28 Fév

Gaëlle Schwaller : une journaliste dans la roue de Benjamin Chevillon

Tout juste sortie d’école de journalisme, fan de basket, Gaëlle Schwaller a eu un coup de coeur pour le parcours de Benjamin Chevillon, le Dijonnais parti à Chicago pour vivre l’aventure américaine dans la mythique équipe de basket fauteuil des Bulls. Elle a décidé de tourner un documentaire sur son histoire, en suivant Ben durant une saison entière. Elle n’a pas de diffuseur pour le moment, mais son projet avance bien. Elle en dit plus, pour le blog Sports Bourgogne.

Sports Bourgogne : Bonjour Gaëlle, avant toute chose peux-tu nous expliquer quel a été ton parcours de journaliste, avant ce projet ?

Gaëlle Schwaller : J’ai 23 ans, je suis sortie d’école de journalisme en juin dernier, j’ai fait celle de Sciences Po Paris. Après le diplôme, j’étais en CDD en tant que rédactrice (deux mois) à France 3 Bretagne au bureau de Rennes. En raison des coupes budgétaires, je n’ai pas pu être intégrée au planning pour travailler en tant que pigiste. Début octobre, j’ai pigé pour le service des sports de Canal+, je couvrais le championnat de football allemand comme JRI (journaliste reporter d’images) et j’ai effectué plusieurs reportages à Munich, Hambourg et Dortmund jusqu’à ce que je lâche tout et décide de partir aux Etats-Unis pour me lancer dans ce documentaire sur Benjamin.

Justement, comment cette idée t’est venue ? Et comment as-tu découvert Benjamin Chevillon ?

L’idée m’est venue en lisant un article qu’avait écrit Rue89 Sport sur Benjamin. Rien qu’en lisant le titre et le chapeau, je me suis dit : « c’est ça que je veux faire ». Je veux suivre l’aventure de ce jeune handibasketteur à Chicago. J’ai toujours rêvé d’être journaliste et de réaliser des reportages mêlant le sport à des thématiques de société. Et l’histoire de Ben correspondait exactement à cette aspiration.

Qu’est-ce qui t’a convaincue de te lancer dans un long format sur son histoire ?

J’avais déjà été aux Etats-Unis pour un stage de trois mois pendant l’été 2011 et je n’avais qu’une envie : y retourner. Mais je ne voulais pas partir sans avoir un projet. Le départ de Benjamin à Chicago est arrivé à ce moment-là de mon début de carrière, où j’avais quelques piges mais rien de fixe et à temps complet. Je suis passionnée de basket-ball et je croyais en cette histoire. J’ai suivi mon instinct et me suis lancée dans cette aventure, car c’était aussi un pari pour moi et un gros investissement professionnel et surtout financier, car il fallait acheter tout le matériel. Mais ce qui m’a convaincu de partir, c’est de me dire que si je ne le faisais pas maintenant, je ne le ferais jamais et je le regretterais.

Tu parles de gros investissement, avec quels moyens as-tu réussi à financer ton tournage ?

Gaëlle et Benjamin, au travail

Au départ, je n’en avais aucun. J’ai utilisé mes économies pour acheter tout le matériel car je n’avais rien pour tourner. Mes parents bien sûr m’ont encouragé dans ce projet et m’aidaient à payer mon loyer et mes dépenses courantes. J’ai ensuite présenté un projet de sponsoring auprès de Sport and Co Développement, qui gère tous les complexes Futsal de France, dont celui que co-gère Benjamin Chevillon à Arras. Il leur arrive de financer des projets de documentaires, et mon idée de docu ainsi que le trailer les ont touchés. Juste avant de partir au All Star Game, ils m’ont accordé un financement pour réaliser mon projet. Une somme qui me permet de rembourser le matériel investi. Et je suis encore à la recherche d’autres financements.

Comment se déroule le tournage jusqu’à présent ? Est-ce que tu as été surprise, par quoi ?

C’est vraiment très facile de travailler avec Benjamin. Il est toujours volontaire, motivé, ne dit jamais rien quand je lui demande si on peut partir tourner, si je peux le filmer. Il me laisse complètement faire mon travail sans fixer aucune contrainte. Donc le tournage se passe très bien. Je suis surprise par sa joie de vivre car il est vraiment tous les jours de bonne humeur. Jamais il ne dit qu’il ne va pas bien, il est toujours partant et enthousiaste, enjoué.

« Benjamin Chevillon est tellement à l’aise avec son handicap qu’il te le fait oublier »

Comment décrirais-tu Benjamin Chevillon ?

Benjamin est une personne qui ne se prend pas la tête et qui profite vraiment de l’instant présent. Il vit à 100% son expérience américaine. Autre aspect, il est tellement à l’aise avec son handicap qu’il te le fait oublier. Au départ quand je suis partie, je voyais le documentaire comme un projet professionnel bien entendu, mais aussi comme une expérience personnelle. Je n’avais jamais été confrontée au handicap, dans mon entourage je n’avais jamais vu de personnes en fauteuil. Découvrir le quotidien d’une personne à mobilité réduite était aussi quelque chose qui m’intéressait. Mais avec Ben, j’ai très vite eu un autre regard. Il fait bien plus qu’être autonome, car beaucoup de jeunes de son âge sont un peu perdus, ne savent pas où ils vont. A 24 ans, Ben est diplômé d’université, il est chef d’entreprise et réalise son rêve sportif. Donc je dirais que c’est quelqu’un de très mature et responsable mais qui reste très décontracté et drôle dans la vie de tous les jours. On le voit bien dans le trailer, il est très à l’aise avec les gens et n’hésite pas à faire des blagues aux cheerleaders des Chicago Bulls.

Tu tournes encore ? Jusqu’à quand ?

Je suis toujours en tournage car l’unité du documentaire est la saison sportive. Elle se termine fin avril avec les playoffs et cela marquera donc la fin du tournage. Je ne sais pas encore si je vais pouvoir commencer le montage dans la foulée étant donné que cela coïncidera avec les playoffs NBA et que dans l’idéal, j’aimerais travailler dessus. Je ne me fixe pas de date pour terminer le documentaire. Je ferai le montage si je n’ai pas trouvé de diffuseur, ni de monteur. Mais cela impliquera que le projet prendra encore davantage de temps, car c’est un très long processus de monter un long format toute seule.

Quel est le synopsis de ton documentaire, intitulé « Les Bulls en roue libre » ?

Le docu’ raconte le rôle et l’impact qu’a eu le basket-ball dans sa vie. En devenant basketteur, Benjamin est devenu une autre personne. Dès lors, il faisait du sport comme n’importe qui. Cela lui a appris à accepter son handicap, à le surmonter, à vivre avec. Le basket lui a tout simplement apporté de la confiance en lui, de l’envie, de la motivation pour croquer la vie à pleines dents. Jouer aux Chicago Bulls est l’aboutissement de cet épanouissement généré par le basket.

Y a-t-il une diffusion de prévue ?

Pour l’instant pas encore de diffuseur trouvé, mais j’y travaille…

Merci Gaëlle, et bonne chance pour la suite !

Voici le trailer du documentaire de Gaëlle Schwaller, Les Bulls en roue libre :

[vimeo]http://vimeo.com/59112628[/vimeo]