HBC est avant-dernier du classement, et pioche un peu, malgré un net regain de forme ces dernières semaines. A l’heure d’accueillir le leader Nîmois (samedi 9 mars 2013 à 20h30), Sports Bourgogne fait le point avec le volubile vice-président Jérôme Pascal. Il ne cache pas que le contexte est rude, mais il reste confiant. Interview.
Sports Bourgogne – Bonjour Jérôme Pascal, grosse affiche samedi soir au gymnase de Semur, vous êtes impatient ?
Jérôme Pascal – Oui, et pas que moi, puisque nous allons jouer à guichets fermés… Ce match contre le leader de la Pro D2, Nîmes, est une rencontre à enjeu pour nous. Et puis les statistiques sont en notre faveur : lors des deux dernières saisons, à chaque fois, le leader est tombé à Semur (Créteil, puis Billère). Donc nous avons clairement un coup à jouer.
Pourtant Nîmes se détache en tête de la division, et aligne un effectif digne de la LNH…
C’est vrai que Nîmes est largement devant, et presque assuré de remonter. Mais ils peuvent aussi tomber sur un os ! Pour venir chez nous, ils auront quatre heures de bus, un déplacement un peu long, et ils vont jouer dans une salle qu’ils ne connaissent pas… C’est un match piège par excellence.
Après un début de saison poussif, voire calamiteux disons-le clairement, le HBC Semur va mieux ces derniers temps, avec des succès significatifs (Angers, Chartres). Ca vous rassure pour la fin de championnat ?
Oui, même si je suis déçu de notre dernière défaite (à Valence, ndlr). Mais je ne suis pas inquiet, compte tenu du resserrement de cette Pro D2, rien n’est joué, 5 équipes se tiennent en queue de classement… On n’est pas très bien, c’est sûr, mais en même temps en deux matches on peut se retrouver dixième. Et il y a des difficultés dans tous les clubs, au niveau financier, on le sent, c’est très tendu pour tous les dirigeants, même le mercato (qui commence traditionnellement à cette période de l’année) a du mal à démarrer, on sent qu’il y a moins de business…
Cette place d’avant-dernier ne vous préoccupe pas plus que ça, donc ?
Non je ne suis pas inquiet du tout, je pense qu’on se maintiendra. Mais il faut reconnaître que les clubs attendent la décsion de la fédération, probablement le 4 avril prochain, sur le nombre d’équipes engagées en D2 la saison prochaine. Y en aura-t-il deux de plus ? Si c’est le cas personne ne descendra, et la fin de championnat sera plus tranquille pour tout le monde. Donc cette incertitude génère une certaine attente…
Vous souhaitez qu’il y ait plus d’équipes en Pro D2 de handball ?
Il y a plusieurs écoles à ce sujet… Beaucoup pensent qu’il faut plus d’équipes pour augmenter la visibilité de notre compétition au niveau national. D’autres ajoutent que, comme il y a de plus en plus de licenciés et donc de joueurs de haut niveau, il faut plus de clubs pour les faire jouer. Tout cela se défend.
« Si jamais nous descendons, nous n’aurons pas de regret. Nous aurons été un peu comme Guingamp en Ligue 1 de football ! »
Après deux saisons réussies en Pro D2, comment expliquer les difficultés cette année ?
Nous avons perdu quelques cadres, et misé sur un groupe plus jeune, et forcément des joueurs moins expérimentés. Mais aujourd’hui nos leaders sont de retour, Sarr redevient énorme, notre gardien est capable d’aligner des statistiques impressionnantes par passages… Mais sur un plan plus général, c’est vrai qu’on fait plus peur, sans doute, dans cette troisième saison en D2. Nous sommes plus scrutés, surveillés, attendus. Maintenant les gens disent « tiens ils restent en deuxième division, c’est quand même des clients ». Ils abordent le match contre Semur de manière complètement différente. D’un autre côté, nous sentons aussi que nos spectateurs sont plus exigeants…
Vous voulez dire qu’ils se sont habitués à vos bonnes performances ?
Oui, sans doute qu’il y a un petit phénomène d’habitude, et on le ressent, dès qu’on perd, il y a moins de monde…
Où en êtes-vous d’ailleurs du projet de rénovation de votre petite salle ?
Nous avons eu une bonne nouvelle. La compétence de gestion du gymnase a enfin été transférée de la Région à la commune. Cela a été acté en conseil municipal il y a deux mois, et cela devrait permettre de lancer les travaux assez rapidement, dans les mois qui viennent. L’objectif est d’agrandir la salle en construisant une deuxième tribune en face de celle existante, et puis de rénover le parquet qui en a bien besoin. On doublera la capacité d’accueil, et nous pourrons répondre aux exigences de la fédération dans ce domaine. Dans l’idéal ce sera fait en 2013, ou 2014 au plus tard. C’est vraiment une très bonne nouvelle.
Si jamais le HBC Semur est relégué en fin de saison (ce qu’évidemment on ne souhaite pas), vous serez dans quel état d’esprit ? Déçu, abattu ?
Nous avons imaginé la descente, avec le président Thierry Thomas nous en avons discuté, on a étudié ça. Mais si elle devait arriver, ce ne serait pas une déception. Nous pourrons dire qu’une ville de 4500 habitants a été en deuxième division nationale, pendant trois saisons, sans être ridicule. Ce ne serait pas du tout un constat d’échec. Cela nous a apporté une notoriété nationale, et nous nous sommes battus avec nos petits moyens. On aura été comme Guingamp en première division de football ! Et puis nous repartirons en N3 avec la volonté de reconstruire un projet sur plusieurs années. Non, si jamais nous devions descendre, nous n’aurions pas de regret, mais au contraire plein de bons souvenirs.
Aujourd’hui plus que jamais, c’est au niveau des finances que tout peut se jouer ?
Nous avons un budget de 800.000 euros, c’est l’un des trois plus petits de Pro D2 et c’est logique (compte tenu de la taille de la commune, elle ne peut évidemment pas nous soutenir à hauteur de grandes agglomérations). Mais ce qui est sûr, c’est que si les collectivités ne nous soutiennent plus, nous serons peut-être relégués sur tapis vert, et non pas sportivement. Pour nous ce soutien est vital.
Pour finir, vous suivez bien sûr ce qui se passe à Dijon. Le DBHB pourrait être sanctionné d’une pénalité de 3 points par la CNCG (commission nationale de contrôle de gestion) pour ne pas avoir présenté ses comptes à temps. Qu’est-ce que ça vous inspire ?
C’est dur pour Thierry Desserey, qui se bat pour son club. Il a hérité de lourds contrats, avec encore un an avec des gros salaires, parfois à 7000 euros, c’est bien au-dessus de la moyenne dans cette division. Aujourd’hui le maximum pour un bon joueur c’est 4000. Le DBHB va faire appel, et j’espère qu’il obtiendra gain de cause. Ces trois points sont cruciaux en vue d’une éventuelle remontée. Et pour nous, à Semur, on l’a toujours dit : la place de Dijon est en LNH, la notre en Pro D2. Nous sommes à 50 kilomètres l’un de l’autre, nous nous connaissons par coeur, les joueurs passent d’un club à l’autre, ça n’a pas de sens. La place du DBHB est au plus haut niveau.
Finalement, Semur s’est logiquement incliné face à Nîmes, 34 à 27. Voici le résumé du match de France 3 Bourgogne (Théo Souman, Emmanuel Morel) :
Résumé HBC Semur / USAM Nîmes Gard (09/03/13) par SportsBourgogne